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 I am Machine, I...

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Maëloïs Ragna
Maëloïs Ragna
« Mafia »

Avatar : Zacharie Chasseriaud
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MessageSujet: I am Machine, I...   I am Machine, I... Icon_minitimeLun 17 Aoû - 6:17

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29 mai 2014


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Elle traînait toujours là, dans ses affaires. Comme un vilain petit espion, ou la petite voix qui murmure parfois des mises en garde dans vos têtes. A le narguer, à épier le moindre de ses mouvements pour bien lui rappeler à quel point il faisait peur à voir. Pourtant, il la chérissait. Elle était le témoin de sa jeune vie d'adolescent violent, sombre, torturé et meurtri. Il détaillait la légère contraction à droite de sa mâchoire, son regard plein d'une passivité déconcertante et les larges cernes violacées en dessous. En ne la quittant pas des yeux, il décelait peu à peu la lueur dansante de la colère dans l'océan sombre de ses iris. Les nuances de ses cheveux lui étaient familières au delà des mots, et plus encore. Les plis et les replis de sa capuche, le mur contre lequel il s'appuyait la tête, son épaule indiquant bien la position de ses bras autour de ses genoux, les zones de netteté et celles plus floues, ses courbes et ses couleurs, il la connaissait par cœur. Certains soirs, il la regardait sans se lasser, dégoûté de lui même et du monde de sa "famille". Et ce soir, alors qu'il pleuvait des cordes sur la ville de Chicago, il la tenait entre ses mains avec plus de tristesse que jamais.

Comprenez, Maël avait grandi étrangement, entre ses parents aigris dans sa Norvège natale et son frère aîné exilé aux Etats Unis. C'était celui là le problème. Depuis qu'il était tout petit, le garçon n'avait entendu que des reproches faits à son frère, et avait commencé à nourrir pour cet inconnu, bien plus âgé que lui, une fascination sans limites. Il n'avait trouvé celles ci qu'après avoir été envoyé en Amérique rejoindre ce prédécesseur totalement étranger, qu'il n'avait jamais vu de sa vie et dont il savait seulement le nom. Et il n'oublierait jamais leur première rencontre, à l'aéroport. Le beau brun avait alors déjà vingt et un an, exactement dix ans de plus que le blondinet et la majorité du pays.
   Le hall était bondé, mais Maël n'aurait pas pu passer à côté de cet aîné sans le voir. Amarok avait contre lui un jeune garçon aux cheveux roux, rasés sur un côté entier et seulement le bas de l'autre, ses boucles plus ou moins lissées retombant du côté où tout avait été tondu. Tout enfant encore, ça lui avait fait un drôle d'effet de voir se poser sur lui trois yeux d'un vert vibrant, et le quatrième noisette, inexpressif. Le rouquin avait l'air très jeune, mâchait un chewing-gum discrètement et arborait une bouche fine et rouge vif, mais d'un rouge naturel déstabilisant. Son piercing à l'arcade et celui à la lèvre inférieure lui donnait l'allure d'une poupée profanée. Son jean large rentré dans ses Dr Martens, son tee shirt trop court et sa veste de cuir étaient tape à l’œil à cause de son physique harmonieux, mais ses mitaines de laines juraient sur la tableau, tout comme son sac dont pendait une veste attachée en bas d'une bretelle, touchant presque le sol. Maël l'avait tout de suite détesté.

Il caressa la photo du bout de ses doigts, et se laissa tomber en arrière sur son matelas moelleux. C'était lui, c'était Tarek qui avait fait cette photo et en avait fait développé un exemplaire de la taille d'une tablette informatique. Il se souvenait de ce jour aussi, alors qu'il broyait du noir pendant que son frère palabrait avec son cousin et Tan, le bras droit. Il faisait froid dans le parc, le jeune artiste portait les mêmes mitaines que le jour de l'aéroport et tenait son énorme appareil photo à pleines mains, faisant cliché sur cliché des alentours. Il ne l'avait pas vu le prendre en photo. Avec le temps, il avait apprit à moins haïr le riche cavalier. Il avait découvert un garçon doux, attentionné, rieur quand il voulait et terriblement désirable. Heureusement, le désir était facilement gérable. L'amour qui, par le biais de ce garçon seulement plus âgé de deux ans, allait lui tomber sur la gueule l'était bien moins.

Jamais, de sa vie entière, il n'avait vu quoi que ce soit d'aussi magnifique. Voilà ce qu'il s'était dit le jour où il l'avait vue. Son frère lui tenait la main devant le beau collège privé qu'elle fréquentait. Ils étaient du même âge, la même année, comme un genre de miracle de la vie. C'est deux ans après sa rencontre avec Tarek Thompson qu'il l'avait vu déposer sa sœur, et il avait eu du mal à ne pas les fixer trop, de sa cachette. Kathleen avait une queue de cheval bouclée avec un nœud blanc, et un uniforme bleu et blanc.

Le premier et le plus terrible combat de son existence débuta alors. Tomber amoureux le terrifiait, et pourtant, c'était en train de lui arriver. Quand ils allaient chez la famille des rouquins, elle était toujours autour, désespérément amoureuse d'Amarok. Jour après jour, il pensait à elle, et la jalousie le dévorait de ses flammes affamées. Son frère lui sortait par les yeux, les tensions s'accumulaient, et ses exercices au sein du clan devenaient catastrophiques. Or, les Chips n'avaient pas droit à l'erreur ou la distraction. Sa vie de tout les jours, heure après heure, inextricablement, s'enfonçait dans le principe du marche ou crève. Mais elle.. Elle, elle était tellement belle... Et tellement indifférente à son égard. Il l'avait aimée, éperdument, dangereusement. Au point d'épier ses faits et gestes, d'éviter les chiens de la famille pour se percher dans l'épais feuillage de l'arbre en face de sa fenêtre, de surveiller les garçons qui lui tournaient autour au lycée sans jamais sortir de l'ombre. Et puis... Amarok lui avait demandé. Une dizaine de jour plus tôt. Va me cherche la fille Thompson à la gare. Pas de faux pas. Et sans discuter.

Un autre que lui aurait, peut être, désobéi. Un autre aurait emmené Kathleen pour la sauver. D'ailleurs, en vérité, il avait essayé. Les hommes de son cousin les surveillaient, mais après être montés dans la voiture en prétextant que Tarek l'envoyait parce qu'Amarok mangeait chez lui, il avait prit la direction de la maison du rouquin à une vitesse folle. La peur lui tordait les entrailles, son téléphone sonnait furieusement, mais il refusait qu'elle meure. Idiot.
  Le choc avait été d'une violence mesurée. Les chausse trappes avaient fait éclater les pneus d'un seule coup, et il s'était jeté sur elle pour la protéger du verre. Imbécile, encore. Mais il voulait croire qu'il allait réussir à la sauver. Pas elle, il ne voulait pas la voir mourir elle, c'était impossible de s'y résoudre. Les lumières de la maison de son frère luisaient à moins d'un kilomètre d'eux, bon sang. Une main s'engouffra dans ses cheveux, et il rencontra l'or du regard du parrain. Kathleen se débattait à côté. "A quoi tu joues là, dolly ? Ta puce à cramé, ou quoi, tu comprends pas les ordres ?! -Pas elle.. -Je te demandes pardon ?! -Par pitié.. Je vous en supplies.. Ne lui faites pas de mal, je ne veux pas, je.. S'il te plaît Kaèr, je suis ton cousin, tu.. Vous ne pouvez pas... Je.. Je l'aime... Pitié !" Un sourire malsain flotta sur les lèvres du brun, et un coup brutal arracha sa conscience au jeune mercenaire, alors que les cris étouffés de Kathleen s'estompaient...

Il s'était réveillé avec une terrible douleur au crâne, qu'il ne sentit pas longtemps. Amarok était au centre du salon, couvert de sang, à se frotter avec une éponge et un baquet plein d'eau rougie. Les larmes qui luttaient ne parvinrent pas à faire leur chemin, pourtant, il les sentait, il suffoquait. Depuis, il n'était pas allé au quartier général, il avait à peine mangé, et il se forçait à ne pas ressentir mais c'était plus fort que lui. Sa main dériva sur la photographie voisine de celle qui le représentait, les lèvres si identiques à celles de son frère, les yeux plus clairs, cette teinte de roux unique aux Thompson et la neige dans ses cheveux. Il avait dérobé cette image. Pour lui, elle valait tout l'or du monde. Lentement, il planqua son visage dans son oreiller, comme ça, par réflexe. Et puis d'un seul coup, comme ça, il hurla. Il cria sa colère, sa peine, sa lâcheté dans le morceau de tissu innocent pendant de longues minutes, secoué de sanglots, avec la sensation d'émerger après un long moment sous l'eau, en apnée totale. C'est là pourtant qu'il n'y a pas de happy end. Car beaucoup, après cela, auraient crié vengeance. Il ne le ferait pas. Il avait exprimé ses derniers ressentis humains, comme on se viderait pour mieux se sentir partir. Kathleen était morte. Il n'avait rien pu y faire et d'une façon ou d'une autre, il n'y avait rien qu'il eusse pu faire pour elle. Il rangea soigneusement la photo, et laissa la sienne à côté de la lampe de bureau. Son visage lui rappelait à quel point il était laid dans sa détresse furieuse, et beau aussi. Il ferma les yeux, se blotti dans les couvertures, et laissa les rêves l'emporter loin de ses idées tordues. Si rêves il avait.
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Maëloïs Ragna
Maëloïs Ragna
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MessageSujet: Re: I am Machine, I...   I am Machine, I... Icon_minitimeJeu 20 Aoû - 23:28

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4 Février 2011


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Debout sous la neige, l'enfant était planté là. Juché sur ses treize ans, il se serrait dans ses bras, un revolver à la ceinture. Il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait là, mais il ne voulait pas en bouger. Perdu dans son monde silencieux, il écoutait simplement le son imperceptible des flocons qui descendaient vers la couche craquante de blanc immaculé sur laquelle il était juché. Au loin, les lueurs enchanteresses de la ville faisaient un halo féerique de petites boules dorées flottant au dessus du paysage pur. Une petite étoile s'accrocha à ses longs cils, sans lui arracher la moindre expression. Sûrement qu'un autre enfant que lui aurait souri, émerveillé. De toute façon, un autre ne se serait pas trouvé là, à plusieurs kilomètres de la ville, seul et impassible au milieu de la tempête.

Son petit nez un peu moucheté se plissa à peine sans raison apparente, et le vent secoua férocement ses cheveux blonds. Il promenait sur la campagne un regard d'aigue marine, les lèvres bleuies de gel, mais sans trembler à la morsure du froid. Dans le pays d'où il venait, il faisait bien plus froid qu'ici... Maëloïs Ragna, Maël plus couramment, était arrivé de Norvège deux ans plus tôt, envoyé rejoindre son frère aîné par ses parents. Issu du peuple sâme, il connaissait bien le froid et les durs hivers. Mais pas la solitude. Pas plus qu'il ne l'acceptait. C'est ainsi qu'il avait, à force de regards doux et de services joyeusement rendus, obtenu son plus fidèle ami, au grand damne de son cousin.

Un petit nez noir, des yeux aussi bleus que ceux de son maître, la fourrure rousse et crème, gros comme un poney, le chien-loup bondit hors du blizzard le museau barbouillé de sang. Son maître l'emmenait chasser régulièrement la semaine, pour qu'il se sente bien. Moitié laïka sibérien, moitié loup canadien, il ne manquait jamais de revenir à ses pieds une fois la chasse terminée. La petite main enveloppée de fourrure de lapin se glissa sur le crâne du formidable mâle, gratta ses oreilles, sa nuque, obtenant un gémissement ravi. Les Ragna n'aimaient pas les chiens. Ici, les Ragna étaient des félins, de véritables fauves. Mais dans la mémoire du jeune garçon, le village des sâmes dansait encore. Il se souvenait des attelages venus des forêts impitoyables, il repensait à la première fois qu'il avait conduit un attelage, et à son chien personnel, Torok. C'était un husky tout ce qu'il y avait de plus pur, noir et blanc, les yeux vairons et une rage inouïe dans le corps. Souvent, il l'avait vu se battre. Perdre, jamais. Torok était mort vieux, et invaincu. Et ainsi serait son homologue américain.

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"T'étais où ?! -Nulle part... -Tu me réponds, microbe !! -T'as picolé. Fermes ta gueule et fous moi la paix." Un éclair fou traversa le regard émeraude d'Amarok, fixant le mouvement lent de son cadet qui retirait lentement sa veste de fourrure pour la suspendre dans l'entrée, secouant ses cheveux dorés pour en décrocher la fine couche de neige accrochée dans les mèches soyeuses. L'énorme chien de traîneau se profila dans ses jambes, et le brun retint un geste meurtrier. La bête l'aurait égorgé. Il quitta la pièce, et se fit petit. Assis sur le canapé de cuir gris, Kaèr attendait.

Maël croisa le regard d'or, contrôla un frisson, et ne se démonta pas. Ton frère a demandé où tu étais allé, petit. On s'inquiétait. Lentement, un rictus déforma le visage juvénile, et le garçon croisa ses bras nerveux sur sa poitrine. Et si je n'ai pas répondu, c'est parce que je ne lui dois rien. Qu'il me jette à la rue, je m'en moque, je connais la faim et le froid. Continues à me faire chier Kaèr, et tu prendras mon poing dans ta gueule sans comprendre ce qui t'arrives. T'as qu'à me trouver un truc à faire si tu veux pas que je trotte à droite à gauche. Un tic agita la bouche pâle, devenue presque blanche en dégelant, et le parrain dévisagea son jeune cousin, incrédule. Jamais un enfant ne lui avait ainsi répondu. Amarok était un bon élément, mais avait un fond sincèrement bon et le monde de la nuit rongeait sa raison jour après jour. Dans les yeux de Maël, ne dansait aucune fierté féline. C'était la haine, la rage, la sauvagerie, la volonté de vivre coûte que coûte en servant un maître, en gardant cependant la possibilité de s'échapper sans prévenir, comme de la fumée. C'était la fureur des loups. Au niveau de sa cuisse, le chien découvrit les crocs, sentant presque les pensées de l'homme avachi dans le cuir. Tais toi, mon Baïkal. claqua la voix jeune. Et puis, plus rien. Il avait tourné les talons.

*

Il frappa, une fois encore, plus fort que le coup précédent. Hors de son corps, n'appartenant pas à ce monde, il envoya un coup de pied suivi d'un poing violent sur son adversaire, et du sang éclaboussa son visage. Ses phalanges étaient enserrées d'un poing américain, et il entendait aboyer Baïkal, jaloux de la bataille de son maître. Pour beaucoup, il était trop jeune pour cette violence, cette rage furieuse et animale, mais il l'avait décidé. C'était assez, assez d'humiliations, d'ennui, de désœuvrement. Autant lâcher prise. Et au revoir à la gentillesse, les choses correctes, la vie normale. Au revoir. Son monde n'était pas celui qu'il aurait imaginé, petit. Ce n'était pas celui de la nature. C'était celui de la race humaine.

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