Reality
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


La réalité est une force. La vie en est une autre
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Partagez
 

 Every story has a beginning

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Amarok U. Ragna
Amarok U. Ragna
« Mafia »

Avatar : Booboo Stewart
Every story has a beginning Tumblr_md4vgfHtNw1r2zu7yo1_500
Messages : 44

Every story has a beginning Empty
MessageSujet: Every story has a beginning   Every story has a beginning Icon_minitimeVen 12 Déc - 1:51

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hiver 1994-1995


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Mes yeux s'ouvrent lentement sur la lueur du brasero qui subsiste au centre de la maison. Il fait sombre dehors, comme tous les matins, mais j'entends s'affairer les villageois dehors. Je m'extirpe des peaux de bêtes, enfile mes vêtements d'hiver et me rue dans le village sans perdre une seconde. Ce matin mon père revient. Ce matin, tout reprends sa place. J'évite un renne, un femme chargée de peaux et atteint le centre du village en sautillant, rejoint par Kuruk qui galope souplement près de moi. Je lui adresse un immense sourire, et freine devant les cavaliers. Mon père est monté sur un grand cheval gris immaculé, et ses hommes sur des rennes tout à faits banals. Je relève la tête pour lui sourire, mais son regard me glace le sang et je recule d'un petit pas, intimidé. C'est la première fois qu'il me regarde ainsi. Welcome back, father. Il fronce les sourcils, et dégaine son sabre sans un mot. Il redresse mon visage de la pointe, et la lueur des feux chauffe mon visage. Hmm. You son haven't change. Still as bad raised as your animal. Go on, get off. Son regard croise celui de ma mère, accusateur, et m'en lance un plein de haine. Mon père ne sait il pas que ce n'est plus elle qui s'occupe de moi ?

La nuit est là, la vraie. Mon père hurle sur ma mère, et elle vient me trouver. Elle saisi mon épaule, et me traîne devant son époux. Les bras croisés, il me toise avant de venir prendre mon menton entre ses doigts. Je peux voir sa déception dans ses yeux, mais autant que le dégoût qui danse dans ceux de ma mère. He's really pathetic Loona. We'd better be getting rid off him, have you seen his eyes ? We do not keep a clear eyed boy. My blood is enough to make us feared. Ma mère acquiesce, et relève mon visage en tirant sur mes cheveux. We could sell him to the other tribes. Or turn him to a bannished. As your brother's son. Un sourie s'étire sur les lèvres du chef, et il passe son bras autour des hanches de Loona. Your genius amaze me, honey. I'll ask Luten to take him, he'll sell him to some one. J'ouvre la bouche pour protester, et ma mère cingle mon visage d'une grosse gifle pour m'intimer le silence. Elle dit que je n'ai pas mon mot à dire, puisque de toute façon je suis soumis à la loi du chef et que je ne sers à rien dans sa vie. Vipère.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Je pose mon petit mot près du brasero. Dehors, je réveille Kuruk et je vole les cinq chiens de traîneau de mon oncle. Je charge des caisses de viande et de poisson séché et salé. Je garni mon traîneau de peaux, et les chiens se mettent en position. Le lynx se place devant l'attelage, et je donne le départ. La longue nuit ne prendra pas fin avant de longs mois, mais je n'en ai rien à faire, plutôt mourir de faim comme un homme fier et libre qu'en enfant paria dans un village que je ne connais pas. La neige tombe par épais rideaux. Je sais à la position des étoiles quelle heure il est, et je continue de filer pendant des heures, ravi que les flocons camouflent ma piste. Ulvunge, le chien de tête, avance sans hésitation. Il sait où il va. Cette seule pensée me rassure, et je voyage ainsi pendant un temps interminable. J'eu neuf ans en plein périple, alors que mes bases se solidifiaient, en février 1995. On dit qu'il est de mauvaise augure de naître pendant la longue nuit. Vérifié.

Il broute. En plein dans la pâle lumière des prémices du printemps, un vieux renne se remplit la panse. J'intime à mes chiens de se coucher. Ils ne sont plus que deux. Kuruk rampe dans la direction de l'animal, et je lui ordonne l'immobilité. Il est à moi celui là. Nous ne sommes pas très loin de mon village natal, c'est pourquoi je ne suis pas surpris d'entendre approcher des chasseurs. J'ai appris à me diriger à l'ouïe, c'est essentiel dans le noir de la nuit d'hiver. Je me glisse en silence près de la bête, et il tourne brusquement la tête dans la direction des voix qu'on entend. Ils n'ont donc pas repéré le renne, mais lui si. C'est l'ouverture rêvée. Il voit venir le danger à l'opposé de ma position, et sa seule option au vu de l'environnement est de me foncer dessus. Il ne s'en sortira pas vivant. Il bondit, et je saute sur lui au passage, enfonce ma dague dans sa jugulaire. Le sang bouillant éclabousse mon corps et mes vêtements, et il s'écroule dans la neige.

Les chiens des chasseurs du village, attirés par l'odeur, ne tardent pas à arriver et mon père les suit, accompagnés d'autres hommes. Son regard nocturne tombe sur moi, et un air épouvanté et soulagé à la fois traverse son visage. Je tiens mon poignard devant moi, prêt à me défendre, et a ma grande surprise il lève ses mains vers ses épaules. Amarok. Please, tell me you are. Ma tête pencha de côté, un peu en arrière. Je ne peux pas faire confiance à cet homme. It's me. L'un de ses hommes ouvre une bouche de poisson lune, et chuchote à son voisin que c'est impossible, parce qu'aucun enfant ne peut traverser la longue nuit seul. Je renifle, agacé. Et ma méfiance paye. Mon père fait signe aux chasseurs de m'attraper.  Je sors ma dague de son fourreau, et le type qui me saute dessus le premier fini sa course dans la neige, le bras tailladé et un trou dans la hanche. Le seconde hésite, et je ne fais pas la même erreur ce qui lui coûte son arc et sa cuisse. Le troisième recule. You won't get me back to town, father. I'm not yours, and anyway you did not wanted me around remember ? Il répond qu'entre temps je suis parti et je lui ai manqué. Tss, à d'autres, on ne me la fais pas. I don't care about your excuses. Leave me alone and get out of my life. You and Loona aren't anything to me.

Revenir en haut Aller en bas
Amarok U. Ragna
Amarok U. Ragna
« Mafia »

Avatar : Booboo Stewart
Every story has a beginning Tumblr_md4vgfHtNw1r2zu7yo1_500
Messages : 44

Every story has a beginning Empty
MessageSujet: Re: Every story has a beginning   Every story has a beginning Icon_minitimeDim 25 Jan - 1:08

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

17 Octobre 2000


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Les Etats Unis lui avaient ouvert le monde. Il y avait fait des rencontres, des liens, des chemins. Sa vie s'était étoffée. Mais il n'avait pas encore croisé le chemin de ce qui serait le commencement de sa perte, et de celle des siens. De cette créature qui traînerait son clan dans le gouffre du désir et de la haine, emporterait tout à la manière d'un ouragan et contemplerait, impassible, leurs corps calcinés qui lui tendaient des mains suppliantes. Il ne savait pas qu'il pleurerait des larmes hystériques, désirerait le sang comme un enfant espère que Noël vienne plus tôt, se déchirerait entre une femme qui pouvait tout lui donner et un démon qui jouait cruellement avec son âme.

C'était un jour gris, parsemé de feuilles virevoltantes. Il marchait avec son meilleur ami, discutant joyeusement d'une jeune fille de leur classe qui craquait sur le rouquin. Mely était jolie, timide mais avait la langue bien pendue et c'est ce qui faisait son charme. Ils allaient chez Tan, en riant, en dansant, en s'échangeant des chansons. Ils avaient traversé le grand parc de la ville en appréciant les filles à leur juste valeur, caressant leurs corps des yeux. Certaines gloussaient en remarquant leurs regards appuyés. Ils aimaient ce qu'ils étaient, cette popularité douce et acquise. Mais il y avait, dans les yeux du jeune héritier des Hespérides, une ombre pleine de colère. L'origine de cette haine, Amarok ne l'avait jamais rencontrée. Le petit frère du garçon, âgé de six ans, se comportait en roi dans sa famille. Tan disait qu'il était né talentueux, doté de dons exceptionnels, et d'une facilité d'expression qui avait immédiatement éclipsés son jumeau, pourtant pas moins doué. Tarek avait manipulé son univers, tiré les fils d'une vie de faste, et chassé ses frères et sœurs de l'esprit de leur mère. Bâtard, sans père, reconnu pourtant par Krisna Thompson, il écrasait les autres sans regrets, sans même y réfléchir à deux fois. Mais jamais le brun n'avait croisé l'enfant, aussi sauvage qu'un poney mustang, fuyant comme l'eau des torrents, impossible à stopper. Il ne s'en était donc jamais formalisé de cette présence invisible.

Ils entrèrent dans le parc en riant toujours, et soudain, un buisson s'agita, captant leur attention. Le norvégien croisa un regard vert vif, sauvage et défiant. Le mépris s'y inscrivait un peu plus à chaque fois que Tan ouvrait et refermer la bouche pour dire quelque chose, et l'enfant bondit dans le chêne derrière lui, bondissant d'une branche à l'autre, embarquant un jeune ocelot derrière lui. Il changeait d'arbre, s'accrochait à tout comme un animal, aussi rapide que le jeune trappeur pouvait l'être dans une forêt. Une fois à une centaine de mètres de distance, il sauta à terre et s'élança sans hésiter dans l'herbe. Il enjambait les rigoles d'eau, évitait les pierres et les chardons, coursé par son jumeau, pataud et pleurnichant, suppliant pour qu'on l'attende. Tarek n'attendait personne. Il filait loin des regards, dirigeait à la maison et parlait aux adultes avec une cruauté déplacée dans la bouche d'un enfant de six ans. Qui lui avait dit tout cela ? Les livres. Il lisait, beaucoup, bien trop. Il piquait les bouquins de la bibliothèque, ou de la chambre de ses parents. Surtout des romans westerns, ou de la psychologie, la comtesse de Ségur et même Agatha Christie. C'était son passe temps, et il y apprenait à réfléchir trop bien pour un gamin. Mais même s'il l'avait vu gambader sans crainte, Amarok n'était pas convaincu. Il avait suivi le petit garçon du regard, fasciné par cette facilité de se mouvoir digne d'un animal, mais sa curiosité n'était pas piquée au vif. Il continua sa marche derrière son ami, conscient que le silence de ce dernier révélait une jalousie sauvage.

Tarek était assis sur un balcon, accroupi plutôt, en équilibre sur une rampe. Il lançait des morceaux de pain à une bande de canards bruyants, et repoussait ses sœurs Awen et Kathleen avec hargne. Effacé à côté de lui, Mehdi volait discrètement du pain pour en lancer. Et, avec eux, les jumeaux Tiernan et Ervan tiraient la langue à la nourrice chargée des Thompson de moins de dix ans. La pauvre femme s'arrachait les cheveux, et Tarek lui envoyait des sourires suffisants, emmenant sa petite troupe dans ses bêtises. Il sauta de la rampe, et posa une main sur sa hanche, ses pieds nus et ses longs cheveux noués en masse derrière sa nuque lui donnant l'air d'un dément. Il ricanait méchamment, et il arma un galet dans son poing. La pierre heurta Awen, descendue jouer près de la piscine, juste à la tempe. Elle poussa un petit cri outré, et se retourna en criant. Elle ne récolta qu'une nouvelle pierre, cette fois au milieu de la poitrine, et la nourrice promit des punitions sévères si l'enfant ne s'arrêtait pas tout de suite d'être méchant. Le roux croisa le vert émeraude des yeux norvégiens, et son rire méprisant murmura dans l'air. Vous feriez mieux de vous mêler de vos affaires, Leony ! Vous ne me dirigerez pas plus mes parents, eux même ne sont pas fichus de comprendre que je leur serais toujours supérieur ! Mehdi couina par réflexe quand son jumeau leva son bras pour lancer une pierre sur la pauvre gouvernante, et les enfants disparurent dans les étages. Arrivé là, Amarok était déjà, sans le savoir, devenu l'une des victimes de cet enfant. Fasciné, piqué au vif, il désirait revoir son visage monstrueusement beau, croiser ses yeux insolents et suivre ses mouvements outrageusement sensuels. Tarek avait six ans. Pourtant, déjà, son corps et ses gestes appelaient au sexe. Le brun les avait crus calculés, mais ils ne l'étaient pas. C'était ainsi, il avait cette aura sexuelle autour de lui, qui collait à sa peau comme une vilaine malédiction. Et ça ne le perdrait pas. Non, ce qui perdait Tarek, ce n'était pas la cruauté, ni les punitions, les tortures, la douleur ou le sexe. Il ne craignait pas la nuit, ni le froid, ni les bêtes sauvages. Ce qui terrifiait Tarek, c'était la mort. La mort sous toutes ses facettes, et, par dessus tout, la mort violente. Et ça, Amarok l'avait su tout de suite.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

4 Mai 2004


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Il avait visé avec soin. Le jeu allait bon train, et les frères Thompson s'amusaient comme des fous. Tiernan et Mehdi couraient en tous sens, portés par la bonne humeur de Tan et de son ami, sous les clapotis timides de la petite Kathleen. Debout au bord du terrain, rêveur, silencieux, Tarek regardait passer le temps. Il ne disait rien, il ne faisait rien. Ses yeux mélancoliques scrutaient les arbres et les mouvements créés dans l'herbe par le vent. Son corps portait encore les marques de la nuit passée avec lui, des traces timides et estompées. Il n'avait pas changé de comportement depuis, il n'était ni mieux, ni plus mal. Oui, il avait visé avec soin, analysé les situations, préparé son coup. Il voulait lui faire mal. Mais il ne voulait pas le blesser comme il allait le faire. La balle avait roulé dans les pieds du petit garçon, et il l'avait regardée sans rien faire, vide. Tan, agacé, s'était avancé vers lui pour le secouer un peu, et le rouquin lui avait décoché un de ces coups féroces qu'il portait aux gens qui le touchaient depuis la mort de son frère aîné. Fou de rage, Tan avait levé sa main, et la voix du brun avait claqué dans l'air comme un fouet. Non. Sèchement, fermement, comme un cri désespéré. L'enfant l'avait regardé, surpris, indécis, plein d'une méfiance évidente. Il ne bougeait pas, mais ses muscles témoignaient de l'activité de son corps prêt à fuir. Mêles toi pas d'ça, Am ! Ce petit microbe mérite des claques ! On dirait un zombie en plus ! Tan avait fait un grand geste de la main vers son frère, plein de haine. Tarek avait mordu. Fort, sans pitié, dans la chair et les os, ses ongles plantés dans l'avant bras qui avait saisi son col. Alors, il s'était approché en courant, avait fait mine de soutenir son ami, et décoché un violent coup de batte de baseball en plein dans la tempe fragile de l'enfant. Tan avait hurlé que ça lui servirait de leçon au moment même ou le petit roux se pliait, les mains sur l’œil droit, du sang coulant entre ses doigts. Mehdi se figea, fixant le sang qui gouttait lentement dans l'herbe verte et la poussière dorée du chemin. Tiernan, paniqué, s'approcha et posa sa main sur l'épaule de son cadet, se voulant rassurant. La petite main ensanglantée se leva, gifla la plus grande et Tan lui força le menton vers le haut.

Il s'était senti mal. Très mal. L’œil gauche de l'enfant était écarquillé par le choc, brillant de larmes, et l'autre n'avait pas tenu le choc. Crevé, dégoulinant de sang, il n'avait plus rien d'un œil. Tan avait reculé d'un ou deux pas. Puis il avait tendu la main vers son frère, et le gamin lui avait filé entre les doigts. Il avait plaqué sa main à nouveau sur son œil, sans rien dire, et pivoté sur ses talons pour fuir. Plus tard, il s'était évanoui de douleur sur la terrasse, fiévreux, tremblant, délirant. Amarok se tenait debout sur place, en état de choc, bafouillant des choses sans aucun sens. Mehdi le maudissait, accusait, et Tiernan aussi. Il hurlait que le viol n'avait pas suffi, qu'il avait besoin de le briser un peu plus, qu'il n'était qu'un monstre. Indécis, le brun balançait d'un pied sur l'autre, incapable de décider quoi faire. Finalement, la balle de baseball lui fut projetée dessus par Mehdi, déchaîné par la haine, et il avait fui. Il avait fui le rejet, fui ce qu'il avait fait. Il avait fui ce regard vide qui le contemplait alors qu'il s'échinait à chercher un moyen de faire plaisir à cette créature sortie de nulle part, ce regard si calme et détaché de tout. Il avait fui le souvenir aussi, le souvenir de ce même regard autrefois teinté de mépris et de suffisance mal placée. Ces yeux pleins d'une vie débordante et insolente, qui ne demandaient qu'à être aimés pour autre chose que son 'à part', à croquer la vie à pleine dents. Et il avait fui ce qu'il devenait.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Il courait dans les rues de Milwaukee, comme un animal traqué, avec le désespoir des gens qui se haïssent. Il courait droit devant lui, un rythme brutal battant dans ses oreilles, c'était son cœur. Son portable sonnait dans sa poche, c'était son cousin. Un regard bleu croisait un regard vert, et c'étaient Maël et Tarek. Il secouait vivement la tête, chassant les images, fuyant de toutes ses tripes ce que la vie formait dans son cœur. Il repensait au sang sur ses mains, le sang de cette fille de sa classe qu'il avait assassinée sans pouvoir s'en souvenir. Il se souvenait d'elle contre son corps, de son souffle, d'une douleur dans son épaule puis c'était le trou noir. Ensuite, il était revenu à lui et elle était là, allongée par terre, et il y avait du sang partout. Les murs étaient tâchés, et elle gisait là, comme une poupée cassée. Ses yeux vitrés contemplaient le plafond, et son bras était levé au dessus d'elle dans un geste plein de grâce innocente. Il s'était dit qu'elle était belle ainsi. Et alors il avait vomi. Puis il avait pleuré. Et ensuite, encore, il avait couru. Le plus loin possible, les tympans massacrés par une musique déchirante qui faisait vibrer ses oreilles mais il s'en moquait. Il fuyait la folie.

Elle le guettait. Il la voyait, il voyait même bien, qui rôdait, qui s'emparait de lui dès qu'elle le pouvait. Il se voyait s'offrir toujours plus, fermer les yeux et donner son âme pour échapper aux souvenirs et à la souffrance. Il rêvait de mort, de son propre corps brisé et sanglant, achevé, abandonné aux corbeaux dans la neige ou un champ de blé, des falaises si c'était voulu ainsi. Il avait peur. Parfois, il fermait les yeux, et il sentait les mains cruelles de sa mère sur sa peau. Il entendait résonner son rire calme et mesuré, ses soupirs déplacés, il sentait la douleur sur son corps, la honte étouffante. Il suppliait, il criait, mais on ne l'écoutait. Alors il se laissait aller à la nuit, la nuit des loups, la nuit des fauves et du froid mortel. L'étau de la rage vengeresse se resserrait, et il perdait le contrôle. Il prenait son pied, puis il redescendait et il hurlait à la mort au fin fond de la ville. Ou bien il allait frapper chez Kaèr, il ne disait rien quand la porte s'ouvrait et se laissait écraser le visage dans les oreillers, taisant ses cris de plaisir, oubliant qu'il n'était rien d'autre qu'une entité condamnée à sombrer un jour dans les abîmes de la folie, aussi loin qu'il puisse s'enfuir.

Il avait eu Tan au téléphone. Tarek subirait une opération, et son œil serait remplacé par un autre, en verre. Puis ses parents l'enverraient en hôpital psychiatrique, pour l'aider à sortir du gouffre qui l'avalait lentement, sans merci. Le petit garçon n'avait pas crié, par cillé sous la douleur quand on l'avait soigné. Il avait regardé dehors, inlassablement, toujours, vers les étangs. C'était comme si son être tout entier suppliait cette eau noire, spectatrice impuissante du charnier passé, de le tuer. Il tournait autour de l'eau des heures parfois. Amarok pinçait ses lèvres, gêné, incapable d'avouer à son ami que le tueur qui avait été condamné était innocent. Il s'en sentait tout à fait incapable. Ce soir là plus encore. Tan avait prétexté une chute en jouant au rugby, une mêlée qui avait mal tourné. Étrangement, ses frères avaient soutenu le mensonge. Et au bout du fil, la voix de Tan avait changé. Il semblait bizarre, mal dans sa peau, coupable. En raccrochant, Amarok avait prit un couteau, et il était sorti, il avait trouvé une vache innocente, et il l'avait massacrée, secoué par des sanglots fous, possédé d'une rage aveugle. Au matin, il s'en souvenait. Couvert de sang, le corps de son petit frère agité de convulsions terrorisées serré dans ses bras. Maël hoquetait, avait vomi au bas du lit, et le brun portait dans le dos des marques de griffes profondes et suintantes. Il avait compris, puis il s'était souvenu. Il avait finalement plongé, brutalement, sans pouvoir rien faire, et le désir de meurtre vibrait férocement dans ses veines. Il avait détruit un enfant pour le plaisir, violé son propre petit frère de huit ans, et vendu son âme aux dieux infernaux. Il le savait cette fois.

Au matin, il était allé voir Kaèr. Il l'avait regardé de ses yeux verts qui s'étaient animés de colère, et il avait demandé un poste. Celui de l'assassin, le vrai, qui massacre proprement, discrètement et sans la moindre merci. Son cousin n'avait rien demandé, lui avait remis un sabre effilé, un revolver, et un contrat sur lequel il avait apposé sa signature torturée. C'était un départ sans arrivée, une ligne qui menait, inévitablement, à la mort. Il en était conscient, et il faisait son choix. La mort serait ses souvenirs, sa vie, son futur et sa maîtresse. Pour le meilleur, mais, surtout, le plus possible, pour le pire.

Revenir en haut Aller en bas
Amarok U. Ragna
Amarok U. Ragna
« Mafia »

Avatar : Booboo Stewart
Every story has a beginning Tumblr_md4vgfHtNw1r2zu7yo1_500
Messages : 44

Every story has a beginning Empty
MessageSujet: Re: Every story has a beginning   Every story has a beginning Icon_minitimeLun 26 Jan - 20:15

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
2 Février 2009


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Il l'avait rencontrée par hasard dans les rues de New York City, sans même la chercher, juste comme ça. Ses cheveux blonds la poursuivaient avec une légèreté hypnotique quand elle dansait, et c'est ce qu'elle faisait le mieux et le plus. Debout dans le kiosque nord de Central Park, elle dansait, sans musique. Un enfant aussi blond qu'elle restait assis près du kiosque, ses yeux bleus pleins de naïveté poursuivaient les oiseaux frigorifiés par l'hiver. Et elle était belle. Fils, frère, il se moquait bien de ce qu'elle pouvait cacher. Il se dissimulait derrière un énorme chêne biscornu, et il la regardait exprimer sa détresse solitaire sans jamais se montrer. Pourtant il voulait lui parler, il voulait voir son visage de près, capter un rayon de ciel dans son regard d'enfant. Elle ressemblait à une fée en apesanteur, mais hélas, il rêvait d'elle de la mauvaise façon. Il la désirait, mais pour la détruire. Sa fierté muette le rendait fou, il voulait la plier à son autorité, la faire prisonnière comme on enferme un colibri. Il ne pouvait pas le faire, heureusement. Il parvenait à se l'interdire, à s'y tenir. Si seulement elle avait pu cesser de danser avec cette douleur palpable...

La nuit, à Central Park, l'hiver murmurait. Les gens de l'ombre peuplaient les recoins, et il aimait se poster sur une branche, pour regarder vivre la nuit. Il jouait avec son couteau norvégien, fasciné par sa finesse inébranlable et son éclat inaltéré. Il l'avait achetée encore enfant, dans les bois, un jour qu'il courait avec les loups. Il aimait les loups, au contraire de ses collègues de travail. Il leur trouvait une civilisation plus poussée que les fauves. Seuls les lions vivaient en groupe, et pas aussi bien que les immenses meutes de loups des pays de la neige. Il s'était fait accepté dans les meutes, il les avait accompagnées, avait chassé à mains nues et plongé ses dents dans le sang encore palpitant de vie. Ce jour là, il avait rencontré un marchand. L'homme lui avait dit qu'il avait l'âme intrépide et fourbe, avait certifié que la lame était faite pour lui et la lui avait vendue pour un rien, un simple croc de loup qu'il portait autour du cou. Le couteau brillait, et il jouait des reflets bleus de la lune sur son tranchant. Son pays lui manquait cruellement. Il rêvait de chasse, de fuite effrénée et de liberté. Mais les Etats Unis n'offraient plus cette liberté, plus maintenant qu'il avait choisi son monde de ténèbres. Son cœur restait sauvage, mais sa vie s'était dévouée à un homme. Il lui devait beaucoup. Mais pas assez pour lui obéir. Il chantait à voix basse dans le parc, les yeux fixés sur la jeune femme court vêtue qui marchait seule dans les allées.

Il se doutait bien qu'elle était méfiante, farouche, mais il ne prévoyait pas de la rencontrer de près comme il le fit. La lune perçait la couche de pollution de la ville. Il pistait une jeune femme aux cheveux d'or foncé, qui courait désespérément dans les chemins, fuyant entre les arbres. Il la suivait rapidement, fluide, comme un animal. Elle avait opéré seule dans son dos, alors qu'ils devaient travailler ensembles, terminer leur mission coûte que coûte. Elle l'avait trahi. La rage qui vibrait dans ses paumes lui donnait le tournis, et il ne parvenait pas à la contrôler. Il se sentait partir, luttait avec le désespoir d'une créature à l'agonie, et courait toujours. Il la coinça dans un coin, le mur derrière elle, et croisa son regard terrifié. Il ne contrôlait plus rien. Il criait. Marnie ! Tues moi ! Tues moi, je t'en pries, je ne veux pas te faire de mal ! Elle le regarda sans comprendre, tremblante, balbutiante, qui s'approchait d'elle en se débattant contre une force invisible, le visage ruisselant de larme de panique, la rage dansant dans ses yeux verts. Je ne comprends pas.. Amarok, je ne comprends pas.. Qu'est-ce qui t'arrives ?! Re-recules, tu me fais peur ! Vas t'en !! Il se battait, et il ne pouvait pas s'arrêter. Sa lame tremblait devant lui, il se sentait hors de son corps, comme capable de se voir. Il hurlait sur sa coéquipière de fuir, débordant de haine et de tristesse, perdu par son propre comportement. Elle ne l'écoutait pas. Il avait bondit, furieusement, criant qu'elle s'écarte. Sa lame s'était enfoncée dans la pierre, profondément, et il avait cessé de trembler. Marnie, ébranlée, le regardait fixement. Ou plutôt, elle regardait le noir derrière lui.

Elle était là. Moulée dans une jupe tailleur, une chemise bouffante sur le buste, juchée sur des escarpins bleus nuit, elle les dévisageait. Ses cheveux blonds noués en chignons lui donnaient l'air d'une jeune fille de bonne famille échappée d'un pensionnat. Quelques mèches dépassaient de sa coiffures, retombant avec une malice certaine sur autour de son visage d'enfant. Elle ne disait rien. Mais elle jugeait, impitoyablement, en silence, à la façon de Tarek quand il vous sondait de son œil unique, le nez relevé et les sourcils froncés, sa moue fière aux lèvres. Oui, elle avait bien cette expression d'enfant autrefois riche et fier...Il avait arraché sa lame hors du mur, et fuit. Il ne comprenait pas ce qui lui avait prit, pourquoi n'avait il pas été capable de se contrôler, de stopper la rage qui avait prit vie dans ses mains ? Pour la première fois depuis longtemps, il avait peur. De lui, et d'une femme. Cette fille, elle le perdrait. Il en était persuadé.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

15 Mars 2010


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Elle marchait près de lui, comme collée. Elle avait d'abord été farouche, s'était montrée maligne pour éviter de le croiser dans le parc, puis elle avait retrouvé son âme d'enfant. Elle le suivait partout,  curieuse, le harcelant de questions, fascinée par la mort qu'il engendrait de ses mains rageuses. Alors il lui avait donné ce qu'elle voulait, il l'avait ramenée chez lui, et il lui avait ouvert les portes de son monde de plaisirs à lui. Il pensait qu'elle s'en irait, qu'elle oublierait. Mais c'était pire. Et il y avait des années maintenant qu'elle le suivait ainsi, qu'elle capturait son cœur et qu'il se pliait à elle. Elle tirait ses ficelles, et il avait peur qu'un jour, elle s'en aille. Et puis ça arriva.

Lâches.. moi.. Tu m'fais.. mal, Amarok.. De.. l'air, je t'en.. pries.. Il serrait. Il crispait ses doigts dans le dos de la jeune fille, aveuglé de rage, tirant sur les liens de ses chevilles. Elle l'avait attachés, il l'avait laissée faire, pensant que tout irait bien. Mais non. Il n'entendait plus, il ne voyait plus, il ne pensait plus qu'au sang, à son sang à elle qu'il voulait répandre sur le tapis de son appartement conjugal. Il saisi un ciseau sur la table basse, luttant pour respirer, pour se calmer aussi. Il attrapa son poignet, retenant sa propre main, suppliant qu'elle s'éloigne, terrorisé, et les lames rencontrèrent une résistance. Un cri sourd résonna, et il éclata en sanglot alors que sa main se levait pour porter un nouveau coup. Il hurlait de terreur, mais il frappait toujours, encore. Comme possédé. Le sang brûlant envoyait de longues traînées de gouttes fines sur le mur beige, sur sa peau blanche à elle et sur la sienne, brune et sèche. Il pleurait, les yeux fixés sur les plaies qui dégoulinaient de sang et elle geignait, criait, hantée par l'idée de la mort imminente et inévitable. Et là, la porte c'était ouverte et un bruit de conserves chutant avait ricoché dans sa tête. Mary ! Mary, Mary, je peux tout expliquer, c'était accident, je ne voulais pas la tuer, je t'en pries, c'est vrai, je ne voulais pas, aides moi, aides moi j'ai peur ! Je voulais pas lui faire ça !! Eliana gisait là pourtant, et elle ressemblait à la victime d'un boucher. Mais Plume ne bougeait pas tétanisée. Elle ne dirait rien, ensuite.

Elle avait tout nettoyé, avait fait disparaître le corps, sans un mot. Il la pensait compréhensive. Mais non. Maintenant, il courait derrière elle dans la rue, suppliant de tout son être, mais elle l'ignorait. Elle tirait Naïan par la main, tenant son gros ventre, essuyant frénétiquement ses larmes de toute jeune fille. Le soleil de fin d'hiver réchauffait Milwaukee, et elle partait, c'est tout ce qu'il comprenait. Et quand enfin il la rattrapa, elle le brisa. Jamais il ne serait capable d'aimer après ça. Ou de recouvrer les restes de ses pauvres esprits. Elle retira son poignet de sa main sauvagement, et lui asséna une gifle monumentale. Son visage était déformé par la haine et le dégoût, et elle s'était redressée fièrement. Ne poses jamais plus tes mains sur moi Amarok Ragna, espèce de monstre. Tu es dingue. Tu n'as pas toute ta tête, et je ne ferais rien pour toi. Crèves tout seul. Je ne serais plus jamais ta petite amie, et Zelenka ne seras jamais ta fille ! Jamais !!

Revenir en haut Aller en bas
Amarok U. Ragna
Amarok U. Ragna
« Mafia »

Avatar : Booboo Stewart
Every story has a beginning Tumblr_md4vgfHtNw1r2zu7yo1_500
Messages : 44

Every story has a beginning Empty
MessageSujet: Re: Every story has a beginning   Every story has a beginning Icon_minitimeDim 22 Mar - 23:11

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

1991 - 1994


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Des cordes. A ses poignets, a ses chevilles, et autour de son cou des cordes. Sa peau brûlée par le frottement invitait les larmes entre ses paupières, et la fatigue anesthésiait tout ses sens. Ses yeux lourds distinguaient des formes et des couleurs, et il entendait vaguement des voix, comme sorties d'un rêve. Sa mère, la prêtresse, tournait autour de lui à la façon d'un grand oiseau de proie, et il se sentait frissonner dans son corps nu malgré la proximité du grand feu dans le temple. La peur déchirait le peu de conscience qu'il lui restait, et il tentait par petits à coups de se libérer. Suspendu au dessus du sol depuis un peu plus de 48 heures, presque déshydraté, son corps s'était fait mou et fragile. On était venu le chercher en pleine nuit pour l'attacher là. Il ne comprenait pas.

Au matin du troisième jour, alors qu'il perdait de plus en plus pied, une vierge du temple vint lui verser un seau de glace tout juste fondue sur le corps et il reprit brutalement conscience, son cœur explosant dans sa poitrine sous l'effet du choc thermique. La douleur de sa tête lui donnait envie de mourir. La prêtresse s'approcha, une petite dague dans la main, et il se mit à pleurer. Rien de ce qui se passait n'avait de sens. Il sentit la paume de ses mains être tournée vers le ciel, et une terrible morsure remonta le long de son bras. Il hurla brutalement sous le coup de la surprise, et tourna la tête pour voir sa propre mère taillader ses paumes avec la petite lame. Et puis la raison de tout cela se révéla. Faire sortir les démons. Il supplia, au fil des blessures, perdu entre terreur et colère, bien trop épuisé pour se défendre contre les cordes. Seulement, ce qu'il allait traverser, il n'y était pas du tout préparé tant par son âge que son naturel enjoué et plein d'espoir. La souffrance qui traversa ses reins le plia en deux, d'une violence inouïe, alors que cette femme en qui il avait eut confiance toute sa petite vie enfonçait un phallus contrefait dans sa chair. Il haletait pour trouver de l'air, se contorsionnait entre les liens brûlant et sciant sa chair, les yeux hantés par la vision des femmes qui lui imposaient cette torture tour à tour. Finalement, il planta ses dents dans sa lèvre inférieure et attendit. Il attendit que ça cesse, que ce soit la douleur ou sa vie, il ne voyait plus la différence. Son cœur avait ralenti plus que de nature, et il fixait les étincelles qui s'envolaient vers le plafond de ses yeux vitreux. Le sang qui perlaient entre ses dents glissait sur sa gorge, mêlé de larmes muettes, sans que rien ne s'arrête. Ce qu'il avait fait de si mal pour que ce traitement se mette en marche, il l'ignorait. mais les choses, à partir de ce jour, se répétèrent inlassablement...

*

Les mains qui accaparaient son corps avaient cessé de lui faire tourner la tête depuis les années que la calvaire se répétait, dans l'ombre, là où personne ne viendrait voir. Ses lèvres se s'ouvraient plus, et il refoulait douloureusement son envie de vomir au fil des différents viols perpétrés par sa mère et ses suivantes. Il se sentait flotter, en dehors de ce corps qu'il commençait à haïr. Dehors, il se muait en bête sauvage, terrorisé par les mains qui se tendaient vers lui ou les appels insistants. Mais, comme cette même bête, mâté par celle qui l'avait arraché à son innocence, jamais il n'osait résister à ses ordres et accourait la tête basse et la queue entre les jambes, triste et abandonné. Il ne pouvait pas lutter contre elle. Il passait des heures à s'oublier au milieu des étincelles au plafond du temple, silencieux et passif, complètement insensibilisé par la catharsis. Jusqu'à ce jour de fuite, où il avait cru qu'il se libérerait, ignorant que la hantise de cette enfance violentée le poursuivrait où qu'il aille.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

1997


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Son corps pressé dans les draps soyeux de Kaèr lui pesait, et il rêvait, il rêvait toujours de liberté alors qu'on bafouait à nouveau son corps. Si son cousin l'avait arraché à la Norvège, ce n'était sûrement pas pour lui venir en aide mais pour l'avoir à sa solde. Il le savait, mais il avait suivi quand même, espérant un peu de chaleur. C'était tellement idéaliste... Ses doigts labouraient lentement l'oreiller, s'ouvrant et se fermant, et peu à peu ses sens s'éveillaient autrement, au plaisir. Ses lèvres se rouvraient doucement, il recherchait le contact qui réchauffait son cœur glacé par le manque et les longs hivers. Il se construisait sur ce que les femmes lui avaient apprit : le sexe. En apprenant à y trouver du réconfort, il les laissait gagner et faire de lui le démon soit disant vu en lui alors qu'il n'était qu'un tout petit enfant.Le loup en lui hurlait sa peine, mais il l'avait encagé et son esprit s'était refermé, sourd et aveugle aux appels de la forêt qui aurait, et elle seule, pu le sauver.

Ses yeux verts fouillaient le plafond, et ses larmes souillaient le lit. Il était secoué de sanglots hystériques, et son cousin le serrait contre lui, murmurant des phrases rassurantes qui n'avaient pas de sens à ses oreilles. Sa respiration hachée lui faisait mal dans la poitrine et il avait des convulsions douloureuses. Le visage dur de sa mère dansait devant son regard vide, il se débattait contre elle mais elle continuait de lui faire mal, de plus en plus fort. Ses ongles entamèrent la peau de Kaèr, et le second du jeune parrain des Panthers vint râler qu'il avait assez de se faire réveiller au beau milieu de la nuit par un sale gosse pleurnichard. Son regard méprisant croisa le vert émeraude, et le jeune norvégien baissa les yeux, ses poings plus solidement fermés sur la chemise de con aîné. Il tremblait doucement, luttant vaguement contre son hoquet chagriné. Les Etats-Unis, jusque là, ne se révélaient pas aussi charmants que dans les rêves communs des enfants étrangers. Ses nuits étaient houleuses, il suait et se réveillait en hurlant parfois plusieurs fois dans une même nuit. Les dents plantées dans son doudou, les ongles enfoncés dans le tissu des draps, il se débattait avec ses souvenirs tenaces. Pour contrer ses angoisses, Kaèr décida qu'il lui fallait se sentir plus puissant. Mais tuer n'arrangerait rien.

Ce premier meurtre humain détruisit une part de lui bien plus grande que les sévices des prêtresses de Norvège. Le regard hanté du jeune homme, la vie qui quittait son corps, le sang sur sa peau fit éclater sa raison fragile en millions d'éclats. Aussitôt le corps effondré, il se mit à hurler sans interruption, figé, les mains encore tendues devant lui mais le poignard à terre, tombé de ses doigts glissants. Son cousin récolta une blessure profonde au cou en l'attrapant, et il devint aussi frêle qu'un petit chat en maraude. Kaèr du user de patience et de ruse pour regagner sa confiance, comme on amadouerait un cheval ou un chien. Son second, atterré, méprisa encore plus férocement l'enfant incapable de se reconstruire. Pas de violence, rien, juste le vide laissé par la torture. Persuadé d'être un démon, Amarok posa les premières pierres de ce qui ferait sa folie, se mourant du désir de vengeance sur les femmes traîtresses qui amadouaient les hommes et délirant de terreur à la vue de la moindre goutte de sang. Son esprit vacillait doucement, sous les yeux impuissants de son cousin qui ne comprenait pas. Le jeune garçon se fit ombre, disparaissant dans le noir des longs couloirs. Jusqu'à ce qu'il croise le chemin d'un opposé fait de lumière et de vie. La lumière attire les créatures de l'ombre, et les dévore doucement. A moins que ce ne soit l'ombre qui, incapable de la supporter, l'éteigne de toutes ses forces. Amarok n'aimait pas la lumière. Brillant près de lui, feu craquant, elle ne l'avait pas secouru. Et au contact de Tan Thompson, sa vengeance, elle, allait enfin se réveiller. La catharsis ne peut être éternelle. Et quand son rideau se lève, la bête, assoiffée de sang, prend alors son dû.

Revenir en haut Aller en bas
Amarok U. Ragna
Amarok U. Ragna
« Mafia »

Avatar : Booboo Stewart
Every story has a beginning Tumblr_md4vgfHtNw1r2zu7yo1_500
Messages : 44

Every story has a beginning Empty
MessageSujet: Re: Every story has a beginning   Every story has a beginning Icon_minitimeDim 17 Mai - 1:19

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

1997


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Le tonnerre éclata sombrement au dessus du village, et les portes arrières du QG s'ouvrirent avec un fracas assourdissant. Amarok se redressa brutalement dans son lit, un cri dément franchissant ses lèvres avant même qu'il ait eu le temps de penser à le retenir et ses larmes dévalèrent sur ses joues sans perdre une seconde. Dehors, la pluie faisait un bruit incroyable. Une lumière s'alluma dans le couloir, et il plaqua ses mains sur ses yeux, hurlant toujours avec cette démence incontrôlable qui faisait trembler et convulser ses muscles, complètement terrorisé. Un éclair scinda le ciel, et il se mit à crier de plus en plus hystériquement, reprenant son souffle par courtes saccades, comme possédé et son cousin déboula dans la chambre d'un seul coup pour se jeter sur lui et l'envelopper de ses bras. Il passa doucement ses doigts dans ses longs cheveux noirs, et croisa le regard rempli de mépris et de haine qu'Alec, adossé à la porte, posait sur l'enfant qui couinait encore de terreur entre ses sanglots. Son second se décolla lentement du battant, hautain, et disparu de sa marche fière dans le dédale des couloirs. Oh, Kaèr savait bien que ses hommes se moquaient et critiquaient sa décision de garder le petit ici, alors qu'il les réveillait en pleines nuits ou essayait certains jours de s'enfuir tel un loup en cavale. Mais malgré son envie de se servir de la destruction du cœur de son jeune cousin, le grand chef s'était attaché à cette bouille déterminée qu'un seul geste pouvait transformer, à ces yeux si perdus qui cherchaient sans relâche, désespérés, un repère en ce monde.

Il se serra contre l'enfant sanglotant, qui se tendit en hurlant contre ses oreillers alors que le tonnerre résonnait à nouveau dehors. Il suppliait en sami, se griffait les bras, fourrageait dans ses longs cheveux noirs défaits pour dormir. Cette petite créature, si forte au cœur de la forêt sauvage et impitoyable de sa Norvège adorée, se trouvait parmi les hommes complètement fou de peur. Un jour qu'il déambulait timidement dans les couloirs, une rencontre avec Alec, qui l'avait toisé de son regard le plus glacé, l'avait envoyé tout droit dans sa chambre et délirant, se débattant pour s'enfuir. Son esprit humain ne tenait plus qu'à un mince fil dont chaque lien de tissage était fragile. Et déjà, beaucoup avaient cédé. L'animal avait peu à peu enfoui l'humain, pour ne laisser que la peur protectrice et l'envie de tuer pour vivre. Mais pas des gens. Non, pas des humains...

Today, I have a very important mission for you, Amrok. L'enfant releva la tête de ses dessins finement réalisés à l'encre, curieux. Trop craquant, pensa alors le parrain, gaga, avant de se gifler mentalement. Un soldat, rien de plus, un soldat ! Really, what ? Cette petite voix, adorable, et.. Non !! Ce môme allait le tuer, si dangereux et pourtant si frêle, avec ses sourires doux et timides, comme un chien viendrait chercher sa récompense... Il repensa à lui, quand il était encore en Norvège, cet été là.. Amarok n'avait que trois ans quand il l'avait rencontré. Avant que sa mère ne se mette à l'isoler, chuchotant avec sécheresse qu'il était maudit et ne devait pas sortir du village.

*

Le gamin sauta du haut de sa petit balançoire, et fonça vers son cousin, son visage plein de vie rayonnant de bonheur. Il déposa sur sa tête une couronne de fleurs des bois, pleine de couleurs pastel et d'odeurs douces. Flowers ! Tout fier, il sourit, et sa mère l'appela doucement. Il fit demi tour, soulevant dans son sillage des papillons or et bleus, et agita sa main en au revoir, tendant sa petite menotte à la belle brune. Un doux sourire s'étira sur les lèvres du grand brun, et il regarda partir le petit. Il babillait, racontait, s’émerveillait tout grand des quelques histoires de sa mère, la bouche grande ouverte. C'était un ange, un petit ange qui rayonnait d'amour et d'envie de donner, comme s'il avait échoué là par mégarde ou erreur du ciel. Il offrait, s'occupait en silence dans les champs ou les bois.

Kaèr soupira. Il en avait des milliers, jusqu'aux trois ans de l'enfant, des souvenirs comme ceux ci. Il tournait sa tête vers ses parents qui appelaient, et accourait de la lisière des bois, des fruits pleins les bras. Ou bien il galopait au milieu d'animaux sauvages venus le renifler alors qu'il dormait et le collaient à son réveil, inexplicablement. Ou il fredonnait des airs aux oiseaux, et ceux ci l'entouraient, comme pour l'écouter. Parfois, il sautait en haut des arbres pour "scrutinizing the woods, papa, scrutinizing the woods" qu'il glapissait en battant joyeusement des mains. Un jour qu'il était tombé dans une flaque de boue et pleurait, adorable, Kaèr s'était levé d'autour du feu où la famille mangeait, et était allé s'accroupir devant lui pour lui tendre un morceau d'os ciselé, rond, peint d'encre. Les yeux verts s'étaient faits immenses, teintés de fascination, et puis il avait dit tout bas, timide "That's.. That's beautiful... -I'm givin' it to you, Amrok. Take it."

*

I.. I would like you to go to Mrs Mendelssohn, you know, the pretty woman with silver hair who lives at the end of the street ? She has got something for me. Will it be allright, outside ? L'enfant eu l'air perplexe, fit une moue. The woman with husky dogs ? Kaèr acquiesça. Okay. Seulement ça ?! eut il envie de hurler -mais il se retint. Le garçon n'avait pas besoin de plus de brusquerie que ce qu'il n'avait déjà eu. Il le laissa donc partir, et grands dieux, s'il avait su, il ne l'aurait pas fait... Amarok avait un poignard avec lui, et c'est ce qui le perdit. Alors qu'il poussait la porte de Mme Mendelssohn, surprit que les chiens ne soient pas dans le jardin, il sentit son instinct le tendre. Et pis, un jeune homme se jeta sur lui, et il dégaina sans même y penser. En réalité, Kaèr avait monté le coup, pour déterminer si oui ou non il pourrait un jour faire de l'enfant une bête cruelle capable de tuer comme un réflexe. Encore une fois, s'il avait su... Des yeux bleus gris du jeune homme, le same vit s'envoler la vie alors que lui même ouvrait des yeux immenses, et il sentit, réellement, comme on sent une blessure, un morceau de son âme se déchirer, lentement, au fond de lui. Et la déchirure saignait, faisait mal, terriblement peur aussi. Il hurla.

Chef, le petit, il n'est pas rentré. Il va faire nuit, maintenant. Kaèr bondit hors de son siège de bureau, glapissant à Alec qui faisait son rapport de dernière mission de suivre, et fonça au bout de la rue avec un drôle de pressentiment. Il enfonça la porte, et entendit immédiatement les cris hystériques de son cousin, hurlements, geignements de bête blessée. Il était là, dans l'embrasure du séjour, les bras toujours tendus devant et tremblant de tout ses membres. A ses pieds, son poignard gisait et, à côté, le jeune mercenaire envoyé là, la clavicule ouverte jusqu'à la carotide. Oh, il l'avait tué oui, il savait tuer donc, mais à quel prix ! Kaèr posa sa main sur l'épaule du gamin, et récolta la griffure la plus mémorable de sa vie, lui tailladant le cou et la nuque. Les yeux féroces d'Amarok croisèrent et les siens, et il se rua sur lui pour essayer de fuir, animal, l'humain en lui totalement endormi par le choc. Alec, une fois de plus, se contenta de toiser la faiblesse de cet être dont il exécrait la présence depuis son arrivée. En silence.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Sa main large caressait les cheveux de son cousin, endormi la tête sur ses genoux, une chaîne au poignet reliée à celui du parrain. C'était le seul moyen qu'ils avaient trouvé pour l'empêcher de s'enfuir oui de se porter des coups de lame. Le meurtre qu'il avait perpétré avait brisé quelque chose en lui, qu'il était difficile de reconstruire. Kaèr en avait prit l'entière responsabilité. Déjà, de chat sauvage, il avait fit d'Amarok un chat de salon. Maintenant, il lui fallait extraire de son cœur sa souffrance solitaire de loup. Car jamais loup ne se compterais dans les rangs de son clan. Les hommes faisaient leur rapport, tout quatre perturbés par l'enfant endormi qui ne bougeait pas d'un millimètre en dehors de sa poitrine quand il inspirait et expirait. Et puis, au bout d'un moment, ses paupières se soulevèrent, et laissèrent apparaître deux yeux d'un vert si intense que le chef de mission recula imperceptiblement. C'était la première fois qu'ils remarquaient ce regard luisant, ces yeux de chat fixés sur eux avec gravité, dureté et reproche. L'enfant se redressa, s'étira, et ignora superbement le parrain sous leurs yeux ébahis. Il attrapa un couteau, et joua avec, sans violence, sans un mot. C'était ce qu'il était. Pour le moment.

Il ne voulait pas entre dans le collège. Kaèr le poussa une nouvelle fois, sans succès. Ça commençait à l'agacer. Enough, Amrok !! Go inside, and stop being childish ! You're almost eleven now. See you tonight. Et il le planta là, austère, sans se retourner. Pour l'enfant, le déchirement se fit ressentir encore une fois. So... I'm just a drag, a demon, a weapon ? Why.. "Hé, toi ! Amrok, drôle de nom dis ! T'es nouveau ici ? Il pencha la tête de côté, surpris. Quoi ? -Tan, allons, tu vois bien que tu lui fait peur.." Le dit Tan, un enfant costaud aux cheveux roux en bataille, se tourna vers le frêle nouvel élève, et fit la moue. J'te fais peur ? Amarok sursauta au ton, et fit un pas en arrière, surpris. Il ne comprenait pas un seul mot, surtout ! Kaèr, pour ne pas le perturber plus, lui parlait toujours en norvégien... La professeure appela, et le rouquin lui prit le bras, sans attendre. "C'est bizarre, sur les listes, c'est écrit 'Amarok, pourtant tout à l'heure, ton père, il a dit Amrok sans 'a'... Comment tu t'appelles, alors ?! -Tan ! Laisses le tranquille veux tu, il vient tout juste d'arriver ! Il ne comprend ce que tu dis, le pauvre vient de Norvège, petite brute ! -Oui Madame..." Il alla s'asseoir près d'une fenêtre, comme font beaucoup d'enfants, mais pas longtemps. Déjà, l'enfant roux vint se vautrer lourdement dans la chaise à côté de la sienne, lui faisant faire un bond de cinquante centimètres sur le côté, puis la professeure lui demanda gentiment de venir se présenter, et qu'elle traduirait. Au moins, quelqu'un ici parlait sa langue... Fait exprès sans doute, d'ailleurs.

I.. I'm Amrok Ragna, nice to meet you all. Il fit une courte révérence des épaules, bien dressé par sa mère. I come from Norway, and you can call me Amarok since it seems that it is your way to say it.. I.. Like animals and, I really dislike noisy things. I hope we will be friends. C'était du par cœur, et au fur et à mesure de la traduction, quelques ricanements moqueurs résonnaient. Pas besoin de langues pour ça. Le rouge lui monta aux joues, et il retourna timidement s'asseoir à sa place, retenant ses larmes. Il voulait mourir. Mourir, et retrouver la paix de ses bois, en rêve au moins... Il n'aurait jamais du venir ici, c'était idiot, maintenant il voulait seulement que tout s'arrête. Il ne pouvait plus endurer. Hé... Je.. Je sais que tu comprends pas mais, moi, je te trouve très intéressant comme nouveau. Je sais que je suis bruyant, mais, si tu veux, je peux t'apprendre l'américain... Amis, Amrok ? Le son chantant de son nom bien dit lui fit ouvrit des yeux étranges, et la main pâle et constellée de taches de rousseur se tendit devant lui, ouverte. Hésitant, ses yeux passant du visage de l'enfant à sa main tendue, il glissa la sienne si brune dedans, et le laissa serrer. Amis... Il ne savait pas ce que ça voulait dire. Mais, dans le sourire si joyeux et gentil du garçon à ses côtés, il puisait une sorte d'espoir étrange. Et cette rencontre, plus que beaucoup d'autre et autant que bien peu, allait changer sa vie frêle. En bien, comme en mal...

Revenir en haut Aller en bas
Amarok U. Ragna
Amarok U. Ragna
« Mafia »

Avatar : Booboo Stewart
Every story has a beginning Tumblr_md4vgfHtNw1r2zu7yo1_500
Messages : 44

Every story has a beginning Empty
MessageSujet: Re: Every story has a beginning   Every story has a beginning Icon_minitimeLun 18 Mai - 23:42

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

1998


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Il trottinait derrière Tan, comme à son habitude, ses livres serrés contre sa poitrine. Ses yeux verts fixaient ses pieds, ne bougeant que pour vérifier qu'il avançait droit dans le dos de son ami. Son anglais était devenu presque parfait, mais on ne l'entendait pas plus qu'avant ni en cours ni dans la cour. Non, il se contentait de trotter derrière son premier et pour le moment seul ami, timide, silencieux, et secret. Même Tan n'en savait pas vraiment plus sur lui en dehors du fait qu'il n'avait que son cousin aux Etats Unis et avait choisi de quitter son pays -ce qu'il ne comprenait pas, vu le manque du brun pour sa terre de sang... En cours, il écoutait les professeurs avec passion, appliqué, et avait déjà hissé son niveau au dessus de celui des autres enfants de son âge, sans aucun effort apparent. Parfois, Tan en était ivre de jalousie. Aussi jouissait il du pouvoir qu'il avait sur le petit brun avec une délectation à peine -et mal- dissimulée. De toute façon, il avait plus d'allure, de charisme et de prestige que l'étranger.

Tan, en effet, était un garçon bien bâti toisant déjà plus d'un mètre soixante. Il avait de larges épaules, un beau visage, ses cheveux roux était coupés courts; il était gentil et prévenant, portait le nom de Thompson. A ce moment là, il était le seul enfant de fondateur scolarisé au dessus de l'école primaire. Son frère était en avant dernière année, et les deux suivants n'avaient que trois ans. Toujours à la mode, il portait des chaussures d'éditions limitées, des jeans dont le prix aurait pu payer un cheval et ses hauts ne se trouvaient jamais en dehors de la mode pile. Hoodies, marcels, tee shirts imprimés de jets d'encres, bracelets d'amitié et autre décalages tendances... Il était donc, pour ces dames, une sorte d'idole ce qui agaçait profondément le brun qui se voyait prit au milieu de cette gente féminine durant les pauses. Du coup, il préférait aller s'enfermer dans la bibliothèque en attendant la cloche. De son côté, il ne mesurait qu'un mètre quarante et un à peine et ses cheveux noirs lui arrivaient à la taille, tressés avec des brins de fils à la norvégienne et ramenés devant son épaule gauche. Il portait toujours les mêmes Vans brunes, des jeans percés et le même sweater blanc avec un renne tribal dans le dos, qui lui valait nombreuses piques. Jamais il ne l'enlevait, et la seule fois ou Tan avait essayé de le lui arracher, le coup qu'il avait prit l'en avait dissuadé... Ils étaient donc inséparables, mais différents. Le roux était un soleil, autour duquel gravitaient les élèves et là, si si juste là, au coin, là où il faisait noir, il y avait Amarok.

Qui rêvait d'entrer dans leur cercle...

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Kaèr leva les yeux sur son jeune cousin, incrédule, et puis sur le type furieux qui le secouait par le bras sans obtenir la moindre réaction du gamin. Cet espèce de vaurien à buté Phil sans ciller, chef !! Il l'a démoli pour une histoire de cahier un peu mouillé vous vous rendez compte ! C'est une vraie bête sauvage, j'ai même pas eu le temps de comprendre que- Le parrain leva sa main en signe de silence, et congédia sèchement son soldat pour se concentrer sur le petit garçon, dont les yeux verts semblaient comme vides. Hey. Amrok. Le regard vert se teinta de rage, et se posa sur lui avec une haine nouvelle. If you think I'm gonna explain, or beg your pardon, then shut up. I won't. I have nothing to say, to no one. Good night. Il tourna les talons, sa voix glaciale et acerbe sifflant toujours dans le petit bureau, et dépassa le second qui entrait et le regarda partir en haussant un sourcil flegmatique. Étrange, ce gosse... Il secoua la tête. Il verrait ça plus tard.

Il se jeta sur le caracal que gardait Kaèr en cage et qu'il avait libéré, fou d'une rage sans nom, désirant sans pouvoir y trouver une raison en lui le sang et le combat. Il avait tué, sans réfléchir, sans ressentir ce soir. Et il ne parvenait même pas à se l'expliquer. Les griffes de l'animal entamèrent sa gorge et son buste, et il hurla de colère et de souffrance, empoignant la fourrure à pleine mains pour retourner le félin de toute sa force. Les dents enfoncées dans la peau et les poils, il se retrouva à serrer, hurlant comme dans un coussin son désespoir. Il finit par lâcher prise, traîna le fauve dans sa cage et lui offrit à manger et à boire sans aucune crainte de morsure. Au plus profond de lui, il sentait qu'il l'avait plié à sa volonté. Il alla panser sa blessure, et dormir. Le lendemain, au collège, il arborait un bandage conséquent, et un regard nouveau. Ce jour là, il ne marcha pas dans le dos de Tan.

Il avançait à côté du roux, son sac en bandoulière nonchalamment tenu du bout du pouce sur son épaule nue. Il portait un haut sans manches en cuir, une ceinture de cuir lourd qu'il tenait de son frère aîné tué par un ours quand il était plus petit et mâchonnait un chewing gum avec une flegme tout à fait insupportable. A sa gauche, Tan le fixait bizarrement, et le brun finit par cesser d'avancer, agacé. Il se tourna vers le roux, ses yeux émeraude luisants de fureur et arrêta de mâcher. "Quoi, Tan ? Pourquoi tu me fixes comme ça depuis ce matin, c'est quoi ton 'blème ?! -Euh je.. Je.. Mais rien.. De quoi est-ce que tu parles ? -C'est parce que je marche plus derrière, c'est ça ?" Tan devint rouge pivoine. Autour, les élèves s'étaient agglutinés, curieux. Le roux ne répondit pas, chercha un moment ses mots, et pour finir sourit avec un air tristement entendu et reprit sa marche. S'ils devaient être égaux pour rester ensembles, et bien, qu'il en soit ainsi. Amarok avait l'air tellement différent, tellement en train de muer en une chose étrange, qu'il ne se sentait pas la force de lui tourner lui dos. Son instinct lui disait qu'il ne valait mieux pas être son ennemi. Car il y avait en ce petit bout de brun une espèce de colère tue, teintée de peur qui souvent, devenait effrayante. D'où elle venait, ce qu'elle était ? Ça, il leur faudrait encore un peu de temps pour qu'il l'apprenne. Alors, ils laissèrent le temps au temps. Côte à côte.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

« »


Every story has a beginning Empty
MessageSujet: Re: Every story has a beginning   Every story has a beginning Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

Every story has a beginning

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Reality :: Preza & Co' :: Diaries-