19 Septembre 2013

L'horloge de la voiture affichait 13h51. Il posa son front sur le volant, et ferma les yeux. Il était sur le parking du commissariat de police de la ville, seul, stressé au possible et encore sous le choc de ce qu'il avait vu. Il ne rêvait plus que de ça depuis quatre nuits. Il n'en dormait presque plus. Il avait une fragilité psychologique depuis des années maintenant, et l'horreur avait réveillé des angoisses oubliées grâce aux bons soins des médecins psychiatres qui l'avaient aidé à remonter la pente. Mais il n'était pas le moins du monde préparé pour ce qui c'était passé quatre jours plus tôt dans le bois du campus. Des gens avaient déposé des fleurs à l'Université pour Eva. En dessous d'une photo d'elle. Son petit ami, Harper, y passait des heures à la fixer, silencieux, serré dans ses bras. La police n'avait rien déclaré. Mrs Fryant était venue parler aux amis de sa fille, pour essayer de comprendre. Mais l'affaire ne s'ébruitait pas outre mesure. Il n'empêchait pas qu'elle était morte, partie à jamais. Et la police qui voulait l'interroger maintenant. Il ne savait pas s'il tiendrait le coup.

Il se secoua un peu, et sortit de la BMW en claquant la portière. Les portes se verrouillèrent automatiquement, et il alla se présenter à l'office. Un policier avec une moustache l'emmena dans une salle d'interrogatoire, et lui demanda d'attendre là que les deux officiers chargé de son questionnaire arrivent. Il se doutait bien que la police le soupçonnait. Il avait été trouvé à côté de la victime, des traces de sang sur les mains, incapable de s'exprimer concrètement pendant presque dix heures après que les infirmiers l'aient emmenés. Mais ils ne voyaient pas qu'il était simplement impossible qu'il ait fait ça ? Il connaissait Eva depuis quatre ans, il avait des photos avec elle, ils avaient gradué ensembles ! Et jamais il n'aurait pu porter le corps jusque là bas, encore moins la soulever pour la lier à l'arbre, elle faisait vingt kilos et trente centimètres de plus que lui ! Sans parler qu'il n'aurait pas eu du sang uniquement sur ses vêtements s'il l'avait touchée, mais partout vu tout ce qu'elle avait perdu. C'était complètement absurde, et ça le mettait sur les nerfs au possible. C'était simplement idiot, absurde et non poussé. L'hypothèse en aurait presque été risible. Pourquoi aurait il hurlé après avoir attaché le cadavre, comment l'aurait il attaché sans se tacher complètement de sang encore chaud à ce moment là, pourquoi l'horreur qu'il aurait potentiellement commise l'aurait elle, après coup, choqué à ce point ? Il n'était pas schizophrène quand même, et c'était attesté sur papier ça comme fait. Il était bien certain que la police avait fait ses recherches et lui ressortirait sans doute un "Vous avez fais un séjour en hôpital psychiatrique", mais il y était préparé. Ce qu'il ne voulait pas, c'était penser à Eva, à l'image indélébile de son corps sacrifié.

Au fil des minutes, il commença à tourner le bout de son marcel entre ses doigts. Son slim le serrait trop d'un seul coup. Ses bottes talonnées battaient nerveusement le carrelage, et il jetait de petits regards blasés à la vitre teintée. Il savait que quelqu'un le regardait de là, et qu'ils essayaient de le faire paniquer pour qu'il dise le plus de choses possibles. Il savait comment ce genre de choses se passaient, il n'était pas un crétin non plus. Et la colère commençait à irradier hors de lui, froide comme le blizzard. Une jeune fille était morte, sauvagement assassinée pour être ensuite transportée dans une forêt macabre, et ils le cuisinaient alors qu'un malade courait les rues à la recherche de proies, ça il pouvait en être sûr, ces meurtres là n'étaient pas isolés, jamais. Ce n'était pas le genre d'un tueur occasionnel de théâtraliser à ce point un meurtre. Qui que ce soit, il allait y avoir une hécatombe. Ce n'était même pas analysable, c'était un fait à énoncer, à réaliser. Son intelligence le voyait. Seuls les grands serials killers mettaient ainsi en scène leurs victimes, et celui là voulait simplement tester son effet. Et Tarek avait eu la malchance de se trouver sur les planches de la scène au mauvais moment. Il ne risquait rien, cependant. Ce genre de cinglés n'aimait pas voir la vedette leur échapper, et sitôt qu'il saurait qu'ils tenaient un suspect, il frapperait. Sa présence ici allait tuer quelqu'un. Il enfoui sa tête dans ses bras, et un gémissement douloureux s'étouffa contre sa peau. Qu'ils en finissent, il n'en pouvait plus. Il n'était pas venu pour vivre cette torture mentale. Il avait déjà des cernes noirs sous les yeux à cause des cauchemars, ce n'était pas la peine d'en rajouter. Ils le menaient droit au burn out là.

Breathe Me

19 Septembre 2013

Matt inspira profondément et avala une gorgé brulante de café. Avant de se replonger sur les images macabres. Il n’était pas clairement heureux d’avoir héritier du dossier mais vu l’importance de la chose, il était sûr d’avoir une promotion en cas de réussite. Sur le tableau de chêne qui lui avait été laissé, le visage souriant de Tarek Thompson était directement relié à l’image du corps juste après qu’il l’ait trouvé. Un fil rouge, avec une étiquette sur lequel les mots victime et coupable s’affrontaient, l’un en lettre simple, l’autre en lettre enflammée. Il porta une nouvelle fois sa tasse à ses lèvres, réfléchissant, les sourcils un rien froncés.

" Matt. Il est arrivé. "

Il remercia le policier avec un sourire et posa son arme sur son bureau. Finissant d'une traite sa tasse, le blond jeta un dernier regard aux photos. Ne pas y penser. Ne pas penser à ces yeux noisettes qui le hantaient depuis quatre jours. Plus encore que la vision de ce cadavre. Il secoua la tête, ses lèvres traçant un non muet avant qu'il ne bouge.

Il fallait le faire attendre tout en voyant ses réactions. Les bras croisés sur son torse, Matt s’impatientait. Il avait beau prouver par A+Z que le gamin ne pouvait avoir commit ce crime, il restait leur seul suspect pour l'instant. Le blond était énervé, sachant pertinemment qu'à l'heure actuelle, ils cuisinaient un innocent alors qu'un malade courrait les rues. Un malade qui allait tuer aujourd'hui même. Mais personne ne l'écoutait, il était bien trop jeune et depuis trop peu de temps dans la police. Se rongeant la peau de l'annulaire, il prenait tant bien que mal son mal en patience.

" Sérieusement les gars. Il est à point là. Je m'en fous de ce que vous allez dire. Je vais le chercher. "

C'est dans cet état d’esprit qu'il s'approcha du petit roux. Son visage s'était fait plus doux, enfin détendu. Les traits du gamin l'avaient hanté pendant quatre longues nuits alors qu'il cherchait à trouver le sommeil, immensément seul. Il serra la main de Tarek, professionnel, toujours. Sa fine barbe, qu'il n'avait pas lorsqu'ils s'étaient croisé la première fois, dans cette si tragique situation, le vieillissait et lui donnait son véritable âge.

" Bonjour monsieur Thompson. Veillez me suivre. "

Il avait épluché le dossier du gamin, encore et encore, à s'en faire exploser la cervelle. Il connaissait bien des choses qu'il ne sortirait pas. Matt s'était impliqué dans l'affaire, plongé la tête la première dans quelque chose qui finalement le dépassait complétement. Et il n'avait pour l'heure qu'un meurtre sur le dos...

19 Septembre 2013

Il ne sursauta pas. Pas cette fois. Le presque burn out qui s'opérait dans sa tête l'avait anesthésié avec force. Il se contenta de ciller, tiré de sa rêverie, et posa son regard exténué sur le jeune policier qui l'avait ramassé devant le corps d'Eva. Il répondit à peine à la pression sur sa main, l'esprit embrumé par la fatigue et les nerfs, et se laissa entraîner sans discuter. Il ne fit même pas attention aux couloirs qu'ils traversaient, amorphe, ni à la froideur de la chaise sur laquelle on l'assit. Il n'était pas là. Son esprit dérivait, cherchant son port en se tordant le cou pour apercevoir la lueur du phare. Il était simplement incapable de comprendre ce que ces types lui voulaient alors que dehors, une fille marchait, vite, lançant des coups d’œil inquiets derrière elle... Son instinct le trompait rarement. Et il savait qu'il allait se passer quelque chose d'horrible, et qu'il perdrait encore plus le sommeil. Les trois policiers s'installèrent en face de lui, et lui demandèrent de signer pour son enregistrement. Il inscrivit machinalement sa griffe ronde et fine sur le papier, et s'abandonna sur le siège de métal. Il pouvait sentir son souffle raccourcit lui faire tourner la tête. Et puis ils commencèrent à l'agacer.

Oui, il connaissait bien la victime. Oui, ils s'étaient liés au lycée. Non, ils n'étaient pas plus proches que ça. Et oui, elle avait un petit ami, oui il savait son nom, Harper Junes, un brun qui s'étaient installé un carton sous le portrait commémoratif de la jeune femme. Non, il ne pensait pas que ce soit Harper non.... Et puis quoi encore ? Ces types le faisaient exprès ? Ils se foutaient de sa gueule oui. Comment il avait trouvé le corps... Tarek mordit sa langue. Il refoula ses larmes, et se concentra sur ses souvenirs indistincts. Il faisait son footing, pour profiter de la fraîcheur du matin de ce début d'automne. Il avait un ami à voir sur la campus, et il préférait y aller en courant. Son chien l'accompagnait, comme s'était toujours le cas, mais cette fois il s'était éloigné. Il ne le faisait jamais. Plus depuis trois ans en tout cas. Alors il l'avait suivi, appelé, pour le faire revenir et lui permettre de le trouver facilement car il ne serait pas loin. Et puis soyons honnête, les roses sauvages l'avaient attiré et il était curieux de savoir ce qu'avait flairé la bête d'assez intéressant pour s'éclipser ainsi. Il avait erré un petit moment, un peu plus angoissé après dix minutes, puis le chien était revenu et il avait passé sa main dans son poitrail pour le récompenser. C'est là que sa main s'était teintée de sang, le sang qui couvrait une parcelle de fourrure du chien. Il avait l'habitude de chasser, il avait pensé que le chien avait encore blessé un animal -ça arrivait souvent dans sa ville natale- et était allé voir. Et puis là... Il se tut, refoulant ses larmes. Ils savaient le reste, ils le savaient tous ! Il serra ses épaules dans ses bras, et mordilla sa bouche furieusement, crevant la peau fine de sa lèvre inférieure. Le goût du sang assaillit sa langue, et il se retint de vomir. Il était en nage maintenant. Ces mecs allaient le conduire au putain de burn out ! "Vous avez tué cette fille, Tarek Thompson ?" fit la voix doucereuse du chef de section. Il releva la tête vivement, incrédule, choqué, et son souffle se calma. Il allait étrangler cet imbécile à moustache. Il inspira, ferma les yeux pour mieux les ouvrir, toute trace de doute où de fragilité disparue. Et sa voix siffla avec rage dans la pièce. "Ecoutez. J'ignore ce qui vous persuade tant que je suis un meurtrier fou furieux. Ou peut être est-ce parce que vous n'avez rien de concret et que ça vous terrorise de savoir que quelqu'un à été assez monstrueux pour faire ça à une jeune fille ? Eva était mon amie. Harper est mon ami. Et j'ai beaucoup d'autres amies jeunes, jolies, naïves et vulnérables là dehors. Pendant que vous m'interrogez, une fille est peut être en train de se faire découper vivante tout comme Eva et peut être même que c'est une de mes amies ou même ma sœur. Alors soit vous faites votre boulot comme il faut, vous cessez de me torturer psychologiquement et vous vous évertuez à choper le vrai coupable, soit je vous jure devant Dieu que c'est vous que je traîne à la barre. Et là effectivement il se pourrait que vous me gonfliez tellement que je vous arrache la tête." Son murmure s'éteignit. Il savait qu'il prenait un risque, mais il tenait plus en place. Il sentait que quelque chose clochait, que là, dehors, il y avait quelque chose qui se passait, quelqu'un qui criait. Il pouvait le percevoir dans ses tympans.

Le plus risquer était d'avoir dit 'découpée vivante comme Eva'. Ils voudraient savoir comment il savait qu'elle avait été découpée vivante. La réponse était simple, mais il ne voulait pas passer pour un malade ou leur donner trop d'informations personnelles sur lui et les siens. Il savait à l'état du corps et la façon dont le sang était coagulé qu'elle l'avait été. Le métier qu'avait choisi Tiernan avait au moins ce bon point là, sa famille connaissait maintenant le fonctionnement de la police, et les caractéristiques des cadavres. Mais médecin légiste à New-York, ça devait pouvoir expliquer tout ce qu'il savait sur les morts violentes et comment on pouvait les déterminer à l'aspect du sang, etc. Cependant Tarek ne pensait plus qu'à ça. Il avait croisé deux yeux bleus, d'un bleu doux et sérieux, et il ne l'avait pas rompu, ce petit contact. Ce flic était beau. Vraiment beau. Mais il était là en temps que suspect, et ce type là devait se dire qu'il était en face d'un dangereux psychopathe schizophrène. C'était dommage.

Mistral Gagnant

19 Septembre 2013

Matt écoutait calmement sans bouger, les bras croisés sur son torse. Il était présent dans la salle mais juste pour regarder. A aucun moment il ne parlait, laissant son collègue poser les questions et tendre le gamin encore plus qu'il ne l'était déjà. Tarek était mineur et cela pouvait aller chercher très loin. Mais Matt restait silencieux. Il me voulait pas clairement l'ouvrir. Taper sur la table. Il ne savait pas vraiment  pourquoi aujourd'hui il n'y arrivait pas. Travailler sur ce dossier était un véritable casse tête, aucunes empruntes et pour l'instant leurs seuls suspects, il ne pouvait croire en leurs culpabilités. Le petit ami de la victime avait été incapable de décrocher le moindre mot et n'avait aucun motif. Et surtout un mobile imparable. Quand à Tarek, comment un gamin comme lui aurait pu lever ce corps. Le rapport du médecin légiste était clair. Vu l'heure à laquelle Eva était morte,  Tarek n'aurait clairement pas eu le temps de se laver et vu la quantité de sang qu'avait perdu la jeune fille, il aurait dut avoir plus que les mains de taché.

La question de son collègue déclencha ce qu'il attendait depuis plus de 20 minutes qu'il torturait le roux. La colère. Le moustachu frappa sur la table avec violence, trop sérieux. Matt savait prévoir les coups et son collègue pétait clairement un cable.

" Mettons nous d'accord ! Ici t'es pas à Milwaukee ! La police n'est pas aux ordres de ta famille ! Les petits privilégiés comme toi on en voit passer à longueur de journée ! Quoi soit clair ! Si tu es ici, nous sommes dans nos droits ! Une nouvelle attaque ! Et comment tu prévois ça hein ?! "

Sa voix avait porté. Passé au tutoiement, une veine palpitait sur la tête du policier pendant que ses yeux noirs lançait des éclairs. Matt, jusqu'ici silencieux, regarda le brun puis le roux. Et enfin il ouvrit la bouche. Le blond parlait rarement, seulement quand il avait quelque chose de vraiment important à dire.

" Jack. Clairement va prendre un café. Calme toi. Je prends la suite. "

Son regard était clair. Malgré son jeune âge, en face à face, Matt savait se faire respecter. C'était le genre de moment où on l'écoutait. Le brun sortie, tapant violemment du pied dans la poubelle. Matt s'assit en face de celui qui portait jusqu'à présent le titre de suspect numéro 1. Calmement, il croisa ses mains sur la table devant lui avant de déclarer, tout aussi calmement : 

" Il a besoin de calme. Pousser les suspects au bout doit surement lui donner l'impression d'avoir du pouvoir. Calmez vous monsieur Thompson. Autrement vous risquez réellement de passer la nuit en prison. " 

19 Septembre 2013

Il serra les poings. Ne pas le frapper. Surtout, ne pas envoyer son poing dans la figure de ce stupide moustachu qui, visiblement, n'avait aucune estime humaine pour lui. Il sentait une menace due à l'argent, alors qu'il n'y en avait pas. Il y avait seulement un innocent en train de se faire cuisiner pendant qu'une fille se faisait sauvagement déchiré dehors, et qu'alors, il serait dans son droit comme dans celui de tout citoyen lambda de déposer plainte pour la torture psychologique qu'il avait subie. Il avait peut être dix huit ans et demi, il connaissait la politique et ses droits merci bien. Il n'était pas con. Aussi tremblait il de rage à présent sur sa chaise devenue brûlante. Il allait répondre vivement quand le jeune flic blond intervint, sauvant son collègue de la fureur sourde du roux. Il le regarda avec haine, vexé de voir sa vengeance lui être ainsi enlevée, et contrôla ses nerfs. Il ne fallait pas qu'il se mette à insulter tout les agents, ça pouvait aller loin sinon.

Il détailla le policier en silence. Il était ferme, sûr de lui. Ses mots lui tirèrent un sourire triste et méchant, presque un rictus grimaçant. Il savait très bien ce qu'il risquait. Ses larmes décidèrent de le reprendre à ce moment là, coulant sans prévenir, sans pourtant ébranler sa colère. Il ne pouvait pas pardonner à la police. Il en était incapable. Son amie était morte, elle avait été découpée vivante, subi une douleur et une terreur inhumaine, les yeux plongés dans ceux de son assassin, et il l'avait traînée dans le bois, attachée, et elle le voyait faire. Elle avait senti la vie la quitter, abandonnée là, dans une forêt vide et sombre, seule, appelant faiblement à l'aide. Elle avait sans doute pensé à Harper, vu ses souvenirs heureux défiler, sachant qu'elle n'en vivrait aucun autre. Qu'elle allait mourir, qu'Harper et sa famille seraient détruit. Puis son petit ami l'oublierait. Tarek serra les dents, fou de rage et de douleur, et planta son regard dans celui de l'officier. Il avait envie de lui arracher la tête. "Excusez moi mais je ne vois pas ce que j'ai dit de mal. C'est dans mon droit de déposer plainte contre lui à ce rythme. Vous perdez votre temps, et si aucun de vous n'est assez intelligent pour comprendre à quel point celui qui a fait ça à Eva va entrer en rage quand il saura que vous mettez ce qu'il pense être un art sophistiqué sur la tête d'un autre que lui alors je ne peux rien pour vous. C'est vous qui êtes sensés connaître le mécanisme psychologique des tueurs pas moi nan ? Pourtant faut pas être un génie ou un complice pour savoir que vous allez recevoir un appel pendant mon interrogatoire qui vous dira qu'ils ont trouvé une nouvelle victime. C'est trivial bordel.

Il avait envie de hurler, de les secouer comme des pruniers pour leur faire comprendre que le tueur était déjà en train de faire une nouvelle victime, et que bientôt, elles seraient dix ! Il allait plonger la ville dans l'horreur, faire tourner la police en bourrique, et la police allait recevoir une pression inimaginable sous le joug de la presse et des parents terrifiés. Ils ne voyaient pas ça ? Ils ne lisaient pas les rapports sur les serials killers historiques ? Ils n'avaient pas eu de putain de formation ? Ce n'était pas à lui de leur expliquer ce qui se passait !

3ème Sexe

19 Septembre 2013

Les Serpentins (no on Youtube )

Matt écoutait calmement, loin d'être impulsif. L'âge l'avait rendu plus patient, son métier aussi. Il savait maintenant écouter mais surtout comprendre les paroles. Tarek était encore un enfant. Il ne connaissait clairement pas la moindre chose en droit. La police, face à lui, et sous couvert de sa culpabilité avait tout les droits. Si le droit les aidait rarement quand il s'agissait de coffrer le véritable coupable, même s'ils savaient clairement que c'était lui, l’institution était parfaite pour les innocents. Le blond était certain que Tarek n'avait pu tuer personne mais sa bonne parole ne ferait changer d'idée le brun qui lui était persuadé que le gamin jouait un jeu. Trop de larmes pour lui, malgré tout ce que Smith pouvait dire.

Il ne lâchait pas des yeux le môme, sans aucune autre idée de questions. Tout avait déjà été dit, demandé, rabâché. Il n'avait plus rien à ajouter et pourtant, un désir égoïste le voulait à ses côtés. Que n'aurait-il fait pour cela. Relever l'adresse du petit roux. C'était un désir étrange, qui l'empêchait de dormir à longueur de temps. Ne pas y penser lui hurlait son esprit. Mais il n'y arrivait pas. Il le voulait, encore et encore.

" Les dessous de l'affaire ne vous concerne pas jeune homme. Nos avancés ne sont réveillées ni au public ni à la famille. Maintenant, si vous voulez bien me suivre, j'ai quelque papier à vous faire signer dans mon bureau et j'aimerais recueillir votre déposition. Avant d'être le moindre coupable, vous êtes surtout le plus important témoin. " 

Matt s'était tourné vers la vitre teintée en appuyant sur ses derniers mots. Témoin. Pas coupable. Qu'importe la fascination que Tarek exerçait sur lui, il était avant tout impossible qu'il soit autre chose qu'un pauvre gamin au mauvais endroit au mauvais moment.

19 Septembre 2013

Il ferma étroitement les yeux, massant ses tempes. Les flics s'emmêlaient. Ils le repoussaient, ils le taclaient, alors qu'il essayait simplement de les aider. Ils ne comprenaient pas. Il en avait côtoyé, des tueurs, on l'avait posé dans hôpital psychiatrique pendant trois longues années. Il avait, au milieu des fous en tout genre, réappris à marcher, à parler, à se faire confiance. Et quand on a treize ans et rien à dire, on se glisse en cachette dans les ailes interdites, on va voir ceux qui sont là parce qu'ils ont fait des choses horribles. On pique les dossiers des psychologues, aussi. Il savait. Il savait quel monstre avait assassiné son frère, il dormait trois chambres plus loin. C'était un homme charismatique, que les infirmières aimaient. Un homme beau et intelligent. Et sans pouvoir s'en empêcher, Tarek lui avait peu à peu pardonné. C'était ces gens irrésistibles qui faisaient de la mort un art unique. Est-ce que la police était bête à ce point ?

La porte s'ouvrit alors qu'il se levait pour suivre le jeune policier, et le brun à la porte, frémissant et pâle, s'approcha de l'officier. Il lui murmura quelque chose, et les oreilles entraînées du jeune étudiant captèrent l'essentiel. Il leva un sourcil, ses yeux pleins de tristesse, l'air de dire "Je vous l'avait bien dit... Mais vous ne m'écoutez pas." Il détourna la tête pour cacher la larme amère qui longea sa joue. La mort, quand elle avait un territoire, elle se partait plus. Et elle pouvait vous rendre fou lentement, de peur fascinée. Il avait essayé de le leur dire. Ils avaient bien du le lire, son dossier, vu qu'il était suspect. Ils devaient bien savoir qu'il avait eu une expérience ce monde...

Il mordit sa lèvre, chassant de sa mémoire ce visage qui l'avait fasciné, le visage de cet homme qui, tueur atroce, l'avait fait avancer. L'avait emmené dans la cour de l'hôpital, avait joué avec lui, lui avait réappris à grimper aux arbres. Il était devenu son ami. Il avait passé de bons moment avec ce monstre. Il avait oublié que son frère ne serait plus jamais là, et avait embrassé la mort dans d'horribles souffrances, appelant ses parents de toutes ses forces, à seulement cent mètres de leur fenêtre... Il secoua la tête et suivi sans dire un mot. Il n'en avait pas tellement vu que ça. Rien pour ainsi dire. Sauf s'il tenait compte de ce petit morceau d'argent, ce petit bout de bracelet qui lui brûlait la peau à travers sa poche, et qu'il avait saisi avant que le flic déboule, par réflexe, parce que la brillance avait attiré son regard. Il connaissait ce bout d'argent. Mais il n'arrivait pas à se souvenir d'où. "Dites, c'est vous ou votre collègue Jack qui vous occupez de ma déposition ? Je ne l'aimes pas." Il avait dit ça comme il disait toujours tout. Avec franchise, sans détours. C'était le contre coup de la rééducation. On lui avait appris à s'exprimer, à cesser de s'enfermer dans le mutisme quand il allait mal. Alors maintenant il disait les choses. Parfois au grand déplaisir des gens. Et ça n'avait rien à voir avec le fait que sa famille avait de l'argent. Personne dans sa famille n'était ainsi. Mais qu'y pouvait il ? Il fallait savoir ce qu'on voulait.

Elle Attend

19 Septembre 2013

Elle courait, les larmes coulant de ses yeux, l’aveuglant dans sa course. Elle pouvait presque sentir son souffle rauque sur sa peau.  Ne surtout pas regarder derrière elle. La petite blonde ne savait pas ce que lui voulait la personne qui la pourchassait mais la seule pensée qui la tenaillait était de lui échapper. Sa respiration se faisait de plus en plus difficile et pourtant l’adrénaline la faisait avancer. Son derme se couvrait petit à petit de sueur. Elle entendait des cris de chien, comme une chasse à courre. Son cœur battait à une vitesse folle et elle essuya les perles salines qui avaient envahi sa vision. La vie se battait pour ses dernières minutes, son cœur comptait les battements. Elle les entendait avec violence, comme s’ils voulaient lui prouver qu’ils pouvaient encore paraître dans son esprit.

Enfin elle la vit. Sa survie qui se découpait sur l’horizon, apparition digne des mirages du désert. Une maison, entourée de pré. Il devait bien y avoir quelqu’un. Dans sa précipitation, la jeune femme fit pourtant l’erreur bête de regarder derrière elle. Son bourreau se rapprochait. Tenant son côté droit, d’où s’écoulait du sang, elle porta un ultime regard à ses mains couvertes d’hémoglobine. Elle devait réussir. Se remettant à courir, elle sauta un buisson. Malheureusement pour elle, son pied se prit dans une branche plus haute et son visage heurta le sol avec violence. Laissant échapper un juron, la blonde se releva. Pas assez vite. Il était déjà sur elle. Le coup la prit en pleine mâchoire et la fit hurler. Ses appels à l’aide n’avaient aucunes réponses. Ils étaient trop loin de toute civilisation.

La torture commençait, crescendo. La lame s’enfonçant plusieurs fois dans sa peau blanche et la jeune femme ne lâchait pas des yeux son bourreau, le suppliant du regard et de ses paroles. Sa voix vira dans les aigues quand enfin commença les plus douloureux sévices. Elle ne le connaissait pas, elle n’avait rien fait de mal. La morsure glaciale de l’arme déchira la chaire de ses lèvres avec délectations. C’était un fou qui lui faisait face. Pas le moindre masque pour cacher ses traits, rien d’autre qu’un sourire de plaisir sauvage. Elle n’était pas morte quand il la souleva jusqu’à l’arbre par des liens de barbelé qui lui cisaillèrent les poignets, les cuisses et le torse.  Ses cris s’étaient tus, cordes vocales brisées. Son regard se voilà à son tour et sa tête s’affaissa contre son torse. Nicky Stan était morte.

Alors que Matt allait faire sortir le jeune roux, la porte s’ouvrit sur le visage de son collègue. Le blond n’eut même pas besoin d’entendre les paroles pour savoir ce qu’il s’était passé. Un nouveau meurtre. Le nom lui fut glissé à l’oreille et son regard s’attarda sur le petit roux. Une connexion s’échangea entre eux deux et Matt prit une profonde décision. Ce gamin en savait plus qu’il ne voulait le dire. Un profond soupir s’échappa des lèvres du policier pendant qu’il baissait légèrement les yeux. Un nouveau meurtre. Ses crimes ne seraient pas les derniers, jamais tueur n’avait aussi bien agencé meurtre que lorsqu’il en prévoyait de nombreux autres.

A la question de Tarek, Matt laissa partir son collègue. Il voulait s’occuper de la déposition du roux mais il lui fallait voir la scène de crime. Si la mise en scène était identique, il y verrait peut-être un détail différent. Quelque chose qui ferrait mourir l’idée de crime en série. Ses maniaques étaient les pires et ils tuaient sans fin jusqu’à enfin commettre une erreur qui les menait directement sur la chaise. Enfin, c’était façon de parler, voilà bien longtemps que ce type de condamnation était devenu trop chère. C'était presque certain que s'était un crime en série mais il avait bien le droit de rêver encore un peu. Avant que le sommeil ne le quitte définitivement. Le premier meurtre avait réussit à être tenue secret, découvert par la police. Mais celui ci ne le serait pas. C'était impossible. La panique allait s'emparer des populations, la presse viendrait mettre son nez dans leurs affaires, les empêchant de faire avec brio leur travail.

" Je m'en occupe. "

Trois mots. Le temps le pressait. L'heure de découverte avait déjà été soigneusement noté, les photos prises et lorsque Matt entra dans son bureau, elles s'imprimaient déjà, le rouge prenant l'intégralité de la couleur. Il jeta un coup d'oeil rapide avant de faire s'assoir Tarek et de prendre lui-même place derrière son bureau, sa secrétaire lui offrant un soupir de soulagement, blanche comme une linge. Elle avait vu les photos. Il lui accorda un petit sourire triste avant de commencer les questions habituelles.

19 Septembre 2013

Il referma les yeux en entrant dans le bureau du blond. Puis les rouvrit, et son regard tomba sur les images. Un éclat brillait sur le cou de la jeune femme. Un éclat d'argent. Il serra le morceau de chaîne dans sa poche,et mordit sa langue. Où, où avait il bien pu voir cet éclat d'argent ? Son portable bipa furieusement. Il y jeta un oeil, choqué de voir s'afficher le nom du petit Maël Ragna, de deux ans son cadet, et il s'excusa platement, demandant d'un regard la permission de répondre. Maël semblait bouleversé. Il ne trouvait plus son petit chat. Tarek jura. Ce n'était pas une raison pour l'appeler ! Il répondit du bout des lèvres qu'il le rappelait, et en reposant discrètement son regard verts sur les images, son cœur arrêta de battre brutalement. Un chat sanguinolent gisait aux pieds de la jeune femme. Un chat noir, avec le bout de la patte avant droite blanc. Le chat de Maël. Il serra la chaîne brisée si fort qu'elle et ses ongles entamèrent sa paume, se retenant de hurler. Comment avait il pu oublier où il avait vu cette monture ? Il l'avait expérimentée tant de fois ! Ces chaînes d'argent fin, ces chaînes autour de ses bras, de l'épaule au bout des doigts, la chaleur étouffante de la pièce, les yeux fous des hommes autour de lui... Oui, il connaissait ces chaînes. Il se sentait de plus en plus mal. Il ne pouvait dénoncer. C'était impossible. Ils détruirait tout ce qui comptait autour de lui, tout, sans merci. Il ne pouvait pas.

Ça ne pouvait pas. Ce n'était pas possible. Ou alors la souffrance qu'il avait imaginée n'était rien comparé à ce que les victimes subissaient réellement. Il le voyait bien. Il se forçait à ne pas fermer les yeux pour ne pas voir ces images atroces, ce visage fascinant. Et il était devenu-! Non ce n'était pas vrai, il était le mieux loti pour choisir ses victimes, pour terroriser tout le monde ! Son calme olympien n'avait pas été ébranlé. Il planta ses yeux verts dans le bleu de ceux du policier. La porte s'était refermée. Il n'y avait pas de fenêtres vers le couloir. Il décela la lueur au fond de ces yeux de ciel, et passa sa langue sur ses lèvres, lentement, graphiquement. Il répondit aux questions calmement, sans changer d'attitude, mentant sur certains points. Il n'avait pas d'idée quant à l'identité du meurtrier, il n'avait rien vu d'inhabituel. Il savoura avec délice le moment où on le congédia. Malgré tout...

Il fixa le jeune policier sans ciller. Ses hanches basculèrent sensuellement, et il sourit. "Bon. Et bien, j'espère que je vous ai aidés... Dites, est-ce que je pourrais vous voir en privé ? Je sais que je peux vous dire des choses que je tais. Samedi, à 20 heures ? Vous avez mon numéro. Alors au revoir ?" Le ton de la question resta en suspens, comme une invitation à le retenir le temps d'une minute, ou deux. Cet homme l'attirait. Et il sentait qu'il ne le laissait pas de glace. Il avait vie de voir ce qu'il pouvait faire naître, une simple histoire de nuit, ou autre chose. Il ne savait pas. Il avait envie de rencontrer ce jeune homme hors de son travail, de parler avec lui, de lui ouvrir les portes de son univers qui, malgré tout, se composait de lumière. Il n'était pas un garçon triste. Il avait été en souffrance, mais jamais triste. Il savait sourire à la vie, et croquer sans soucis les fruits qu'elle lui offrait. Il ne souffrait pas longtemps. Il était vivant. Et il le savourait. Il glissa son sac sur son épaule, et hésita. Il aurait vraiment voulu savoir ce qu'il en pensait. Mais il était dans le commissariat. Oserait il ?

Je Suis En Vie