13 Septembre 2013

Romain regardait autour de lui. Tous ses visages souriant, heureux d'être présents, toutes ses filles qui l'entouraient. Le jeune français était aux Etats-Unis depuis peu mais déjà, il sentait que bien des choses étaient différentes de chez lui. Plus d'immense propriété, plus d'arme de sa famille autrefois si royale et surtout, l'inconnu. Ce même inconnu qui l'attirait et l'effrayait à la fois. Mais mon dieu que c'était bon d'être enfin libre de ses choix. A 21 ans, le brun n'en était pas à son premier voyage. Pourtant, ses rêves n'avaient jamais été si proches, à sentir leur odeur à chaque fois qu'il passait la porte pour rentrer en cour. Deux semaines. Il avait vu tellement de choses et déjà, les conneries recommençaient. Il avait nettoyé son nom mais cela ne suffirait pas. Elle hantait chacun de ses instants.

Passant une main habituée dans sa chevelure brune, il salua ses amis et s'assit à sa place, en plein milieu de cet amphithéâtre déjà bondé. Sortant son Mac, il s'installa, balayant de ses yeux trop bleus les environs. " Rom' ! Party tomorow, you need to come it will be georgeous ! " Sortant son téléphone, il assura à son ami qu'il sera là et nota l'adresse silencieusement. Le prof était comme à son habitude en retard et il commença à trainer sur Facebook en attendant. Une fenêtre s'ouvrit, l'informant d'un message et il répondit avec un sourire à cette fille si jolie. Il émit un petit rire et l'un de ses voisins se pencha par-dessus son épaule. " Alana ? Seriously ? You speak to Alana ? " Romain haussa les épaules. Après tout, elle n'était qu'une fille comme les autres. Quoi que.... Elle était bien plus belle que la moyenne mais il n'allait pas devenir fou juste parce qu'elle lui parlait. Il ne répondit pas à son collège, envoyant simplement un message sur le chat à la jeune fille, une photo de l'étalon dont ils avaient parlé quelque heures plus tôt et bien vite, les fenêtres de discussion s'ouvrir les unes après les autres, ses amis français profitant de sa présence pour ne pas le lâcher.

Il entendit un bruit à côté de lui et ne prit même pas la peine de regarder qui s'était installé. L'heure tournait, déjà dix minutes que le professeur de photographie aurait dut être là. Poussant un profond soupir, il ne desserra pourtant pas la mâchoire. Posant sa tête dans sa paume, il caressa quelques secondes sa naissance de barbe, s'attardant sur la moustache. A 21 ans, Romain Lewis créchait sans honte aux Etats-Unis, oubliant les démons qu'il avait laissé en France. Si ses parents savaient, si quelqu'un savait... Il s'était tiré avant que la bombe qu'il avait laissée n'explose. Et il ne reviendrait jamais vraiment. C'était des fantômes qu'il avait laissé et il n'avait rien à leur dire. Sa famille l'avait depuis longtemps perdu, lui laissant juste leur argent.

Il se tourna à sa droite et son regard glissa sur le visage de celle qui venait de s'assoir à côté de lui. Attend.... Rembobinant, il ouvrit de grands yeux surpris avant de laisser un sourire naitre sur ses lèvres. Son collègue manqua s'étrangler lorsqu'il la vit mais Romain ne se laissa pas démonter. Jamais. Sous aucun prétexte. La blonde lui fit un sourire, lui susurrant de venir la voir à la fin de l'heure mais le sourire moqueur du brun voulait tout dire. Jane était dans sa classe, rêvant de devenir actrice et étant persuadé que les obus qu'elle avait à la place des seins lui ouvriraient toutes les portes. Dans le milieu du X peut-être. " What do you want Jane ? There is so many man here. I don't want you, you know ? " L'accent chantant du français fit grimacer la blonde et elle pinça les lèvres avant de changer de place. Les garçons autour de lui se mirent à piailler à toute vitesse, trop vite pour qu'il ne puisse comprendre la moindre chose et il répondit au message d'Alana, la cherchant presque inconsciemment des yeux. Elle était belle...

13 Septembre 2013

Alana n'avait pas toujours été la fille qu'elle était. Elle avait grandi dans un orphelinat, puis la famille Burke l'avait adoptée avec gentillesse et elle avait expérimenté l'amour, les remontrances des parents et le bonheur d'avoir un grand frère pour vous couvrir quand vous faisiez une grosse bêtise. Elle avait rencontré sa meilleure amie dans un échange sportif en dernière classe de primaire, et elles étaient devenues inséparables. Evannah était une fille espiègle, gâtée et sûre d'elle. Elle était jolie, mais Alana s'était vite rendue compte qu'elle l'était plus encore. Ah certes, pas comme Lydia Johanson, ni Plume Squall ou encore Awen Thompson mais elle était belle. Elle avait apprit à jouer de tout ça, et puis elle y avait prit goût. Et ce début d'année étudiante était aussi parfait que possible.

Elle entra dans l'amphithéâtre d'un pas conquérant, salua ses amies et envoya un texto à Eva et Alexane pour la soirée qui arrivait. Son haut décolleté à outrance s'accordait à un short taille haute façon année 80 bleu nuit. Elle se déhanchait sur des escarpins noirs en veau retourné, et les garçons de la salle se mirent à chuchoter autour d'elle. Elle prit place, et se concentra sur le professeur qui venait d'entrer, glissant son stylo entre ses lèvres pleines et écarlates. Elle aimait cet effet qu'elle avait. Elle ouvrit son ordinateur, et envoya un message facebook au jeune homme assit au fond des rangs. Ce français était mignon, avait l'air sympathique mais surtout, Evannah l'avait défiée d'exercer son charme sur lui afin de le mettre à ses pieds dans le mois. Tsk, trop facile. Des comme elle, en France, il n'y avait pas. Belle, intelligente, discrète quand il le fallait et pas méchante. Elle était l'incarnation du fantasme américain, une Lydia avec un meilleur fond.

"Darling, what if we see each other privately tonight ? I know a bar you're gonna like, the boss is half french... And anyway, I need to talk to you and not through a computer. Are you in ?" Elle ne relu même pas son envoie, et observa du coin de l'oeil la réaction des imbéciles qui zyeutait l'écran du français. Elle le ferait sien, elle n'en doutait pas une seule seconde. Elle s'était tapé des garçons plus coriaces, et même, elle avait dompté de nombreux garçons populaires de Chicago, plus tenaces que ce joli brun venu de l'autre côté de l'océan et qui ne connaissait rien aux filles des Usa. Elle l'aurait facilement, presque d'un claquement de doigts, et elle fermerait les yeux sur sa gentillesse naïve. Elle n'avait pas besoin de vraie relation. C'était pour les idiotes. Elle mâchonna son stylo un peu plus fort, et chercha à croiser le regard bleu du jeune homme. Que pouvait il bien penser d'elle ?

13 Septembre 2013

L’icône de notification Facebook s'alluma sur l'ordinateur du brun et ses amis regardèrent par dessus son épaule. L'un d'eux éclata d'un rire tonitruant qui lui valu un regard noir de l'ensemble de l’amphithéâtre et du professeur qui commençait déjà son cour de sa voix horriblement monotone. Romain ferma l'espace de quelques secondes ses trop beaux yeux bleus après avoir croisé ceux de cette fille qui lui faisait tourner la tête. ~ No problem just send me the adress ~ Il était encore loin de maitriser totalement la magnifique langue de Shakespeare. Il avait fuit comme un lâche loin, très loin de la France et de tout ses gens habillés de noir qui devaient la pleurer. Romain ne comprenait pas ce qui lui avait prit, cette violence qui s'était emparée de lui comme une drogue montant dans les veines. Ce n'était pas sa première crise de colère. Mais la première d'une telle violence et qui avait tant de conséquences. Il ne verrait plus jamais le visage souriant de sa princesse coréenne autrement qu'en photo. Jetant un simple regard à son téléphone, son coeur se sera. Grand dieu qu'il l'aimait. Toujours, comme si ses mains ne s'étaient jamais entourées autour de ce cou qu'il embrassait quelques minutes plus tôt.

Mais ce n'était que le passé et il devait construire le futur. Il ne voulait plus jamais une fille brillant à son bras, il ne voulait plus jamais offrir son coeur. Il voulait être l'ordure qu'il n'avait jamais été derrière ses beaux yeux à faire frémir n'importe laquelle de idiotes présentes. Pourtant, il ne parvenait à en oublier une. Une qui ne reviendrait jamais de ses limbes étranges où sont envoyés ceux qui ne sont plus et ne seront plus jamais. Se concentrant sur le cour, Romain ferma l'onglet de Facebook et écouta attentivement ce que le professeur avait à leur dire. La photographie n'était pas son bonheur particulier mais il devait reprendre au début, revoir toutes les bases et jouer. C'était bien différent de la France. Les castings avaient commencé dès le début de l'année et le rôle qu'il avait décroché aurait pu le faire mourir de rire dans d'autre lieux. Son accent avait sut séduire.

Le cour se termina bien plus vite qu'il n'aurait sut le dire. Alors qu'il rangeait son téléphone et recuperait son sac, il croisa des yeux bleus qu'il connaissait à merveille. Une fille de sa classe lança le prénom de la belle en lui demandant à quelle heure elle finissait et si elle voulait venir manger avec eux. Les amis du brun rirent sous cape, pas vraiment discret mais il ne se laissa pas démonter et lui offrit un sourire. Qu'elle vienne manger avec eux, après tout, c'était loin de le déranger. Surtout qu'il ne pu empêcher ses yeux de loucher quelque secondes sur le magnifique décolleté de la rousse avant de rapidement reprendre ses esprits, croisant les doigts pour qu'elle ne l'ai pas vu.

13 Septembre 2013

Eva parlotait à propos d'Harper juste à son oreille. Alana, concentrée, écoutait attentivement en griffonnant des formes précises sur son calepin, son pied battant dans l'air sous ses jambes croisées. Elle savait faire beaucoup de choses à la fois, elle aimait ne pas focaliser toute son attention sur une même chose. Parfois, elle se fixait dans une glace et se demandait pourquoi ses parents biologiques avaient décidé, alors qu'elle n'avait qu'un peu plus de quatre ans, l'avaient laissée dans un orphelinat. Elle était jolie, intelligente, polyvalente alors qu'est-ce qui avait bien pu leur déplaire à ce point ? Mackenzie, sa camarade de chambre, avait été placée par sa mère à onze ans et ne savait pas non plus pourquoi. Mais Mackenzie était partie, elle s'était enfuie de l'orphelinat pour retrouver sa famille et avait trouvé la mort en chemin. Alana avait toujours gardé espoir et a neuf ans, les Burke lui avaient ouvert la voie de l'avenir. Elle termina son dessin du professeur, avec son air passionné et ses mains agitées, sa petite ride entre les sourcils. Il était mignon, lui aussi.

Les ordinateurs claquèrent aux quatre coins de la salle. Elle mâchait toujours un peu son stylo, la tête dans les nuages, jouant avec la manche de son chemisier sans col qui plongeait vers son soutiens gorge, parfaitement dévoilé. Oui, elle avait l'air d'une méprisable putain. Et ça ne plaisait pas aux garçons qui voulaient autre chose qu'une baise rapide. Ça tombait très bien, elle ne voulait rien d'autre. Elle voulait être belle, reconnue belle, profiter de la vie au maximum. Elle voulait faire un spring break sanglant avec Evannah, puis partir photographier le monde avec sa meilleure amie, rire, danser, vivre à fond pour être sûre que si la mort la cueillait trop tôt elle n'aurait pas trop de regrets. C'était une boule de joie et d'espoir, une eau vive qui coulait entre les pierres des problèmes. Elle aimait vivre, elle aimait ça par dessus tout. Ses amies étaient une raison d'exister, l'ambition une autre. Elle rangea ses affaires, riant avec sa sœur de cœur, taquinant Alexane qui s'éloignait. Elles dansaient doucement, hilares, bras dessus bras dessous et leur amie les épingla.

Un regard, une analyse, un sourire complice et Evannah camoufla son rire idiot. Alana décala son poids sur une seule jambes, leva sa main opposée à la bandoulière de son sac et sourit gentiment, éclairant les légères taches de rousseur de son bout de nez. Eat with you ? Well, why not ? But please tell me you lot doesn't want to go to campus restaurant, Eva and I just so need our fish and chips. You know what it's like don't you Alex ? Eat like a mammuth and never take one gram. Son sourire avenant s'élargit, presque méchant, les yeux fixés sur un garçon bien en surpoids posté derrière le frenchie. Elle remarqua le regard bleu qui passa sur sa poitrine quasiment entièrement dévoilée, et prit l'initiative d'avancer, sa meilleure amie à ses côtés, en direction des petits fast food des rues qui entouraient le campus. Elle marchait toujours devant, soulevant ses cheveux pour découvrir ses épaules, croisant les yeux des garçons alentour. Elle n'aurait pas besoin de beaucoup de temps pour séduire Romain. Il n'était pas préparé aux américaines. Et tant mieux pour elle...

13 Septembre 2013

Le cour s'était finalement fini. Et Alana était là, devant lui, à laisser sa langue acéré s'attaquer à l'un des garçons avec qui il traînait. Brad avait 18 ans et une cinquantaine de kilos de trop. Mais il n'en restait pas moins un bon vivant, riant avec ses amis, participant à toutes les soirées et rêvant de devenir aussi fin et musclé que les autres. C'était une maladie, celle qui touchait plus de 50% de la population américaine. Mais Romain ne dit rien, se contentant d'un plisement de nez alors qu'Alex tirait ses doigts entre eux, horriblement gêné. Après tout, ce n'était pas son problème et il avait bien d'autre chose à gérer. Ce qui n'était pas l'idée de tout le monde. Alex, à sa droite, regarda la rousse, osant un sourcil avant de lui jeter, comme du venin : " Don't ask me to come. I don't want to eat with sluts. Rumors pretend you always be fucked at the colloc's party. I understand know why you're always alone fucking slut. " Le regard qu'il jeta au français était clair. Soit prudent avec elle. Elle était dangereuse et personne ne pouvait lui faire fermer le bec.

Pourtant, Romain n'écoutait jamais les conseils. Si Alana était dangereuse, il l'était d'autant plus. Il se souvenait de cette dernière lueur dans les yeux de sa petite amie. Il se souvenait avoir vomi tripes et boyaux après lui avoir ôté la vie. Il ne comprenait toujours pas ce qui lui avait prit et il regarda une nouvelle fois son téléphone. Les grands yeux noirs, la moue câline, elle lui manquait plus que personne avant elle.

Le groupe se forma derrière les deux jeunes filles. Fish and chips. Il en avait mangé à de nombreuses reprises lors de ses voyages en Angleterre mais la dernière fois, c'était en ça compagnie. Un voyage en amoureux comme il n'y aurait jamais plus.... Et cela le hantait plus encore que le fessier de la jeune fille devant lui. " And so Alana ? Who do we photograph ? "

13 Septembre 2013

Elle ne s'attendait pas à de la répartie, ça, elle pouvait l'affirmer. Mais surtout, pas à une répartie aussi facile à balayer, comme une petite poussière gênante sur son miroir. Son rire méchant résonna, et elle fit quelques pas vers le jeune homme en mettant sa poitrine en avant, captant son regard choqué et avide. Oh come on Brad, it isn't rumors, it is completely true and totally assume. I love to have sex, have got a problem with the thing ? I'm sure you're dying to fuck me yourself, elephant. Open your eyes idiot, I'm not and won't ever be all alone. Ses escarpins pivotèrent, et elle tourna le dos au garçon, indifférente aux conséquences de ses paroles. Elle ne faisait pas de dentelle, elle frappait et elle encore plus quand on essayait de la frapper elle. Personne n'avait d'influence sur elle, pas même Evannah. Elle marchait à côté d'elle, elle s'éclipsait quand son amie désirait un garçon, mais elle était bien plus habile pour tenir sa place que la jeune femme.

La file se mit en route, et rejoignit le fast food le plus proche et mangeable du campus. Harper attendait déjà, et il entoura lentement sa petite amie de ses bras. Eva pouvait bien dire ce qu'elle voulait, elle aimait son petit ami. Ses yeux se teintaient toujours d'or quand elle le voyait, et elle devenait silencieuse, concentrée sur lui, heureuse. Parfois, Alana l'enviait. Puis elle se rappelait que la liberté était belle, et elle oubliait. Tarek Thompson, roi incontestable et incontesté du lycée Munch, en était bien la preuve. Lui, si Alex avait osé lui envoyé une telle pique, il lui aurait répondu calmement que s'il comptait venir surveiller tous ses ébats, il avait intérêt à prendre un abonnement. Il l'avait dit à un pion, elle s'en rappelait, en première, pendant un voyage inter lycées. Le pauvre garçon était devenu vert, et Tarek n'avait plus eu de problèmes. Elle revoyait son sourire effrayant et sûr, sa manière de hausser un sourcil en bougeant à peine sa tête, plein de suffisance. C'était ce qu'elle voulait être.

Ils commandèrent tous, reçurent leurs plats, et rejoignirent une table. Elle s'assit, sans un regard pour le jeune français, et planta son regard dans celui de la jolie brune qui dévorait Eva des yeux. Well, I don't know. I just need to eat right now. Then, I'll be able to think. Enjoy your meal everyone ! Oui, elle était joyeuse devant la nourriture. Elle savait pouvoir manger sans compter, se délecter des choses grasses et déconseillée à la santé, et ça la ravissait. Manger, jouer, vivre, baiser, c'était là ce qui lui plaisait pour ses loisirs. Mais ce qu'elle aimait vraiment, c'était la photographie. Capter des morceaux de monde ou de vie, les figer sur l'écran et le papier, les modeler à sa guise. Faire rêver, ou capturer le rêve de sa propre aventure vivante. Elle mordit dans ses frites, et laissa les conversations s'installer. Elle aurait bien poussé le gang jusqu'aux parcs des chevaux de l'université, tenter de figer l'osmose entre les montures et leurs cavaliers. Elle aimait figer Lydia et Tarek. Ils étaient inaccessibles, lointains, pourtant elle sentait qu'elle pouvait les capturer sur sa carte mémoire. Would you guys like to go see the horses ?

13 Septembre 2013

Elle était assise à sa table, regardant les deux jolies rousses. Alana était bien plus belle qu'Eva et pourtant, Alexane tentait vainement de cacher la rougeur qui montait à ses joues. Elle bénie une fois de plus sa peau matte avant de regarder son soit disant petit ami. Une parfaite excuse pour cette jeune femme qui mourait de son secret, comme étouffée par ses mensonges. Dire à ses amies qu'elle avait aimé ça, dormir aux côtés d'Eva, la regarder aimer, voir les étoiles dans ses yeux. Elle avait envie de vomir à chaque fois qu'elle espérait qu'Harper la plaque. C'était son amie, elle ne pouvait ressentir ce désir égoïste à son égard. Elle vit qu'Alana la regardait et détourna très vite le regard, faisant semblant de s’intéresser aux discussions qui commençaient petit à petit. Alexane, malgré ce que les gens croyaient, n'était pas la dernière de vipère. Elle aussi faisait jouer sa langue acérée. Mais elle vivait dans l'ombre des deux filles, jalouses de leur relation si fusionnelle.

Alexane sauta sur son fish and chips, heureuse comme un pape. Avec tout le sport qu'elle pratiquait, elle était musclée, trop musclée et ses derniers réclamaient leur portion quotidienne. Elle écoutait les discussions, venant ajouter là son petit grain de sel, là une remarque acide. Et pendant ce temps, elle ne lâchait pas des yeux le frenchi, son regard d'émeraude décryptant chaque geste. Étonnamment, il semblait obnubilé par son téléphone, la mine étrangement grave. Elle regarda les deux rousses qui avaient bien vu son petit manège et osa les épaules. Elle n'en savait pas plus.

Lorsque Alana posa sa question, elle sauta sur l'occasion. Voir les chevaux, bouger et la sortir de ses pensées, c'était une magnifique idée. " I'll follow yah. And Alex yah come with me " Elle prit le bras de son petit ami, mangeant la moitié de ses mots alors qu'elle ordonnait aux autres de ses yeux vert de dire oui. Au moins ils bougeaient et elle n'avait plus devant les yeux le bonheur trop douloureux d'Eva.

13 Septembre 2013

Romain avait suivit le mouvement, il s'était laissé embarqué, sans un seul mot, perdu dans ses pensées. Il etait ailleurs. Sur un autre monde où il revoyait les yeux noirs lui sourire. Il ne s'intéressait même pas à la discussion, à Alana. Elle était gentille, belle, baisable. Et pourtant, elle ne rentrait pas dans ses pensées. Il était un peu trop distant. Romain avait peur de ce qu'il était capable de lui faire, peur de la moindre de ses actions. Le meilleur des amis comme la pire des ordures, il ne savait plus il était, ce qu'il devenait. Un mélange incertain des dieux. A vrai dire, il ne maîtrisait même pas ses gestes. Lorsqu'il avait étranglé sa petite amie, il avait eu l'impression de ne plus posséder son corps. Son accès de colère, le même que lorsqu'il était petit était devenue emplie d'une rage encore plus sourde qui avait fait naître dans son coeur l'envie de la faire disparaître. De voir la vie s'échapper de ses lèvres. Il en avait pleuré, c'était arraché les cheveux à tenter de comprendre. Mais rien. C'était comme si brusquement il était devenue aussi vide qu'une coquille.

Il entendit le mot cheval et releva la tête. Son pur sang qu'il ne reverrait jamais lui manquait. Romain Lewis n'existait plus. C'était ce jeune français, étranger chez lui comme aux états unis. Il avait fuit comme un lâche et maintenant, il ne savait que faire. Il offrit un magnifique sourire à la brune qui avait lancé le mouvement, paya et les suivit. En silence. Du moins il le pensait. La question lui fit posée par la brune aux cheveux courts, qui plantaient ses prunelles dans les siennes. S'il aimait les chevaux ? Bien sur que oui, et Alana le savait à la perfection. " Yes my mother did some competition when she was young and I've mine. A stallion. " Quelques mots, teintés de son accent français. Qu'ils n'en attendent pas plus de sa part.

Romain n'était pas un solitaire. Il aimait avoir des gens autour de lui, des filles qui tournaient comme des vautours autour d'un cadavre. Mais pourtant, depuis un mois, il désirait être seul. Vivre seul pour rester avec ses souvenirs, avec sa veste emplie de son odeur, avec la vision de son sourire et ses photos. Aucune ne pourrait la remplacer. Pas même Alana. Car il l'aimait toujours.

13 Septembre 2013

Les gens semblaient parfaitement mous ce jour là. Elle regarda Romain, agacée par son manque d'entrain, et termina son plat sans rien dire, exaspérée. Evannah leva les yeux aux ciel, et se leva d'un mouvement souple au même moment que sa meilleure amie. Alexane faisait pitié avec son mec complètement ahuri, le français avait l'air tout à fait indifférent et Harper... Ne servait à rien d'autre que faire de la déco, comme toujours. Elles payèrent l'addition, motivèrent un peu les troupes, et un grand blond débarqua à l'improviste au grand plaisir d'Alana. Son sourit s'élargi, et elle lui fit signe joyeusement. Oh hey Travis ! Travis ! Hi, where are you going ? Le jeune homme se retourna vivement, et un rire le secoua en reconnaissant la rouquine et sa bande. Oh hey, Lana. I'm just gettin' to mah team fer a small run, wanna come ? Un regard au français, un autre a Eva, et c'était décidé. Sure ! We were gonna see the horses at the campus but cars and pretty guys like you are sooo much entertaining ! Will the darlings be here ? 'Course. Never without their kids, the bosses. Elle pouffa, et haussa les épaules en signe d'impuissance à l'encontre de ses amis. Exit les chevaux, elle préférait les gens du bitume, la tribu de l'asphalte. Les moteurs, la drogue, les bières, les radios volées branchées sur des baffles immenses l'attiraient bien plus. Elle était devenue 'riche', elle était née démunie et avait grandi dans un orphelinat. Elle savait faire son nid parmi ces jeunes chiens fous qui peuplaient les recoins de la ville. Travis s'était enfui de l'endroit où elle avait grandi, tracté par sa sœur aînée qui avait décrété que le monde des riches adoptants était bien pire que la faim.

Son gilet à fourrure retrouva ses épaules, et elle fit le signe de la victoire à la bande. Voilà un bon sujet photo, les gangs. Le prof allait adorer, en plus. Elle récupéra donc son reflex, et se prit de culot en saisissant la main de Romain pour l'entraîner avec elle. Travis avait une moto, elle aussi. Elle aimait ces garçons de la rue sans faux semblants ni pitié, cette ambiance immortelle créée par la fatalité. Là bas, pas de problèmes apparents, seulement la vie et le désir de s'en sortir palpable dans l'atmosphère déjantée. La loi de ces jeunes c'était de survivre ensembles, de se porter les uns les autres pour ne jamais abandonner et rire, coûte que coûte. Elle avait été amoureuse de leur chef, longtemps avant qu'il ne déplace sa bande à Chicago. C'mon dear, we're gonna laugh one good part ! Guys, follow us if you want, Alexane we're gonna photoshoot those big boys ! Elle fit un clin d’œil, et son pied démarra la moto d'un coup précis. Elle ne portait jamais de casque, mais elle en avait un. Elle invita Romain à s'asseoir derrière elle, à prendre ou à laisser, et fit signe à Travis qu'elle le rejoignait rapidement au squat. Finalement, ça allait être une après midi d'enfer. Elle avait vraiment de la chance !