12 Septembre 2013

Lydia regardait ce campus qui ne lui appartenait pas, terriblement seule. Reajustant une meche rebelle, elle regarda son reflet dans son téléphone. Serrant les lèvres pour ne pas montrer sa souffrance, elle appliqua du fond de tein sur ses traits tirés. Deux nuits qu'elle ne dormait plus. Elle ne comprenait ce que lui avait fait les yeux verts qu'elle voyait dès lors qu'elle fermait les siens. Poussant un nouveau soupire, se souvenant quelques secondes, dans un flash terrible du bleu de celui qu'elle se savait aimer, la blonde appuya son visage entre ses mains jointes. Elle avait mal à la tête et encore plus que tout, c'était son coeur qui la faisait souffrir. Ce n'était rien. Le temps allait apaiser ses blessures, c'était certain. Plume lui avait jurer alors qu'elle pleurait dans ses bras. Mais était-elle impartiale ? Pas vraiment et de ça, elle en était sur.

La belle sortie des toilettes où elle s'était abandonnée à la tristesse. Reprenant son visage parfait, elle reajusta la bride de son sac à main. Qu'est ce qu'il lui avait fait ? Elle ne comprenait pas cette brusque obsession. Une fille éclata de rire non loin et Lydia sursauta. Elle se sentait... en danger oui c'était cela. Un danger sourd qui grondait autour delle. L'immensité du campus lui apparu seulement. Les couloirs étaient vides et elle était totalement seule. Comme toujours depuis le début de l'année. Elle n'arrivait pas à retrouver tout le pouvoir qu'elle avait possédé et alors qu'elle s'enfonçait lentement dans ses ténèbres personnels, Mathieu l'avait abandonné. Ils l'avaient tous fait. Aèl, ce cher Aèl, l'avait frappé. Ne restait que Plume qu'elle ne voyait presque jamais. Lydia n'avait jamais été habituée à tant de silence autour d'elle. C'était étrange, pas désagréable mais étrange. Comme si quelqu'un avait brusquement éteint le son et bouché ses oreilles, la condamnant à vivre en sourdine.

Ses écouteurs dans les oreilles, ses hauts talons claquant sur le sol comme le faisait sa jupe trop courte sur ses cuisses, Lydia ne regardait pas vraiment où la menaient ses pieds. La derniere fois, elle l'avait rencontré. Il hantait ses pensées les plus secrètes mais cela, même Plume ne le savait pas. Elle l'avait trouve étrange, comme un mystère à comprendre. Son nouveau Mathieu. Mais ce qui devait arriver arriva. Lydia ne tomba pas sur celui qui causerait sa perte mais un autre. Qu'elle n'avait pas entendu ou même vu saporocher. Le magnifique brun se sentait probablement seul. Il l'était jusqu'à ce que ses yeux croisent ceux de la blonde alors qu'elle faisait un pas de recul. Lydia aurait dut s'excuser de lui être rentré dedans mais le souvenir de la gifle était encore trop frais. Il l'avait frappé, sans le moindre état d'âme comme si elle n'avait été rien d'autre qu'un animal un peu dérangeant. La belle le savait. Jamais elle n'avait attendu la moindre chose de celui qui lui avait ravi sa première fois avec ses tendres paroles et ses promesses. Contre toute attente, elle n'avait jamais rien attendu de lui. On n'attend rien d'Aèl. On prend lorsque cela vient où on va le chercher pour oublier qu'on aime celui qui était parfait jusqu'à ce qu'il se débarrasse d'elle et de ses chaines. Jamais Aèl ne devrait voir à quel point cette rupture avait détruit la jeune femme. Car il s'empresserait de le raconter à son meilleur ami.

Pourtant, Lydia ne bougeait pas. Sous cette enveloppe de perfection se cachait parfois son coeur qu'elle s'empressait de faire disparaître quand elle le pouvait. Mais avait-elle vraiment le choix face à la détresse qu'elle lisait dans ses yeux là ?

《 Si on m'avait dit que je tomberai sur toi... seul.》

Le sous entendu était clair. Manquait Mathieu.

12 Septembre 2013

Il s'était levé aux aurores pour aller s'entraîner. Pour la première fois depuis des années, il n'avait pas bipé son meilleur ami et il était allé frapper dans des balles pour calmer sa colère. Il n'avait pas jeté un regard aux filles qui commençaient à traîner dans le complexe sportif. Ses bras lui faisaient mal, et il avait les phalanges bleuies par les chocs de la batte. Le brouillard se levait peu à peu, et sa rage refusait de s'en aller. Il lâcha la batte de baseball, et elle s'envola à une vitesse dangereuse, heurta un poteau et se coupa en deux dans un feu d'artifice de morceaux de bois. Des larmes vinrent picoter ses yeux, et il il les chassa sans effort apparent. Il arracha son tee shirt de ses épaules, et quitta le terrain.

La douche brûlante avait délié ses muscles. Il ajusta son jean et son pull quinze fois trop grand pour lui, qu'il n'aurait jamais osé sortir au lycée, lança un regard assassin aux troisième années qui ricanaient et quitta les gymnases. Il laissa les basses de sa musique l'assommer assez pour qu'il ne soit pas trop différent de ses habitudes, et alla se perdre dans les cours théoriques dont il n'avait aucun besoin. Mathieu lui parlait, mais il ne savait pas de quoi. Son monde s’effritait, et il ne faisait rien pour l'en empêcher. Il crispait ses doigts sur son téléphone portable et ses clés de voiture, combattant le stress. En tout juste deux semaines, sa vie avait prit un rythme effréné et monotone, alternant entre l'Université de Chicago, son père et sa belle-mère à Milwaukee et sa petite sœur à l'hôpital de Marshfield. Des cernes noirs s'étaient formés sous ses yeux, et il passait plus de temps à lutter contre le sommeil qu'à n'importe quelle autre chose. A la fin du cours, il murmura qu'il avait besoin d'être au calme, et s'éclipsa sans attendre de réponse. Il ne voulait pas faire semblant ce matin.

Les élèves qui le connaissaient lui lancèrent des regards interloqués et moqueurs. Il entendit des piques, vit des doigts le désigner. Ses larmes franchirent les limites de ses paupières malgré la bataille acharnée qu'il leur livrait. Il serra les dents, et dénicha un couloir désert un peu à l'écart, dans les départements de la filière des Sports Équestres. Il allait se poser quand un corps rencontra violemment le sien. Il sursauta, et son bras se replia sur sa poitrine. La blonde le détailla un instant, et il pu lire dans son regard l'amertume que sa gifle avait laissée. Il laissa couler le sous entendu, et s'excusa à mi voix de l'avoir heurtée. "Il est avec les autres. J'veux voir personne." Sa voix avait claqué dans le silence à la manière d'un coup de fouet, secouée de colère, de honte et de peine. Il refoulait tout, mais contrôlait mal sa voix. Il lâcha son sac et s'assit en se laissant glisser contre le mur blanc. Le message était clair, qu'elle le laisse tranquille.

You got me dancing and crying, dancing and crying...

12 Septembre 2013

Lydia regarda le visage d'Aèl, ses yeux si bleus et si particuliers. Que c'était-il passé pour qu'il puise perdre ainsi de sa superbe ? Le brun n'avait jamais montré le moindre signe de faiblesse. Même lorsqu'il arrivait le visage couvert de coup en jurant qu'il s'était battu la veille. Le cœur de la blonde se sera. Aèl semblait perdre le contrôle de son masque si parfait, comme tous ici bas. Chicago avait changé quelque chose en chacun d'entre eux et sa première victime avait été Lydia. Qu'importait les meurtres. De toute manière, ses salopes le méritaient. Si elles avaient arrêter d'être ce qu'elles étaient au bon moment, jamais elle ne se serait retrouver le visage tourné vers la lune.

Le brun s'assit à même le sol pendant que la belle regardait ses vêtements. Lui qui n'avait jamais fait un écart. Que lui était-il arrivé ce demanda-t-elle pour ce qui lui semblait la centième fois. Dans son regard flottait une ombre sur laquelle la blonde ne pouvait mettre de mot. Elle n'aimait pas ne pas comprendre. Etaient-ils aussi triste l'un que l'autre ? Les yeux verts revirent une nouvelle fois dans ses pensées mais elle les chassa en vitesse. Non. Plus tard. Lydia, laissant tomber sa fureur vient s'assoir prêt de lui. Aèl allait l'envoyer bouler oui. Mais au moins, elle aurait essayé. Elle ôta ses écouteurs et leva son visage parfait vers celui du brun.

" Tu... Qu'est ce qu'il se passe ? "

Elle le regardait de ses si particuliers yeux bleus verts de chat. Qu'est ce qu'elle pensait réellement de lui ? C'était un grand mystère et même elle n'en avait aucune idée. Aèl était... Elle n'en savait rien. Elle ne pouvait le définir avec précision. Tellement facile à haïr mais finalement capable de faire fondre n'importe qui avec son grand sourire ? La rancoeur ne remontait pas, pas encore. Lydia ne pouvait lui en vouloir lorsqu'il était ainsi. Il y avait toujours eu l'ombre de Mathieu entre eux finalement. Et cette garce de Selena Oldigez.

Mais Lydia n'était pas dupe. Elle n'avait jamais entendue telle voix, emplie de tant de douleur. Aèl n'allait pas besoin et elle voulait savoir pourquoi. Peut-être pas pour le crier sous tout les toits. Elle avait passé l'âge lorsque cela le concernait. La blonde ne s'attachait pas, et encore moins à cette ordure. Et pourtant, il avait été son premier. C'était lui qu'elle venait voir parfois alors qu'elle était avec Mathieu. Jamais il ne l'avait réellement désiré, elle était toujours venue à lui. Mais peut lui importait aujourd'hui. Mathieu l'avait plaqué. Et Aèl en avait ris la vieille, sachant pertinemment ce qui allait se passer. Deux parfaites enflures qui avaient été ses amis. Qui étaient ses amis ? Non. Tout marchait au passé maintenant.

12 Septembre 2013

Sa tête se renversa vers l'arrière, et il plaqua ses doigts sur ses yeux. Qu'elle s'en aille. Il ne supportait pas d'avoir une quelconque compagnie, il voulait être tranquille, laissé de côté. Pour une fois, il le souhaitait vraiment. Akhesa était seule, dans une chambre d'hôpital austère et il ne pouvait rien faire pour la sauver. L'histoire s'acharnait sur lui, se répétait. Il n'était pas croyant, mais il était parfois tenté de penser que si Dieu il y avait, alors Dieu avait véritablement décidé de le punir. Artie. Et maintenant, elle. Il n'avait regretté Artie qu'une fois disparu, mais il ne l'avait jamais aimé comme il aimait sa sœur. Il avait passé de nombreuses nuits blanches à panser les blessures gracieusement reçues à sa place. Plus le temps passait, plus il avait honte de plier ainsi le genou. Mais il ne sentait plus vraiment la douleur. Il saignait, avait des hématomes, mais il s'habituait lentement aux coups.

"J'ai pas envie de parler, et certainement pas à toi. Je suis fatigué, et de mauvaise humeur aussi. Alors s'il te plait, laisses moi." Il replia ses bras sur ses épaules et son torse, et posa son menton sur le pont créé au dessus de ses genoux. Les médecins étaient formels. Il y avait peu de chances qu'Akhesa voit un jour son prochain anniversaire. Elle en avait pour quatre mois. Pas plus, et peut être moins. Sa mère s'en irait probablement, elle attendait une occasion depuis des années. Jack Targison plongerait dans la déprime, passerait ses nerfs sur lui mais il devrait faire face, s'occuper de lui. A presque soixante dix ans, l'homme faiblissait. Quoi qu'en disent les autres, il était son père. Il n'avait rien fait pour lui, non. Mais c'était son père. Il avait été capable d'amour, mais cette once de bonté là s'en était allée avec Artie. Avec le remous des vagues. L'océan consolait autant qu'il attristait. L'océan était sauvage. Et Akhesa n'avait pas cet océan en elle, malgré ses yeux bleus. Aèl seul l'avait. Et c'était bien ce que Jack haïssait chez lui, cet instinct de survie, cette fureur de vivre.

Des feuilles mortes passèrent devant la fenêtre qui surplombait le campus, et il suivi sa course. Il ne voulait parler à personne. Son téléphone vibra discrètement dans sa poche, et l'en extirpa. Le médecin de sa sœur envoyait 'Transfert effectué, Akhesa fait preuve de beaucoup de courage, à ce soir.' Il soupira. Les dons de sang qu'il avait accepté de faire l'épuisaient. Ses performances en sport baissaient, les professeurs s'agaçaient, le crew s'inquiétait. Mais rien de tout cela ne les concernait. C'était son combat perdu d'avance. Pour se faire croire qu'il était quelqu'un de bien.

Become

12 Septembre 2013

Elle le regardait sans vraiment le voir, ses yeux oubliant ce visage. Lydia aurait eu envie de pleurer mais elle ne pouvait le laisser la voir dans cet état. Qu'est ce qu'il s'était passé ? Comment ils en étaient arrivé là. Pleurer dans le silence, ne jamais montrer leur faiblesse. Tous les deux étaient des miroirs de ce que les gens voulaient voir. Aèl était un homme paradoxale, aussi brulant que ses prunelles étaient glaciales. Et Lydia. Lydia n'était rien d'autre qu'une jolie photo en couverture de magasins, une enveloppe vide qui n'avait pas le droit d'être humaine. Elle s'était crée de toute pièce et s'était enfermée dans cette apparence que tous adulaient autrefois. Pourquoi avaient-ils oublié qu'ils devaient l'aimer. Ils devaient être à ses pieds, lui promettre monts et merveilles. Au lieu de ça, elle était devenue une personne lambda. On ne s'éloignait pas lorsqu'elle passait dans un couloir par peur de froisser la trop capricieuse demoiselle. Si drôle de voir qu'aujourd'hui elle n'était plus rien. Tout comme Aèl. Seul Mathieu continuait à surfer sur la vague avec son sourire charmeur auquel personne, pas même son colocataire ne pouvait résister. Lydia haïssait le brun de toute son âme pour avoir fait de Mathieu ce qu'il était aujourd'hui. Aèl méritait des claques et pourtant les marques qui envahissaient son corps petit à petit étaient si semblables à celles autrefois omniprésentes de Mathieu.

" Arrête de faire comme si tout était normal Aèl. Qu'est ce qu'il se passe ? "

Pour une fois elle allait se taire. Elle était prête à écouter. Lydia était hantée et elle en devenait beaucoup plus douce, presque humaine, brisant la perfection sans un seul sourire. Elle s'assit à côté d'Aèl, s'attendant à ce qu'il la repousse avec violence. Il n'avait jamais sut s'exprimer autrement que de cette manière. Lorsque la rage montait dans son coeur, la blonde avait apprit à s'éloigner de lui. Les coups partaient trop vite. Aèl vivrait adulé mais crèverait seul elle en aurait mit sa main à couper. Qu'importe ce qui allait se passer maintenant. Ce n'était pour une fois pas le désir de leur chair l'une contre l'autre qu'elle exprimait. Elle ne venait pas le voir simplement pour s'envoyer en l'air. D'ailleurs, elle n'était pas venue à lui. C'était le hasard et ses rencontres que les étranges dieux qui hantent le ciel devaient trouver poilante. Ce devait être si drôle de voir les mortels s'entredéchirer, de les voir pleurer pour des pacotilles.

La blonde lut s'en vraiment le faire exprès par dessus l'épaule du brun et son sang se glaça. C'était donc ça. Le visage fatigué d'Aèl, les larmes de Selena l'autre jour. Elle croyait que l'ancien couple s'était encore engueulé mais Mathieu l'avait envoyé bouler quand elle avait dit ça, lui gueulant qu'elle ne savait rien et qu'elle ferrait mieux de se la fermer. La reine sans couronne plongea ses yeux dans ceux de celui qui avait été son amant en baissa la tête.

" Je suis désolée pour ta soeur... C'est quelqu'un de bien... "

12 Septembre 2013

Reborn
Elle dansait dans la cour, sa robe fine, blanche et vaporeuse flottant au rythme de ses mouvements. Shep aboyait, et tournoyait autour d'elle pour l'attraper. Elle riait, et les pétales des fleurs du cerisier asiatique qui dominait la cour la rendaient irréelle. Il se sentait comme prisonnier d'un film. Tout était tellement parfait, il était tellement bien, allongé dans l'herbe toute neuve et les pétales de fleurs, à rire de ses facéties enfantines... Elle s'écroula, et il se releva d'un bond, appela sa belle mère.
Les lueurs de l'ambulance dansaient à leur tour. Il conduisait derrière, sans souci de procès verbal ou quoi que ce soit d'autre. Ce n'était que le début d'examens coûteux et terribles qui allaient porter à leur semblant de famille le coup fatal.
Il attendait dans un couloir blanc et désert, le visage dans ses mains, seul. Le médecin apparut, le visage fermé, et il sut que rien n'allait s'arranger. Les lumières bleues et jaunes dansaient dans sa tête, et il s'évanouit sur le lino de 'hôpital.

Il revint à la réalité. Lydia était assise à côté de lui. Il entendit sa phrase impersonnelle comme dans un rêve, et réprima l'envie de meurtre qu'elle faisait naître dans son coeur. Tout le monde, mot pour mot, répétait cette phrase qui lui rappelait à quel point il avait plus sa place sur le lit blanc qu'elle occupait. Qui vibrait d'un reproche muet, basé sur un fait que personne ne pouvait énoncer à son propre sujet. Akhesa allait partir, innocente petite fille adorée des gens, et il allait vivre, injustement. Il se sentait perdu. Artie n'était plus qu'une ombre depuis plus de dix ans, sa mère reposait à Salem avec un trou dans la poitrine et Akhesa était déjà condamnée. Il mordit sa lèvre, et ferma les yeux.

Laisses tomber, d'accord ? Je vais bien. C'est elle qui est malade, je vois pas pourquoi ça changerait quelque chose chez moi. Cesser de faire comme si tout était normal... Il n'y arrivait pas. Les hommes ne pleurent pas. Ils acceptent ce que la vie leur fait bouffer, sans pleurs et sans protestations. Elle ne savait rien de ce qui se passait, et elle n'avait pas à le savoir. Il ne s'écroulerait pas, il ne se dévoilerai pas à une femme et surtout pas à Lydia. Mathieu lui suffisait, et encore il n'avait pas souvent besoin de lui. Il se débrouillait parfaitement seul. C'était les oignons de personne. Il pouvait faire ça tout seul. Il en avait la force. Il n'avait pas le choix.

Asleep

12 Septembre 2013

Lydia le regardait, réprimant l'envie de se blottir contre lui, de dénouer de ses mains expertes ses muscles crispés. Mais elle ne faisait rien. Aèl était un mystère, même pour elle. Jamais elle n'avait comprit ce qu'il était. Elle aurait pu chercher à comprendre à l'époque. Mais l'envie lui avait passé à l'instant même où il s'était insinué en elle, où sa langue avait fait se briser son dos et ses valeurs. La croix lui avait semblé si lourde autour de son cou après qu'il l'ait faite devenir femme. Elle avait pleurer des heures durant dans sa chambre, sa mère à ses côtés lui caressant les cheveux en lui demandant ce qu'il se passait. Ses draps avaient été souillé par le pire des pêchers, celui que dieu ne pardonnait jamais. Le prêtre l'avait regardé avec parcimonie le dimanche même alors qu'elle confessait son crime. Elle était bien trop jeune pour que cette pureté soit perdue. Elle lui en voulait encore d'avoir fait disparaitre de ses yeux l'angelot qu'elle était. Lydia avait beau être bien trop belle, elle aurait été si pure s'il n'avait pas été là. S'offrir à Mathieu quand viendrait l'heure et non avant comme elle l'avait fait. Qu'aurait-elle été si elle était encore vierge. Dieu la punirait un jour et de la plus belle des manières, elle le savait. Sa main se portait à cette croix qui enchainait toujours son cou. Si elle en avait oublié jusqu'à la présence réconfortante de Dieu à ses côtés, elle se souvenait par instant. Avant de jurer qu'elle était le seul dieu de cet univers. Mensonge à demi voilé.

" Parce que toi aussi tu me prends pour une idiote. Bien sur, tu as l'air d'être au meilleur de ta forme. Tu as regardé ton visage dans un miroir récemment. Tu as vu tes cernes ? Tu t'es vu en sport ? Tu n'es qu'un cadavre Aèl et tu oses dire que tout va bien ? "

Mais les hommes ne pleurent pas. Aèl était une ombre de ce qu'il avait été. Lydia ne le reconnaissait plus. Où était la morgue de cette tête à claque qu'il était si agréable de haïr ? C'était tellement simple de le détester. Il n'avait pas de faiblesse, pas un seul instant où il se laissait aller. Si ce n'était aujourd'hui. Elle l'avait surprit et elle n'arrivait pas à le détester pour tout ce qu'il avait pu faire. Non. Aèl Targison est une ordure et cela devait s'imprimer dans son crâne avec ferveur. Elle ne pouvait éprouver une once d'empathie pour cet être abjecte. Et pourtant c'était le cas. Le souffle glacial de Septembre emportait tout.

12 Septembre 2013

Ses lèvres se pincèrent, et il s'accrocha à ses cheveux trop courts. Qu'est-ce qu'elle ne comprenait pas dans l'idée du 'fiche moi la paix' ? Elle s'en fichait bien, de comment il pouvait aller. Et lui, il se moquait de ce dont il pouvait bien avoir l'air, de ce que pensaient ses professeurs de sa baisse de niveau fulgurante. Il passa pensivement le bout de ses doigts sur les marques noires sous ses yeux, et resserra ses genoux. Qu'est-ce que ça pouvait bien leur faire ? Ce n'était pas comme si qui que ce soit ici bas avait tenu un peu à lui, et il ne pouvait plus demander à ce que ce soit le cas. Il n'était qu'un idiot, et un garçon cruel.

Un hoquet lui échappa, et il laissa son jean éponger les larmes. Il pleurait en silence, toujours quand il n'était pas seul. Il avait l'impression que les bleus autour de son cou le brûlaient. Il allait se retrouver seul, et ce n'était qu'un revers de bâton. Il s'était forgé un monde où il avait tous les pouvoirs, mais ses idéaux n'étaient pas ceux des autres. Il n'avait pas réellement sa place près des gosses de riches, et en réalité, il se faisait toujours dépasser. Mathieu avait assis son autorité sur son père abusif. Lui, quand son père entrait dans sa chambre, il se cachait la tête sous ses mains et attendait que ça passe. Il n'avait essayé qu'une fois de se rebeller; on lui en avait passer l'envie.

Ses mains désordonnèrent ses cheveux noirs. Je t'ai dis de t'en aller. Toi et moi on sait très bien qui je suis, tu crois pas que c'est justice que je me retrouve là tout seul ? C'est tout ce que tout le monde souhaite, ne me dis pas le contraire je le sais. J'suis pas à plaindre OK ? Vas t'en. Bien sûr qu'il aurait voulu parler à quelqu'un. Mathieu n'était pas toujours très sensible, c'était un mec, normal. Mais il ne l'avouerai pas. Il pouvait traverser ça. Il ne serait plus jamais celui qu'il s'était forgé, il reviendrait sans doute à l'état d'enfant en détresse caché sous des couches de masques. Il avait été comme Mathieu. Il l'était toujours, et sans doute à jamais. Pourtant, pour tous, s'il était ainsi c'était parce qu'il avait su l'ouvrir et se défendre. 'Un type comme lui, qui arrive à tenir tête à un père abusif et aide les autres comme lui à le faire, c'est indestructible !' Un sanglot s'étrangla dans sa gorge et il saisi son écharpe pour y étouffer le bruit de ses faiblesses. Il n'était pas comme ça. Il était petit, insignifiant, timide et plongé dans une longue rêverie. Toute sa vie était une façade. Mais ce n'était pas les affaires de cette princesse là, il la méprisait. Elle s'en fichait de toute façon.

Can't stop the rain

12 Septembre 2013

Elle le regardai sans un sourire pleurer. Ses paroles avaient raison. Comme tout le monde, la blonde le disait coupable. Il n'avait que ce qu'il méritait. Mais pourtant, sa petite sœur n'avait rien fait. Rien demandé pour se retrouver ainsi. C'était sûrement trop tard vu les yeux du brun. Elle aurait dût l'aider, le serrer contre lui et lui dire que tout irait bien. Mentir pour qu'il se sente heureux. Après tout Lydia était habituée à mentir pour leur plaisir. Mais c'était si facile de rester une garce. Eux deux méritait ce qui leur arrivait et pourtant, ils n'étaient que des victimes ballottées par ce que  le monde des adultes avait fait d'eux. Qu'elle arrête. Aucune excuse ne marchait plus. Aèl n'en avait aucune tout comme elle. La manière dont elle s'était comportée avec Mathieu, avec tous était horrible. Elle ne regrettait rien de ses gestes. Sauf peut-être celui qu'elle n'avait pas prévue quand le trop beau brun lui avait ôté son innocence. Mais heureusement pour elle, jamais elle n'avait été comme cette idiote de Selena. Jamais son cœur ne s'était attaché à lui. Les promesses d'Aèl étaient toujours emplie de mensonges.

Pourtant elle ne parvenait à le laisser là, les larmes dans ses yeux, ses reniflements. Ils avaient quand même été ami pendant quelque temps. La gifle avait balayer ses certitudes quand au pouvoir qu'elle avait sur lui mais elle devait essayer. Sans -par pitié- ne jamais s'attacher. En souvenir de ses temps bénies où ils avaient la couronne, elle entière et lui par procuration. Dans l'ombre de Mathieu.

" Je ne partirais pas Aèl. Qu'importe que tu sois la personne la plus abjecte que cette terre n'est jamais portée. Tu restes mon ami. "

Un ami pour qui on écarte les cuisses n'est jamais véritablement un ami mais elle allait faire comme si de rien n'était, comme si elle n'avait jamais laissé le brun croire la posséder. La douceur de la main de la blonde vient cueillir la joue d'Aèl alors qu'elle déposait un doux baiser sur cette même peau. Le voir si faible était si étrange.

12 Septembre 2013

Sail to the other world

Il risqua un œil de côté, et constata qu'elle était toujours là. Il étouffa ses pleurs, noyé par la honte et une drôle d'envie de vomir au bord des lèvres. Il pensait à sa petite sœur, qui attendait dans un grand lit pâle et à son corps qui serait bientôt froid et bleui. Son estomac remonta dans sa poitrine, et il appuya ses paumes sur ses paupières. Il avait mal partout, et pour cause. Lui si appliqué en sport, si doué, ne valait plus rien sur les terrains. L'épaule froissée par une balle de Baseball, le genou déchiré en basket parce qu'il ne s'était échauffé, le dos en miettes, il se sentait complètement largué, à la dérive. Il s'était débattu des années pour arriver au sommet, à cet équilibre qui lui valait un entourage et une réputation, tout ça pour que tout ce joli château de cartes s'écroule.

Il renifla d'exaspération aux mots de la jolie blonde, et releva son visage vers elle. Tss, ami ? S'il te plaît ma belle, fiches moi la paix. J'ai vraiment ni l'envie ni le besoin viscéral d'en parler OK ? Elle va mourir, elle va geler et se faire bouffer dans un cercueil, et je ne peux rien contre ça, c'est comme ça, et point à la ligne. Tu crois que j'ai envie de bavasser à son propos ? Je préférerais clamser avec elle et ne plus jamais vivre au milieu de toute cette vie de faux et de mensonges. Il fit claquer ses ongles les uns contre les autres, tirant dessus, le stress gagnant lentement ses cellules. Il stressait trop. Bien trop, et il n'arrivait plus à gérer. Son monde, monté brique par brique au fil des ans, s'écroulait bien plus vite qu'il ne l'avait construit. Il ne pouvait pas l'en empêcher, et ne pourrait jamais le rebâtir.

Fébrile, il quitta son point de sitting et ouvrit la fenêtre la plus proche pour s'allumer le reste de joint qui traînait dans sa poche. Puis il se rappela qu'il ne pouvait pas transmettre un sang drogué à sa sœur, et jeta le petit bout d'herbe loin de lui, sentant que son mal être augmentait. Il retourna s'asseoir, croisa les yeux clairs de la reine déchue, et osa desserrer ses dents finalement pour laisser libre court à ses larmes. Oui, elle allait partir, devenir glacée, et il ne reverrais plus jamais alors qu'il s'était saigné et laissé aller à son vrai visage pour elle, sachant pertinemment qu'il ne la sauverait même pas. Lydia l'intriguait dans l'instant. Elle n'avait jamais rien eu à faire de lui, alors pourquoi maintenant ? Pour le détruire un peu plus en pleine zone de faiblesse ? Il se haïssait pour les sentiments qu'il avait pour cette femme. Elle lui faisait plus de mal que qui que ce fut en dehors de Mathieu, et pourtant il ne pouvait pas lui faire ce qu'il avait fait à tant d'autres filles pour se venger d'eux. Fallait il qu'il l'aime à jamais ? La vie soit maudite.

12 Septembre 2013

La blonde le regardait dans un souffle étrange. Elle avait l'impression de perdre tous ses reperds. Même Aèl changeait, impossible à détester dans sa faiblesse et cette eau dans ses yeux qui le faisait devenir si beau. Il semblait presque innocent, elle oubliait cette manière étrange dont il l'avait regardé quand elle sortait avec Mathieu, et surtout son sexe qui s'introduisait en elle comme si c'était la première fois. Lydia écouta ses paroles d'un oreille discrète, sans même prendre la peine de lui répondre. Aèl se leva, s'approcha de la fenêtre, un joint à la main. Ils n'arrêteraient jamais hein ? Le nombre de fois où elle s'était embrouillée avec Mathieu pour cette simple raison, pour la cocaïne que son meilleur ami et lui s’introduisait dans le nez. A chaque soirée, alors qu'ils étaient encore lycéen et que seul le samedi les faisaient comprendre ce qu'il se passait, alors là, oui, ils pouvaient à peu près. Mais maintenant que c'était presque quotidien, c'était interdit. Ils allaient mourir, tout les deux dans les bras d'une maitresse de passage. Mais Lydia n'avait le droit de leur dire de faire attention. Mathieu n'était plus un ami et si Aèl le restait, il n'avait pas vraiment l'air de s'en rendre contre. Elle tenait à lui mais il ne pouvait savoir pourquoi. Elle regarda les larmes rouler sur ses joues, s’attardant sur leur beauté irisées qui renvoyaient les rayons du soleil déclinant de Septembre.

" Oui ami. Et ça veut pas dire que je vais t'obliger à me raconter ta vie, t'as bien assez de Mathieu pour ça. Mais oui tu es mon ami, qu'importe ce qu'il s'est passé entre nous. Ne crois pas que la terre entière te déteste tu sais. Mathieu tient à toi, Selena tient à toi. "Elle avala sa salive avant d'ajouter en baissant les yeux. " Je... Je tiens à toi. "

C'était dit. Si elle n'était pas amoureuse d'Aèl, elle resterait toujours lié à lui d'une manière ou d'une autre. C'était ainsi que Dieu l'avait puni. C'était ainsi que Dieu avait choisi de la faire payer. Tout comme les yeux verts qui la hantaient, les yeux verts qui la faisaient frémir de plaisir mais aussi de terreur. Amarok serait sa perte, elle le savait. Elle l'avait sentit de cet instinct très particulier. Et pourtant. Pourtant elle voulait le voir une fois de plus. Elle ne parvenait à chasser cette image qu'il avait. Non. Il ne la désirait pas. Elle devait oublier. Et pourtant, il la hantait comme les fantômes de ses démons.

12 Septembre 2013

You know, if...

Son visage disparu dans ses bras, et il mordit férocement dans ses lèvres. Il sentit la peau éclater comme celle d'un fruit mûr, et le sang s'écoula sur sa langue tel un tsunami local. Elle lui faisait mal, bien plus mal que si elle lui avait dit qu'il n'était rien pour elle, rien qu'une ombre du passé qu'elle ne pardonnerait jamais. Mais ce n'était pas ce qu'elle disait, ce n'était pas ce qu'elle pensait, et il se raccrochait désespérément à un espoir futile et inexistant. Même sans Mathieu, elle tomberait amoureuse d'un autre que lui, de quelqu'un de bien. Il n'aurait jamais droit à ses sentiments, à voir la jalousie s'allumer dans ses iris. Son téléphone bipa, et il regarda l'appelant. Jack. Il raccrocha. Tant pis pour le bleu que ça lui vaudrait. Il ne prenait même plus la peine de les camoufler; de toute façon tout le monde se disait qu'il s'était encore battu ou blessé en sport.

Le portable sonna une nouvelle fois, et il soupira douloureusement. Il n'avait pas envie de parler encore des détails de l'hospitalisation de sa sœur. Il décrocha sans conviction, écouta son père se plaindre qu'il n'avait presque plus assez pour payer les frais d'hôpital, lui murmura qu'il lui ferait un virement et raccrocha sans écouter la réponse.Ecoutes, Lydia je... J'mérites pas que restes là à essayer de me consoler. Mathieu c'est mon bro', mais j'peux pas supporter de l'avoir autour de moi en ce moment alors qui que ce soit d'autre... Lena tu sais vaut mieux que j'lui foutes la paix, j'la veux même pas vraiment. Toi tu... Tu perds ton temps là. Il avait failli lui dire autre chose. Mais ce n'était simplement pas possible. Il ne pouvait pas le lui dire, et il ne lui dirait probablement jamais, parce que dire "Je t'aime" avec sincérité pouvait rendre la chose encore plus concrète. Et il en avait peur.

Sa main fourragea dans ses lourdes mèches brunes, qu'il n'avait pas coupées depuis un peu trop de semaines, il la regarda du coin de l'oeil, et senti un poids immense se poser dans sa poitrine. Il inspira brutalement pour chasser la sensation, mais un peu trop tard peut être. Sa gorge se dénoua, et son visage retomba dans ses bras en même temps que les sanglots secouaient ses épaules. Quelques étudiants s'étaient arrêtés au bout du couloir, choqués et moqueurs, mais il n'y fait pas attention pour une fois. Il s'en moquait. A l'heure où la personne que vous ayez aimé et qui vous l'ai rendu se préparait à ouvrir ses bras pour accueillir la mort, la fierté n'était plus rien. Et il n'avait pas envie que Lydia soit là, il ne voulait pas souffrir plus. Car il allait souffrir.

12 Septembre 2013

Lydia dansait, avec tout l'amour qu'elle possédait. Elle laissait la musique la posséder. Sa nuque partie vers l'arrière et ses cheveux blonds vinrent caresser ses reins. Cambrant au maximum, ses mains touchèrent le sol et elle fit basculer son poids pour mieux se relever. La voix de Justin Bieber retentissait dans la pièce mais elle n'avait que faire de ce qu'on pourrait dire. Attrapant la barre, elle regarda dans le miroir qui lui faisait face et envoya voler ses cheveux, bougeant ses hanches avec sensualité. Lydia fit remonter sa jambe jusqu'à son oreille, retrouvant les sensations du cheerleading. Elle en avait besoin. Trop besoin.

Elle ouvrit les yeux au moment où le jeune chanteur laissa glisser les mots qui la poussa sur la piste. Pis elle tomba, tordant sa cheville. Avec un juron, elle l'attrapa entre ses mains et entreprit de la masser. Mais la douleur n'était rien. Mordant ses lèvres jusqu'au sang, elle sentit les larmes couler sur son visage. Comment avait-il pu lui faire ça ! Comment avait-il pu porter la main sur elle alors que... Non. Elle n'avait pas le droit de parler de ça, pas même le droit de le penser. Elle était puérile. Elle n'avait jamais été rien d'autre qu'un bon moment au lit pour Aèl. Alors l'aimer ?

Elle se releva et essuya ses larmes. Jamais personne ne devrait le savoir. Regardant son ventre, son visage, ses cheveux blonds aujourd'hui habillement relevé sur sa nuque par une queue de cheval strict, elle se savait jolie. Mais apparemment pas assez pour Mathieu Alaric. Il allait payé, elle en faisait le serment. Comme Aèl allait payer la claque que sa joue avait ressentit et qu'elle entendait encore dans sa tête. Il l'avait laissé là, ouvertement fier que Mathieu la détruise. Lydia s'était jurée qu'il ne lui ferait jamais de mal. Qu'ils ne lui en ferraient jamais. Aussi bien l'un que l'autre. Et vérité, ils avaient réussit. Elle n'avait pas le droit d'avoir été amoureuse du meilleur ami de son petit ami, aujourd'hui encore moins. Leur couple battait de l'aile pour la simple présence d'Aèl mais Mathieu avait trop d'honneur pour ne jamais lui dire. Non. Elle ne l'aimait pas. Jamais elle ne l'aimerait. Il était une ordure sans coeur pour qui elle ne pouvait éprouver que de la haine. Pas vrai ? Quel magnifique mensonge.

Lydia le regarda parler avec de petits yeux, des prunelles qu'elles levaient vers son visage par intermittence. Passant une main dans ses cheveux lissés, sa langue glissa sur ses lèvres. Aèl ne la voulait pas à ses côtés et c'était mieux. Il lui avait prouvé lorsque sa main avait claqué sur sa joue. Elle ne pouvait lui pardonner de l'avoir frappé. Même si elle le méritait, elle ne lui pardonnerait jamais. Il y avait tant de choses qu'elle ne pouvait lui pardonner. Et pourtant, elle était encore là, le visage triste, les épaules un rien relevée. Si seulement Aèl pouvait savoir. Elle aurait aimé lui dire la vérité, que les yeux bleus étaient petits à petits renversés par ses prunelles vertes qui la hantaient. Mais elle en était tout bonnement incapable. Elle ne pouvait le dire à personne. Il était l'ex de Plume, Tarek le haïssait, Mathieu ne lui adressait plus la parole. Et Aèl était là, toujours là. Mais elle ne voulait lui annoncer la vérité. Lui dire qu'elle mourrait de peur, qu'elle avait besoin de quelqu'un pour la rassurer. Quelqu'un qui ne la juge pas et ne lui dise pas qu'elle commentait les pires conneries de sa vie. Même Dieu l'avait laissé tomber en envoyant cet homme, en lui faisait ça...

Elle entoura ses bras autour de lui, semblant si fragile face au sportif. Ses lèvres embrassèrent son front alors qu'elle lui soufflait à l'oreille comme un secret qu'il ne devrait jamais dire à qui que ce soit : " Même si tu ne veux pas je vais rester là. Je suis un peu trop têtue comme amie et je n'aime pas voir les miens dans cet état. " C'était un autre visage qu'elle laissait voir. Un visage que seul lui connaissait. Celui d'une jeune femme qui pouvait être douce derrière le maquillage qui la dissimulait aux yeux des autres. Lydia était une amie parfaite quand elle le voulait, même si sa langue de vipère revenait toujours, même pour trahir les gens auxquels elle tenait. Elle avait balancé le numéro de Plume avec tellement de facilité... Incapable d'être entière même pour ce petit con qui pleurait devant elle.

Lydia avait monté sa vie sur un mensonge. Ils étaient si proches tous les deux. Pareils en vérité. Des monstres sans coeur pour tout le monde. Seul Mathieu parvenait à rester en surface ici alors qu'eux deux habitués à l’adulation se noyait. Lydia devait aller voir Amarok. Oui. Elle irait chez lui à la sortie des cours. Elle lui enverrait un message. Elle s'abandonnerait à l'enfer qu'il était. Pour ne plus jamais en sortir.

12 Septembre 2013

I...

Elle glissa ses bras autour de lui, et il sentit ses muscles se raidir brutalement avant de se détendre encore plus spontanément. Ses larmes ne se calmèrent pas, mais il ferma les yeux, et laisse aller sa tête contre son épaule fine. Il la détestait d'être tombée amoureuse de Mathieu, il la détestait encore plus d'avoir accepté d'être traitée comme rien, comme il traitait Selena alors qu'il devenait ce qu'elle et lui, leur eux, l'avait poussé à être. Il avait toujours eu une tendance violente et méchante, et alors qu'il entrevoyait se rédemption, il gâchait tout et elle se tournait vers Mathieu. Savait elle que lui n'était pas du même monde qu'eux ? Non, il n'y avait aucune chance.

Il finit par calmer ses larmes, et son regard se fixa das le vague, vidé et sincère, plein de doute et de frayeur. La maladie d'Akhesa l'avait replongé dans l'angoisse de ses années d'enfance, alors qu'il fouillait les villes à la recherche d'un coin où dormir sans que personne ne le voit. Il se sentait aussi vulnérable que pendant ces longues nuits d'hiver, tapis sous les branches froide d'un arbre et frottant ses mains pour ne pas avoir trop froid, luttant contre le sommeil. De ses années avant Milwaukee, avant que les portes collège ne s'ouvrent pour lui, révélant la plus belle chose qui aurait pu lui arriver à ses yeux. Mais elle n'était pas pour lui. Et il était un menteur. Elle ne pouvait pas être avec lui.

Il essuya ses joues avec les manches de son pull trop large, et se redressa avec une certaine gêne. J'suis désolé, j'suis pathétique, excuse moi, je voulais pas te retenir comme ça je... Tu sais Lydia je t'aime beaucoup. Il regretta ces mots aussi vite qu'il les lui avait dit. Son regard bleu se teinta de panique, et la seconde d'après, il était sur ses pieds et ouvrait et fermait la bouche comme un poisson. Oublies ! J'voulais jamais te dire ça ! Ses talons pivotèrent sur le carrelage, et il s'enfuit sans demander son reste, la panique brûlant ses veines et le poussant hors du bâtiment. Il jeta un œil à  la fenêtre où elle était peut être encore, et s'éloigna du campus sans ralentir, comme du temps où les phares jaunes le poursuivaient. Cette fois, c'était sa dernière chance qu'il fuyait.