10 Septembre 2013

Ses talons claquèrent joyeusement sur le dallage. C'était l'heure de la danse. Elle marchait en silence, son iPod vissé au bras, ses écouteurs roses aux oreilles. La musique la faisait vibrer d'envie, et elle faisait bouger doucement sa robe de petite fille. Elles pouvaient rire, et lui dire qu'elle piquait les yeux, ses collègues de formation, elles n'avaient aucunement sa grâce en justaucorps. Et elles n'avaient pas ses cheveux de poupée. Sans parler qu'en 'dignes' -hm,hm- danseuses classiques, elles étaient toutes plates. Elle, elle avait su conserver son C bien tapé et ses fesses, sans déformer ses muscles. Danser c'était bien, être féminine c'était bien aussi. Elle entra dans le vestiaire, un sourire confiant sur les lèvres, et les autres filles la fusillèrent du regard. Elle retira sa robe, la cadenassa dans son casier -ben oui, à 700$ la robe... Et enfila ses collants,  son justaucorps bleu pâle, ses chaussons de danse. La prof vint les quérir, et elles la suivirent dans le grand gymnase. Les élèves du cursus sportif y occupaient déjà de l'espace.

Les filles saisirent la barre, et leur mentor pour l'année démarra la radio. Les notes étaient simples, tout juste bonnes à l'échauffement. Plume jura sous cape. Elle n'était pas venue pour bosser sur des choses comme ça, elle pouvait faire beaucoup mieux. Même si ses nouvelles collègues l'ignoraient, ainsi que sa professeure. Elle avait gardé pour elle son admission à Paris. C'était une victoire personnelle, et une vraie joie de savoir que dans un an, elle reprendrait enfin le chemin de l'Europe tant aimée. Les garçons du cours de sports sifflèrent. Elle leur lança un regard assassin. Ils n'avaient jamais vu des femmes ceux là ? Et les autres cruches qui gloussaient joyeusement ! Vraiment. Elle lâcha la barre, et alla demander à la professeure de passer le célèbre Inverno pour qu'elle s'échauffe correctement. Le jolie rousse lui lança un regard désapprobateur et moqueur, et lui tendit le CD et la petite radio secondaire.

Elle mit en marche le mode répétition de la radio, et ferma les yeux en posant sa main sur la barre isolée. Son bras se leva au dessus de ses cheveux tressés, et elle inclina ses hanches. Elle faisait de petites séries de pointes. Le pic musical résonna, et sa jambe se leva avec précision le long de son corps. Et laissa aller la barre, et se concentra sur la musique et son rythme, suivant de son corps chaque changement musical. Elle tournoyait, pianotait sur ses pointes. Une fois de plus, elle oubliait qu'elle n'était pas seule. Elle ne faisait pas faux pas. Vivaldi n'était pas du niveau difficile au point qu'elle en fasse. Elle se heurtait à Tchaikovsky ou a Einaudi, mais pas aux italiens. Elle se laissa valser sur son coin de gymnase, perdue dans on monde, et le choc de l'arrêt de la musique lui mit comme une claque. Elle ouvrit les yeux, et réalisa que les dix minutes étaient révolues. Ses comparses la regardaient avec une hargne sévère, et sa professeure... Et bien, elle était un peu sonnée. Un garçon siffla encore. Elle fit claquer sa langue sur son palais, et rejeta sa longue tresse dans son dos. "Eh bien alors ? Je n'ai quand même pas perturbé le cours, je ne vois pas pourquoi vous me dévisagez ainsi enfin. Vous n'avez jamais la curiosité de lire les dossiers de vos élèves ? Nous ne sommes que douze, franchement..." Son fort accent anglais résonna dans le gymnase, et la prof repris ses esprits.

Le reste de cours se fit plutôt calmement, si on oubliait les quelques signes de mécontentement émanant de la jeune anglaise. L'année n'allait pas être facile si ces filles ne faisaient pas un effort. Ce n'était quand même pas bien compliqué. Plume croisa un regard bleu, et sursauta dans son exercice. Elle avait déjà vu ces yeux là. Elle se reprit tant bien que mal, et secoua la tête. C'était l'ex petit ami de son amie. Très beau garçon, mais ça ne se faisait pas. Et puis il avait pour réputation de n'être qu'un charmeur, et elle avait déjà donné dans le domaine. Elle croisa à nouveau son regard, et releva le menton avec dédain. Il ne l'intéressait pas le moins du monde. Pas le moins. Qu'aurait il bien pu lui apporter ? "Monsieur Jenkins, dites, voudriez vous bien me laisser vous emprunter quelques uns de vos élèves pour servir de cavaliers à mes demoiselles ?" Naaan !! Elle serra les dents. Pitié, pas lui, et puis surtout pas avec elle, pitiiié. Maudite prof !

1-Ego
2-L'inverno

10 Septembre 2013

Comme toujours depuis la veille, les garçons de sport se retrouvait au gymnase. Outre les cours de théorie sportive, ils pratiquaient. Tout le temps. Les filles avaient eu gloussaient dans les vestiaires pendant que Mathieu discutait avec son meilleur ami tout en enfilant son jogging. C'était escalade et le Marcel mettait en valeur leur épaule. L'escale était la discipline à effectuer avec ce genre de vêtement, les muscles dorsaux ne travaillaient jamais autant. Et puis... Ils allaient se heurter à de la difficulté. En étude de sport, ce n'était pas un petit 4 A qu'ils montaient. Mathieu avait jeté son dévolu sur du 7 B, Aèl l'assurant. Il avait pleinement confiance en son frère et il forçait tout ce qu'il pouvait, jonglant entre tactique et muscles. Il sauta pour attraper la prise qui lui faisait de l'oeil mais la loupa. Se recevant douloureusement, il recommença jusqu'à parvenir au sommet, en nage.

Redescendant, il croisa les regards des filles de danse, dont plus de la moitié venaient d'applaudir son exploit. Comme toujours, Mathieu avait du succès. Le post bac n'y changerait rien. Mais il croisa un regard qui lui ne souriait pas. Plume. Il remit immédiatement un nom sur le magnifique visage. Mathieu inspira profondément et lui fit un petit sourire en coin avant de tourner le visage.

" Elle, je la baise avant la fin de l'année. Pari tenu ? "

Tapant dans la main de son meilleur ami, il entendit d'un oreille non attentive son nom être cité. Attendez... Rembobinons. Quoi ?! Danser avec les filles ? Woh ! Il regarda les visages tournés dans sa direction, fit un sourire à Aèl accompagner d'un petit rire quand au fait que le brun n'avait pas été choisi et s'avança, les mains dans les poches de son jogging, un air insolant un rien bad boy sur les lèvres. Ses belles prunelles bleus se firent interrogative alors qu'il attendait de savoir ce qu'on attendait de lui. Mathieu était fils de famille fondatrice, petit, il avait dut suivre des cours de danse classique et depuis 6 ans, il s'éclatait en break dancing avec Lena. Pourquoi changer les habitudes ?

" Et qu'est ce que je dois faire pour vous aidez madame ? "

De toute la bande qui avait été choisi, il fut le premier à prendre la parole, avec sa flegme habituelle. Il regarda chaque fille l'une après l'autre avec un sourire de juge. Elles étaient presque toute belle. Et Plume détonnait au milieu des autres, particulièrement parfaite. Loin de Lydia, pas dans le même ordre. mais aucune fille n'arrivait à la cheville de son ex.

10 Septembre 2013

Elle aurait pu lui arracher la tête, à cette pauvre madame Rovansky. Pourquoi ? Pourquoi faire ça ? C'était débile ! Elle jura pensivement, et attendit qu'on fasse les paires. Quand le nom de Mathieu Alaric se coupla à celui de Mary-Sue Squall, elle pinça les lèvres. Pour elle ? Et puis elle avait demander à la direction de rectifier ses fiches ! Elle ne voulait plus entendre ce prénom ridiculement triste à ses oreilles. Tiré du passé et des souvenirs, des cauchemars. La prof annonça Grand Pas Classique, et elle jura à haute voix. Elle enleva ses chaussons, défia le grand blond du regard et posa sa serviette éponge sur ses épaules. Oh elle savait bien ce qu'il avait pu dire à ses amis en murmurant tout à l'heure, elle n'était pas non plus stupide. Puis elle prit la barre, et tourna obstinément le dos à son cavalier. "Et puis-je savoir ce que vous croyez faire comme ça, Mary-Sue ?" Elle suspendit ses geste, et retint des larmes. Elle lutta. La professeure appela son nom doucement, et elle frissona. "JE NE M'APPELLE PAS MARY-SUE !" C'était sorti comme ça, tout seul, au milieu d'un hoquet. Elle poussa sur ses pieds pour s'enfuir aux toilettes, ses longs cheveux dansant dans son sillage, camouflant ses pleurs. Mme. Rovansky et M.Jenkins soupirèrent. Que quelqu'un aille la chercher, et puis le cours reprit sans plus de cérémonie.

Elle regarda son reflet dans le miroir, et hoqueta de plus belle. Son mascara avait coulé comme un maquillage de film. Ses yeux bleus se noyaient, et sa petite bouche boudeuse tremblait. Elle essuya le noir. C'était pire. Mary-Sue. Mary-Sue. "MARY-SUE !! -Maman... Maman..." Des débris flottaient autour d'elle. Elle pleurait. Elle entendait l'orage, et sa mère qui criait. L'eau salée entrait dans ses poumons, brûlait sa gorge, ses joues. Elle avait peur, et elle était frigorifiée. "Mary-Sue !! Ca va aller ma chérie ! Mary-Sue !!" L'eau se teintait de rouge. Les prédateurs s'invitaient. Un homme attrapa son bras, et la tira à bord d'un petit canot. Au loin, on apercevait Hawaï. La voix de sa mère s'était tue. Elle n'avait plus vu son père non plus. Son prénom résonnait dans sa tête, et elle continuait d'appeler à voix basse, implorant Dieu. Mais Dieu ne répondit pas. Le lieu du crash s'éloigna. Le lendemain, bourrée d’anxiolytiques, elle prenait un autre avion pour New-York, ou la récupérerait sa tante. Trois jours plus tard, une vidéo miraculeuse du drame paraissait, ainsi que la liste de noms des victimes. Elizabeth et John Squall étaient morts. La vidéo passait sur toutes les chaînes. # "Mary-Sue !! -Maman... -AU SECOURS !! -On s'est écrasés !! On va mourir !! -Tout le monde se calme merde ! -Mary... Mary-Sue !" # Elle se barricada dans sa chambre, son petit frère de quatre mois contre le coeur. Plus personne n'eut le droit de l'appeler par son prénom administratif depuis. Ses larmes augmentèrent, et elle déchira le rouleau de papier toilette posé près d'elle machinalement. Elle ne s'appelait pas Mary-Sue.

Elle entendit la porte derrière elle s'ouvrir, et regarda dans son dos à travers le miroir. Ses larmes furent brutalement noyées sous l'humiliation, et elle se retourna pour lui jeter ses lambeaux de papier avec hargne, pitoyablement. "Vas t'en. Dis aux profs que je viendrais pas. Je prendrais pas part à un cours alors que la prof est pas foutue de connaître mon putain de prénom." Ses doigts frôlèrent la fine gourmette d'or blanc qui ceignait son poignet, dissimulant l'inscription. Elle n'avait pas de compte à lui rendre.

Safe & Sound

10 Septembre 2013

Mathieu regardait la jeune femme lui tourner le dos, levant un sourcil interloqué au prénom que lui offrit la prof. Mary Sue ? Depuis quand Plume s'appelait Mary-Sue ? Bon, clairement le jeune homme ne s'était pas vraiment renseigné sur la jeune femme, queutard depuis qu'il était célibataire mais pas au point de courir à nouveau derrière une femme. Lydia l'avait suffisamment fait courir durant toute son adolescence. A dire oui au moindre de ses caprices. C'était la dernière fois qu'il répondait aux ordres de la plus belle des putains. Plume pouvait avoir les arguments qu'elle voulait, il ne s’enterrerait pas. De toute manière, elle ne lui résisterait pas pas vrai ? Elle ne pouvait pas lui résister, elle ferrait comme toute les autres femmes.

Regardant son meilleur ami attaquer la 7C qu'il avait choisi, Mathieu laissa les anciens mécanismes se remettre en place pendant que sa vision était occupée à toute autre chose. Une voie plus dure que celle du blond, digne des plus grands. Mathieu regardait le moindre de ses mouvements avec l'oeil avisé du grimpeur et il n'eut rien besoin de prévoir qu'Aèl lâchait. Les muscles du brun avaient tremblé, imperceptiblement. Et déjà ce dernier s’entêtait à remonter alors qu'il n'avait déjà plus aucune chance d'y parvenir.

Le blond avait totalement déconnecté du monde réel, regardant son meilleur ami tenter encore et encore de grimper cette satanée voie. Si bien que lorsqu'il s'entendit le feulement d'une étoffe, il se retourna rapidement mais juste assez pour voir la chevelure de la belle disparaitre derrière la porte. Interrogatif, il se porta volontaire pour aller la chercher.

Il la trouva en larme dans les vestiaires. Mathieu aurait voulu faire demi tour, être lâche pour la première fois de sa vie. Mais cela ne servait à rien. Plume l'avait déjà vu. Le blond s'était juré que jamais il ne fuyerait devant les coups comme les larmes et pourtant il y était prêt. Mais ses paroles le firent se rapprocher, son beau visage devenant bien plus doux, comme lors du sommeil sacré.

" Tu crois vraiment que je vais te laisser dans cet état ? "

C'était une pure question rhétorique. Il lui tendit un véritable mouchoir, bien mieux que le papier toilette dont-elle s'était servit. C'était quoi son problème à la demoiselle ? Il croyait voir Lydia dans l'éclat humide des prunelles et ses sentiments enfouis revinrent l'espace de quelques secondes avant qu'il ne les enferme de nouveau. Il avait besoin de liberté, de puissance. La blonde était un handicape dans sa vie. Mais Plume... Que ce passait-il ?

10 Septembre 2013

Elle aurait voulu lui arracher le visage à coup de griffes. D'où il s'immisçait comme ça dans ses affaires ? Il se croyait super, merveilleusement irrésistible ? La blague. Si elle avait pu résister deux mois entiers à Amarok Ragna, elle pourrait bien lui résister une vie ! Elle saisi le mouchoir qu'il lui tendait sans un mot, et rectifia son maquillage du mieux qu'elle pu. Elle détacha ses cheveux, laissant les mèches rarement lâches se déverser jusqu'à ses cuisses, couvrant sa poitrine sur le devant. Elle avait toujours aimé ses cheveux, et sa mère lui avait fait promettre de ne jamais les avoir plus courts qu'au niveau des hanches, adorant sa rivière dorée et cascadant le long de son dos. C'était bien le seul souvenir de sa mère qui la blessait moindrement.

Elle noua un élastique en bas de sa masse blonde, pour tenir le bout de ses mèches ensembles et éviter qu'elles ne s'abîment trop. Ses yeux bleus habillés de blanc et gris lui renvoyaient une image tristounette. Il fallait qu'elle se reprenne. Qu'elle soit forte, elle en avait fait le serment quand la mort avait emporté sa dernière tante, sa seule famille adulte. La vie semblait s'acharner sur les Squall. D'abord sa petite sœur kidnappée, ensuite ses parents, puis sa seule et unique tante. Elle avait du retrousser ses manches. Et elle devait tenir, coûte que coûte, pour son frère. "Tu n'as rien vu de tout cela. C'est clair ? Je veux bien faire un effort, mais je te préviens tout de suite, pose ta main ailleurs qu'aux endroits qu'il faut pour la chorégraphie et je te coupe les doigts. J'suis lunatique ? Fuck you." Sa petite main saisi celle du grand blond sans douceur, et elle l'entraîna dans la salle où une musique plus rythmée et sombre s'élevait petit à petit. Elle connaissait cette chanson. Elle avait passé ses test d'enfant dessus. Elle posa la main gauche du jeune homme sur sa hanche et l'autre sur ses côtes, et se releva sur ses pointes. La voix de la chanteuse assombrissait la salle. Il fallait qu'elle se concentre. Un, deux, deux, trois, un, trois... Elle tourna légèrement. Still, you, do not, answer... Doll, you, do not answer. Elle fit confiance à son cavalier, et amorça un porté classique. Il fallait qu'elle l'oublie. C'était comme son prof oui, juste un parmi d'autres. Qui ne l'attirait pas. Non, pas. Elle devait s'en convaincre.

Still Doll

10 Septembre 2013

Mathieu hésitait entre la planter, la laisser là dans ses larmes et retourner bosser ou continuer à essayer de lui remonter le moral. Il n’y avait pas écrit psy sur sa tête après tout. C’était bien d’être gentil mais clairement, Plume n’était qu’un pari parmi tant d’autre. Qu’elle essaye de lui résister et il l’aurait, quoi qu’il en coute. On ne résistait pas à Mathieu Alaric. De même qu’on ne résistait pas à son meilleur ami. Et le blond pouvait se montrer particulièrement tenace quand il voulait quelqu’un. Plume, il la désirait. Il la mettrait dans son lit. Parce qu’elle était bien trop jolie pour qu’il passe à côté. Et surtout, parce qu’il avait entendu parler d’elle bien après l’avoir vu pour la première fois. Plume était aimée des plus vieux et se déplaçaient rarement pour les soirées des nouveaux venus. Si Mathieu et Aèl allaient très vite rejoindre une confrérie, ils n’en étaient pas moins des petits nouveaux.

" Pas la peine de montrer les dents. Je ne vais pas te tripoter. Faut que tes chevilles réduisent, t’es qu’une fille. Et je suis pas un pervers. Je n’ai pas besoin de tripoter toutes les paires de seins que je vois. "

Et il était honnête.

Mathieu suivit le mouvement et attaqua directement la danse. Retrouvant des sensations qu’il avait perdu à l’instant même où il avait envoyé chier sa mère et arrêté la danse, Mathieu se révéla un très bon cavalier. Mais il resta bouche bée devant la grâce de la jeune femme. Elle dansait magnifiquement bien. Perdant un rien de sa concentration, il lui demanda, ses yeux bleus brillant d’interrogation.

" Attend Plume. Tu…  T’as pensé à passer des concours ? Vu comme tu es douée je suis sûr que tu peux réussir. Genre Paris des trucs comme ça. Ou encore mieux, le ballet de New York. "

Il avait de la culture, dans pas mal de domaine. Mais il n’avait pas de quoi s’en vanter. Mathieu était né dans la bonne famille. Elevé à la musique classique et aux ballets, aux films d’auteurs à aux paroles de Balzac et Baudelaire.  Alors les étoiles des ballets, il les avait vu petit, il les avait vu dans leur loge. Et Plume avait leur niveau.

10 Septembre 2013

Elle suspendit un instant ses mouvements. Les mots du jeune homme firent fleurir ses lèvres, mais elle ne laissa rien paraître trop clairement. Elle savait rester secrète, en très bonne représentante de sa condition professionnelle. Ses poignets se plièrent au dessus de sa tête, et elle bascula son dos en souriant, la pointe de ses cheveux frôlant le sol par dessus son épaule. La professeure annonça la fin de la danse, et que les garçons pouvaient retourner grimper leur montagne artificielle. Elle ricana sans méchanceté, et rattacha ses cheveux en chignon lâche. "Ben voyons... Je connais les hommes comme toi Mathieu Alaric, je les connais même très bien. Mais je prends ton compliment pour sincère. Elle se redressa souplement, et Mrs. Rovansky annonça danse libre.

Être Geisha c'est être appréciée comme une oeuvre d'art vivante.
La Geisha est l'artiste d'un monde qui n'existe pas. Elle peint son visage pour cacher son visage, ses yeux sont une eau profonde, la geisha est l’artiste d’un monde flottant, elle danse, elle chante, elle vous diverti, tout ce que vous voulez, le reste ce sont des ombres, le reste c’est un secret. Elle leva lentement son bras au dessus d'elle. Et ondula son dos et ses hanches. Ses épaules suivirent le mouvement, et ses deux bras se précipitèrent vers la gauche, pointés vers le sol. Elle tourna sur son pied droit, et pencha sa tête vers l'arrière. Ses hanches pivotèrent en sens inverse du haut de son corps, et ses mains continuèrent la danse. Sa nuque bougeait un peu. Elle laissait la musique s'imprégner en elle, ignorant ses camarades qui montaient une chorégraphie sur de la techno. Elle rêvait. Elle se voyait habillée de longs kimonos, ses yeux bleus entourés de noir, sa peau de craie et ses lèvres écarlates. Elle devait entrer dans le personnage. Elle s'était engagée pour son spectacle de Noël. Elle jouait Xiao Mei, la belle danseuse aveugle, fille d'un chef bandit mort au combat qui mènerait à leur perte deux hommes imbéciles et cupides. L'un fou d'elle mais dévoré par le devoir, l'autre malade d'amour mais déchiré par sa cruauté. Le rôle, bien qu'asiatique, lui convenait parfaitement. Elle croisa les bras sur sa poitrine, et laissa danser ses reins sans que ses yeux ne quittent le point invisible qu'elle s'était fixé. Mrs. Rovansky donna le congé. Elle se plia d'un salut, puis détendit ses muscles.

Les élèves du cour de sport escaladaient encore leurs murs. Un sourire moqueur étira ses lèvres, et elle demanda à rester un peu dans le gymnase. Elle regardait rêveusement les photographies de danseuses diplômées et maintenant célèbres de l'Université, et sa main qui glissait sous les cadres s'arrêté sous celui d'une jolie jeune fille très blonde, aux longs cheveux blonds et raides cascadant devant sa poitrine. Elle souriait, et ses yeux gris aussi. Elle portait une tenue d'étoile Londonienne. Sous la photographie, elle avait signé. Elizabeth Marshell, avec de grands mercis à ma professeure. Plume posa ses doigts sur la vitre, fascinée. Lizzie était là, plus belle qu'elle ne l'avait jamais vue, et heureuse. Elle soupira. Indéniablement, elle ressemblait à sa mère. Elle ramassa ses affaires, et découvrit dans sa serviette éponge une petite note. SANTA BITCH. Elle fronça le nez. Imbéciles de collègues. Ses yeux pâles regardèrent une dernière fois vers le mur, et elle alla se changer. Elle aurait voulu le remercier de ne pas avoir posé de questions, mais elle voulait aussi éviter ses amis. Elle haussa les épaules. Elle s'habilla, rectifia son maquillage et alla attendre devant son vestiaire. Au diable les potes idiots.

Beauty Song

10 Septembre 2013

Mathieu sourit à la jeune femme avant de déguerpir. Aèl était là, plié en deux, ayant déjà oublié son échec cuisant face à cette petite 7A qui leur faisait de l'oeil depuis qu'ils avaient reprit les cours. Récupérant son baudrier et enfonçant ses mains dans la magnésie, le jeune homme n'avança pas un mot. La voie était haute en plus d'être difficile. Mais il allait y arriver même s'il devait se claquer les muscles. Après le huit habituel, il glissa à l'oreille de son meilleur ami quelques paroles cocasses sur Plume Squall et inspira profondément avant d'attaquer.

Les muscles bandés, la respiration se faisant plus profonde, il écoutait les paroles de son meilleur ami qui l'aidait de sa voie assurée. Le prof avait lâché les autres pour s'occuper de lui et Mathieu força un peu plus. Son bras le lançait et il prit sa respiration avec plus de force, offrant l'oxygène trop attendue à son coeur. Aéré ses muscles, s'était là tout ce dont-il avait besoin. Serrant les dents, il glissait toutes les cinq secondes ses mains dans la magnésie. Arrivée à mis voie, il allait attacher sa nouvelle dégaine lorsque son muscle droit se tétanisa. La chute fut brève, bien assurée mais Mathieu fut obligé de descendre. C'était le problème lorsque les élèves arrivaient à de tel niveau. Ils avaient trop la niaque et bien souvent, ils refusaient de s'arrêter même s'ils étaient incapable d'aller plus haut.

Le prof les laissa partir se changer. Les deux compères étaient les seuls à avoir fini et à pouvoir rentrer à la coloc organiser leur nouvelle soirée. Celle si serait d'une importance capitale. La fraternité jugerait de leur aptitude cette nuit. Mathieu les rejoindrait mais resterait chez lui c'était certain. Mais pour Aèl, c'était l'occasion d'avoir un logement gratuit pas loin de chez les
Kappa. Mais Mathieu s'en foutait. Les Betas organisaient depuis toujours les meilleures soirées alors autant en profiter.

Sous la douche, les deux jeunes hommes s'échangèrent des vannes sur leurs plans culs réguliers, mimant les positions qu'elles avaient pu faire, se foutant royalement de leur gueule. Après tout, ce n'était que des cruches qui leur avait écarter les cuises. Aèl raconta cette petite salope de Jessica qui lui avait résister un peu trop longtemps mais s'était révélée une chienne au lit. Ils éclatèrent de rire et Mathieu sortie enfin de la douche et du vestiaire, hurlant à Aèl de se bouger le cul. Une clope et direction la coloc. Il passerait acheter des bouteilles au passage et une provision de cocaïne. Oui. Soirée parfaite à l'horizon.

Mais un petit quelque chose vient changer ses plans. Plume était là, magnifique. Mathieu s'arrêta, surprit par sa présence devant leur vestiaire. Il n'y avait qu'eux de présent, les autres gars n'avaient pas encore fini leur séance. Alors soit elle attendait Aèl -chose presque impossible- soit lui.

" Je peux t'aider ? " demanda-t-il sans son habituel sourire charmeur, surprit qu'elle soit là.

Elle était décidément bien jolie.

10 Septembre 2013

La brise chaude venue du Michigan soulevait ses cheveux, et elle respira l'odeur douce des pollens de fin d'été. Elle avait mit ses écouteurs autour de son cou, et entendant Césaria Evora chanter doucement, berçant son corps de calme salsa. Elle balançait imperceptiblement, les yeux mis clos, un sourire ravi aux lèvres. Elle se sentait bien là, au soleil, sans bouger. Elle entendit qu'il y avait du mouvement dans le vestiaire, et resta là, paisible, attendant simplement. Elle aimait attendre avec de la musique. Elle aurait aimé avoir une vie de diva, danser les pieds nus devant des gens doux et avenants, qui avaient besoin de l'espoir qu'elle amenait derrière elle. Ses chaussures claquèrent brièvement sur les dalles, et elle posa sa main sur son pendentif d'or, consolée. Elle n'était pas seule.

Elle se tourna un peu trop vite, et senti ses joues rosir un peu. Elle se reprit rapidement, lissa le devant de sa robe lolita et ajusta sa bandoulière sur son épaule. Oui. Je voulais te remercier pour tout à l'heure, de ne pas m'avoir posé de questions. C'était super sympa de ta part. Je me suis trompée sur certains points de ta personnalité. Voilà. Merci. A plus ! Elle se pencha pour tirer ses chaussettes au dessus de ses genoux, lissa le cuir brillant et rose de ses petite chaussures à talons et lui fit un petit signe de la main avant de se retourner. Elle se sentait un peu bête, et puis assez ingénue. Il lui plaisait, c'était idiot d'essayer de se persuader du contraire.

Elle pivota. Mathieu ! Si tu veux demain je t'invite demain, à 15 heures, tu me retrouves au parc d'attractions. C'est ta chance de me connaître ! Elle haussa gentiment les épaules, et rigola sans moquerie. Elle emmenait Naïan de toute façon, alors pourquoi pas ? S'il la voulait tellement, au pire, elle lui demanderait d'aligner. C'était sa vie, c'était ce qu'elle était sous son look sweet lolita et ses nœuds roses et bleus. Elle cachait bien trop de choses, elle s'en rendait compte. Mais son petit frère comptait plus que tout, et elle aurait tout sacrifié pour lui, même ses habitudes vestimentaires et sa fierté. Elle avait bien jeté aux oubliettes sa dignité. Elle n'en avait pas honte, cependant. Il en fallait des comme elle. Certains hommes avaient besoin d'elles. Et elles ne méritaient pas de jugement. C'était simplement leur vie. Césaria fredonnait toujours dans ses écouteurs. Elle sourit. La vie était belle. Elle secoua sa main pour le blond, et s'éloigna. Pourquoi ne pas voir ? Peut être était il sympathique, après tout.

Lucy

10 Septembre 2013

Mathieu regarda la jeune fille avec flegme, allumant sa drogue quotidienne. Son regard s'arrêta sur la robe de la blonde et il ne montra rien. Mais inconsciemment, sa grimace était magique. C'était... Particulièrement laid et jamais il ne serait vu en compagnie d'une fille habillée comme une gamine de 5 ans. Et encore. Même Alicia n'habillait pas sa petite de la sorte et pourtant la mannequin était un peu stupide avec la demie Alaric qui portait le nom Thompson. Mathieu souffla une fumée épaisse avant de plonger ses beaux yeux dans ceux de la jolie demoiselle. Merci ? C'était une bonne idée qu'elle avait eu. Mais il n'avait pas vraiment fait ça pour avoir des remerciements. C'était dans sa nature. C'était ainsi qu'il avait été élevé et les coups lui avaient forgé une éducation parfaite. Oh que oui il était sage petit. Un peu trop aux yeux de son père. Mais sa mère l'avait toujours aimé de la sorte avec tout ses défauts et ses quelques qualités.

" Tu sais, ce que tu penses, les raisons de ta tristesse ne me concernent pas vraiment. Je ne suis pas une fille, je m'occupe de mes affaires et clairement, je ne te connais pas assez pour que les tiennes soient d'une importance capitale. "

Et c'était lui qui était sortie avec Lydia Johanson, la pire commère que ce monde n'ait jamais porté. A en marcher sur la tête. Il allait s'adosser contre le mur pour savourer sa cigarette et attendre Aèl quand la belle pivota. Il se perdit quelque secondes dans le chatoiement de sa chevelure puis revient les pieds sur terre.

" Alors à demain 15 heures. "

Il lui fit un magnifique sourire dont il avait le secret avant de la regarder disparaitre, suivant le balancier de ses hanches et de ses cheveux. Plume lui plaisait. Il avait beau jurer le contraire à son coloc, il savait qu'il mentait. Oui. Cette petite peste avait gagné sa place et il ne savait vraiment pourquoi. Le blond secoua la tête, mécontant de lui même, sortant de ses pensées et se concentrant sur son meilleur ami qui arrivait. Plume... Il avait déjà rêvé d'elle...