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La sonnerie de son réveil agressa violemment ses tempes. Une paupière se souleva sur un regard bleu électrique et la lumière de soleil s'en prit à ses pupilles fragiles. Sally ouvrit lentement les yeux, sentant une chaleur qu'elle ne comprenait pas contre son dos. Elle tourna légèrement le visage et la peau brune qui se trouvait trop proche de la sienne la fit frémir. Mais ce n'était le brun qu'elle s'entendait, ce n'était la forme de visage qui la faisait frémir depuis trop longtemps. Ce n'était rien n'y personne. Un simple être qui s'était retrouvé aussi perdu qu'elle, dans le même lieu. Un pauvre erre qui l'avait repêché avant qu'elle ne s'attaque à ce qu'il avait de plus précieux. Cette femme qui l'avait regardé avec tant de confiance la nuit présente. Cette femme qui avait tout ce dont elle avait toujours rêvé.

Sally se leva de son lit, éteignant son réveil. Son compagnon de nuit n'avait pas bougé d'un pouce. Il s'était envolé aux pays des songes. Là où tout était possible. Là où elle avait déjà remontée tant de fois une allée couverte de fleurs. Mais c'était fini. Elle devait se rendre à l'évidence. L'autre était enceinte. Elle ne s'interposerait dans un mariage heureux. Et puis.... Il n'avait pas bougé d'un pouce, se contentant de la regarder comme si de rien n'était. Il ne voulait surement plus entendre parler d'elle et il avait parfaitement raison. Après tout, hier, n'avait-il vu ce qu'il y avait de pire en elle ? Il avait assisté à la déchéance de celle qui tentait vainement de garder la tête hors de l'eau.

Elle fourra tous ses vêtements dans ses valises, tant bien que mal, les larmes obscurcissant déjà sa vision. Elle s'était jurée de ne pas pleurer même si elle avait parfaitement sut qu'elle fuirait plutôt que de se battre. mais était-il seulement nécessaire d'essayer ? Jace était heureux et c'était tout ce qui lui importait. Elle lui avait méticuleusement brisé le coeur. Ce n'était qu'un juste retour des choses. Le serpent s'était mordu la queue et son venin commençait à remonter dans ses veines jusqu'à ses membres qu'il paralysait avec plaisir. Sally alluma une cigarette avant de jeter un dernier regard à cette chambre qui avait été la sienne l'espace d'un instant qui avait été bien trop long. Elle retournait à sa casquette de caissière, à sa casquette multiple de boulot miséreux. Il n'y avait jamais aucun prestige dans ce qu'elle faisait. Terminé les rêves de rire et de paillettes. La dure réalité était si différente. Elle plongeait. En chute libre.

Son pouce glissa sur l'écran de son téléphone, déverrouillant l'appareil et supprimant avec application toutes les photos qui s'y trouvaient depuis si longtemps. Elle fit disparaitre les visages souriants, les regards complices, les éclats de rire aux côtés de montures puissantes. Sally aurait voulu faire disparaitre chacun des souvenirs que les images faisaient remonter en elle aussi facilement que son doigt qui cliquait sur la corbeille. Le temps. Mais le temps ne lui avait été jusqu'ici d'aucune aide. Les larmes coulaient toujours sur ses joues et elle les essuya sans aucun conviction. Les rêves d'enfances, les histoires d'amour qui finissent bien dont elle s'était abreuvée n'était que des mythes pour les gentilles demoiselles qui n'avaient rien à imaginer de leurs vies. Elle s'était rêvée princesse aux côtés de ses héroïnes. De ses femmes qui retrouvaient leur amour perdu. De toutes ses romances qu'elle avait lut et relut jusqu'à les croire vraies. Mais la vie n'était pas aussi belle. Il n'y avait aucun prince charmant prêt à tout oublier pour revenir au ralenti vers sa dulcinée. C'était dans les films. Dans ceux où l'héroïne prend une pause, une main sous la joue, le regard interrogateur alors qu'il revient la chercher en larme à un bar. Ce n'était que dans les films que le héros courrait dans l'aéroport dans un dernier geste. En vérité, il ne venait pas. Ou alors il loupait ce dernier avion pourtant tant et tant reculé.

Elle sortit, le visage fatigué, les cheveux en bataille, pas maquillée, pas même bien habillée. La musique murmurait déjà dans ses écouteurs des paroles bien triste qui la guidait jusqu'à son départ. Assise dans le taxi, elle se souvenait de son enfance. Assise dans la zone d'attente à l'aéroport, elle s'imaginait essayant de déprogrammer sa mémoire. Assise dans l'avion, elle avait prit une décision. S'autodétruire, jusqu'à voir à quel moment on lui viendrait en aide. Et mourir avant que personne n'y parvienne. Assise chez elle, elle essaya. Couchée dans un lit d’hôpital, elle vit par flash le visage paniqué de son frère qui tenait sa main en lui hurlant de rester là, de tenir sa tête hors de l'eau, de ne pas plonger. Couchée dans un océan de coton, elle n'essayait plus de lutter.