19 Juillet 2014

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Il était plus de minuit quand elle entendit sonner son téléphone fixe. Surprise, elle se tira hors du lit et décrocha sans faire trop de bruit, ne voulant pas réveiller le garçon qui dormait près d'elle. Elle s'assit sur son canapé. Hello ? -Mary ? C'était presque un soupir, et elle sursauta au son de cette voix qu'elle aurait pu reconnaître même quinze ans plus tard. Ses lèvres tremblèrent, et elle serra sa nuisette dans sa main, secouée. Elle répondit par l'affirmative, et espéra qu'elle avait mal entendu, que ce n'était pas lui. Mary, I'm sorry to call.. this late but..I just wanted to hear you. Elle tordit le bout de tissu autour de son index, et releva la tête pour retenir ses larmes. Amarok... Are you-are you crying ? Is everything alright ? Elle mordit sa lèvre inférieure, et sentit qu'une larme faisait son chemin sur sa joue. Elle pouvait l'entendre lutter pour contrôler sa respiration de l'autre côté, et sa haine pour lui s'envoler contre son gré. Son prénom, dans sa bouche, avait un sens qu'elle ne trouvait nulle part ailleurs. Il avait à sa manière de le souffler le pouvoir de le rendre plus doux encore que des lèvres de sa mère. Elle souffla. Il fallait qu'elle se concentre.

Why are you calling me ? I can't talk, I'm not alone chuchota-t-elle. Il respirait mal. Elle l'entendit presque hésiter, ouvrir et fermer la bouche comme un enfant. I-I don't know, I have just one call and I.. kinda.. wanted it to be for you. I.. had a dream about you. Elle plaqua sa main sur ses lèvres, et retint un sanglot. Un appel... Et il l'appelait elle ? Elle aurait pensé qu'il appellerait son clan. Il n'avait pas le droit de la faire se sentir ainsi, ça ne pouvait pas arriver. Oh my God. I dream about you, too. Sometimes. I suppose we never really stopped... Il renifla bruyamment à l'autre bout du fil, elle passa son bras autour de sa clavicule et de son épaule, recroquevillée sur le canapé, ses cheveux comme une couverture. Does he know ? -No, I don't think so. But he is in the bedroom. -That's why you are whispering. -Yes. It is. Sa voix rauque eu un accroc, et elle entendit le bruit d'un tissu contre un mur. Elle se l'imagina, assit contre le mur froid du couloir de la prison, son bras entourant ses genoux et ses yeux verts pleins de larmes. Elle aurait aimé se mettre des claques. Un meurtrier ! C'était un dingue, un fou furieux qui avait massacré des dizaines de filles de son âge, avait presque tué son amie. I... Amarok I can't talk to you I'm sorry. -Don't hang up ! Elle serra les dents. Pourquoi fallait il qu'il rende les choses si difficiles ? Plume... I know I just fucked everything up. I'm sorry. I wish you'd control me. Mary, you know I'll always love you. And I did love you, believe me I did I never wanted to be what I am but it's there, and I couldn't control myself... Please, don't hang up now. I'm gonna die you know, so.. -Oh my God. Please don't. Please, just let me forget about you. I beg you. God, I love you too honey. But you're just so atrocious, I'm sorry I can't.. -I know. Just don't hang up. I'll be dead in a few hours. Finalement, elle aussi éclata en sanglots, un coussin entre les dents pour ne pas réveiller son amant. Pourquoi était-ce si dur de savoir qu'il allait partir, qu'elle ne croiserait plus jamais son regard sûr et dérangé, qu'elle n'entendrait jamais plus sa douce voix rauque et posée ? Pourquoi ne pouvait elle simplement pas cesser de l'aimer ?

Elle posa sa main sur son front, une larme luisant sur sa joue, et essaya de repousser tous ses souvenirs qu'elle avait de lui, tout ce bonheur qu'il lui avait donné. Elle se revoyait avec son carnet d'école sur les genoux, assise sur un banc de Central Park, et elle le revoyait lui, qui la dévisageait. Il était souvent là à la même heure qu'elle. Elle croyait au coup de foudre à l'époque. Elle lui avait sourit timidement, et son sourire à lui l'avait immédiatement fait tomber amoureuse. Il était magnifique, il respirait le danger et la sauvagerie mais elle s'en contre fichait. Leur histoire avait commencé doucement, sans précipitation. Il sentait la forêt et le sable à la fois, il avait parfois des excès de rage qui lui faisaient peur mais elle l'aimait. Le corps d'Alana White avait été le trop. Elle était rentrée tard du lycée, et il se tenait là dans l'appartement, une lueur folle dans ses iris pomme et du sang partout. Elle, Alana, c'était une de ses prostituées. Elle gisait en travers du canapé et de la table basse avec la gorge coupée, un pâle sourire flottant sur ses lèvres. Elle avait compris. Elle l'avait aidé, puis elle était partie. Please Ama, don't say it like that, as it was just an other step of your life. I'll miss you. Somehow. -Tell me about Zelenka. -She's in a kind family. I asked for her back in june. -What's she like ? Elle ferma les yeux. Zelenka. Zena, il disait. Il avait choisi son nom avant même qu'elle soit née. Comment elle était... Well, she's a lot like you. She's you if you'd been a girl. Just a little less tanned. She has your hair, you eyes and... Your beauty also. But her hair are curled, like mine are. -If only I could've seen her before I left. Please Mary, make her happy. Don't ever let people hate me through her, promise me, please Mary. -Of course. She's my daughter too. -Oh yes she is. More than she'll ever be mine. -You've got to hang up now Ragna, you had a lot of time, cut it now. Elle retint de justesse un cri désespéré, et serra ses mèches blondes dans sa main pour concentrer son esprit sur autre chose. I'll never be far Mary, but I won't be mean. I'm sorry. I'm grateful they caught me. Couldn't support that beast anymore. Farewell my Mary-Sue, and don't worry... Son rire léger s'éleva dans le combiné, même pas feint, juste doux et apaisé. ...I won't haunt you. I love you Mary. -Wait, Am-.. Mais la communication avait été coupée. Dans le téléphone, seul le bip, bip résonnait. Elle n'entendrait plus jamais Amarok Ragna.