[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Il descendit sa main le long de sa hanche, et coinça son pouce dans sa ceinture. Il releva la tête avec fierté, et traversa les couloirs sous le regard choqué ou surpris des autres prostitués. Les hommes le dévisageaient pour, sans doute, déterminer son genre et les filles dont certaines l'avaient vite reconnu se posaient des questions. Qu'est-ce que ce garçon insolent croyait faire dans leur antre à se déplacer avec cette aisance sur ses Rangers gothiques ? Et puis quoi, il se croyait beau ? Gellert se mit une claque mentale. Bien sûr que son ancien collègue était beau, tout le monde le savait, le voyait, tout le monde rêvait de faire plier ce corps de plaisir, de faire flancher ces yeux vairons dérangeants, de voir rougir son teint si pur. Tout le monde savait ce que Tarek Thompson faisait aux gens, cette aura sexuelle et distante n'était pas d'hier. Il l'avait le jour où il était entré pour la première dans ce couloir à seulement douze ans et demi, et on disait parfois qu'il l'avait bien avant d'avoir atteint ses dix années.
Il ignora superbement ses anciens confrères, leva sa main au dessus de la porte et frappa. La voix grave d'Amarok lui répondit, et il poussa le battant sans une hésitation. Les yeux verts le détaillèrent lentement, et il balança le sac de toile qu'il portait sur l'épaule directement devant le norvégien. Kaèr se coula hors de l'ombre de son bureau, et un sourire supérieur étira ses lèvres alors qu'il croisait ses bras sur sa poitrine. Tch. Imbécile.
Sharp... Ou Tarek, vu que tu as abandonné ce nom il y a deux ans, hm ? Au vu de ce paramètre... Qu'est-ce que tu fais ici ? Il releva la tête de côté, et haussa un sourcil par dessus sa moue goguenarde à la Bellatrix.
J'ai rien à vous dire. Je vous ai juste ramené ce que vous m'aviez laissé pour plus l'avoir sous le nez. Amarok tiqua, et ouvrit le sac d'une main nerveuse. Le poignard sculpté d'un renard et le revolver plaqué d'argent travaillé qu'il lui avaient offerts étaient là, ainsi que le blouson de moto au puma vairon dans le dos. Il serra les poings. Son cousin détailla toute la scène, et se rapprocha du roux sans un bruit. Son bras s'enroula sur la taille et le ventre nus, et il posa son menton dans le creux de son épaule.
Et... Nous sommes censés te laisser ressortir d'ici comme tu y es entré ? Il chassa son bras.
Bas les pattes le léopard, OK ? Je t'appartiens plus au cas où t'aurais la mémoire écourtée. Il pivota pour sortir, et le brun le renversa d'une secousse experte au poignet.
Le talon haut de la botte s'enfonça dans le genou du chef de clan. Amarok attrapa son épaule, et ne récolta qu'une bonne morsure, même si ça signait une sorte d'arrêt de mort. Il se retrouva sur les couvertures du lit sans comprendre, avec deux bruns couverts de griffures et de bleus furax. Il capta l'éclat des cheveux de Maël dans un coin de la pièce, blotti dans le noir, et les mains puissantes du parrain enfoncèrent ses épaules dans le matelas. Ok, il était cuit, il s'était fait avoir. Les lèvres du plus jeune glissèrent sur sa gorge, et il ne put retenir un gémissement de surprise. Il ne s'attendait à ce que son corps le trahisse. Il se haïssait de réaliser à quel point ce contact lui avait manqué. Il en aurait pleuré si le désir n'avait pas cloué son corps sur place, abandonné au contact des mains et des lèvres qui le parcouraient, à la sensation des agrafes de son haut trop aguicheur qui sautaient. Les mains de Kaèr passèrent sur sa poitrine, et il releva automatiquement la tête. Il ne pouvait pas leur résister. Malheureusement.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Il ferma les yeux pour ignorer la présence muette et presque morbide d'un Maël fasciné, et ne protesta pas sous la pression des paumes qui tiraient sa tête vers le corps du parrain. Tant pis. Il ne remettrait plus jamais les pieds ici, il pouvait bien se laisser aller à leurs bras une dernière fois, non ? Il souleva ses reins machinalement, d'une manière presque répétée. Il les connaissait par cœur, il s'était tellement laissé aller entre leurs mains, comme une petite poupée, leur poupée. Amarok avait fait voler son enfance en poussière d'étoile, lui avait prit son corps et son âme. Il l'avait fait sien, son cadeau d'anniversaire.
Son Tarek. Le nombre de fois où il l'avait dit... Oh bien sûr il s'amusait du jeune homme. Mais avec les années, il avait apprit à ne plus s'en sentir blessé. Il avait ce qu'il avait. Et puis, il ne voulait plus de ces hommes dans son horizon, il voulait juste se détacher d'eux. C'était sans compter sur ses désirs coupables.
Il haletait sous leurs gestes experts, complètement à la dérive, dérouté par le plaisir qu'il avait cru mort en lui depuis longtemps. Mais non. Il remuait toujours les hanches comme cette marionnette qu'ils avaient taillée dans son âme, il s'accrochait toujours à leurs épaules de la même façon tendre et pleine de compassion. Il posait toujours ses lèvres sur la peau de Kaèr pour la suçoter nerveusement, et il cherchait toujours les cheveux épais d'Amarok pour y emmêler ses doigts. Et il se sentait toujours aussi bien malgré la souffrance qu'il aurait du avoir entre les reins. Il avait envie de pleurer, de reconnaître à quel point il était une vraie pute mais il refusait de leur faire ce plaisir. Il se sentait presque coupable de leur céder encore, même s'il ne savait pas envers qui il ressentait cette culpabilité étrange. Un choc l'envoya une seconde dans les limbes, et il entendit sa voix haut perchée faire un pic. Il aurait pu les aimer. Les aimer tous les deux, il ne pouvait pas dire qui il détestait ou appréciait le plus. Les dents du plus âgé frôlèrent sa clavicule, et il serra les mèches noires dans sa main, les paupières étroitement closes, perdu dans ses sensations. Ils n'auraient pas du avoir ce pouvoir sur lui. Pourtant il ne se sentit plus coupable quand il atteignit finalement ses sommets, les soupirs des deux criminels réchauffant sa peau. Si seulement ils avaient été des hommes bien, il serait resté là jusqu'à sa mort.
Un soupir semblable à un morceau de papier déchiré attira son attention, et il se souvint de Maël, rouge pivoine et haletant dans son coin de chambre. Allons bon. Kaèr se laissa tomber sur le côté, et Amarok ébouriffa ses mèches rousses amicalement. Si seulement... Il aurait pu, il aurait vraiment pu leur obéir aveuglément.
Eh bien, pour un garçon qui nous hait... -Tu la fermes, Kaèr... -
OK. Le brun leva ses mains devant lui avec une moue de "je n'ai rien dit" et Amarok regarda son petit frère en ricanant.
Ben alors, petit frère ? Ya un problème sous ta ceinture ? Tarek gifla la main de l'étudiant. Ce pauvre gosse n'avait pas demandé à assister à ça lui. Quoi que, il aurait pu s'éclipser. Il sursauta au contact de la main du parrain sur son poignet, et lui lança un regard interrogateur.
Après tout cousin, t'es presque un grand maintenant pas vrai ? Tarek va trouver un moyen de te calmer, puisque que c'est lui qui te met dans cet état hein ? C'est lui n'est-ce pas ? Les yeux noirs se posèrent sur lui, assortis d'un sourire carnassier et sûr.
Quand je dis que tout le monde veut baiser Tarek Thompson... Il retira sa main de la poigne d'Amarok, et récupéra ses affaires. Il se rhabilla sous le regard indécis de Maël, et un peu furieux des deux autres. Il se tourna lentement, inspira calmement, et ses talons se rapprochèrent d'eux. Il leva la main sans hâte, fixa leurs yeux si opposés. SLAP !! fit sa main sur la joue du parrain. Ses yeux noirs fixèrent le vide une seconde, et il porta sa main à son visage, profondément choqué. Il fit mine de se lever, mais l'arme pointée sur ses parties nues le dissuada. Tarek fit demi tour, et posa sa main sur l'épaule du jeune garçon encore rouge de gêne.
Si dans quelques années c'est encore ce que tu veux, peut être. Ses talons métallqiues battirent le carrelage, et il retraversa les couloirs en sens inverse, une boule dans le ventre très désagréable à porter.
Dehors, il leva la tête vers la fenêtre du bureau des deux Ragna. Ils étaient là tout les deux, côte à côte, les mains dans les poches, à le regarder partir. Il savait qu'il n'aurait pas du regretter de quitter ce monde de crimes et de mensonges, cet endroit bâti dans le sang et la luxure, et pourtant c'était là, tout au fond de lui, et brûlant. Il ouvrit la bouche légèrement, et fixa ces deux hommes qui lui avaient tout prit et tout donné en échange, indécis. Il ferma ses yeux vairons, et leur murmura ce qu'il n'aurait jamais cru osé formuler.
Je suis désolé. Il rajusta sa veste sur son épaule, et enroula ses bras autour de ses épaules, le regard vague, la pluie du soir fouettant ses lèvres abusées. Il ne pouvait pas se mentir, ils allaient lui manquer cruellement. Et ils ne le laisseraient pas ne paix. Il devenait une proie définitive, et s'il connaissait un jour à nouveau leurs corps, ce ne serait certainement pas avec cette tendresse qu'il avait acceptée pour la dernière fois. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même. Il déverrouilla sa voiture, empruntée à son frère. Il fallait qu'il les oublie. Ce n'était que physique. Il pouvait faire une croix sur eux, il le savait. Ou se rappeler d'eux dans les bras des autres, qui ne seraient jamais aussi attirants que leur méchanceté gratuite. Il se mit une claque mentale. Il y en avait d'autres, des hommes. Des mieux qu'eux. Oui mais...
Tch ! Arrêtes, Tarek Thompson... Conduis au lieu de penser. Phil Collins posa sa voix sur les ondes de la radio, et la voiture cala en dessous du portail des Hespérides. Sa tête s'appuya au volant, et il éclata en sanglots furieux, les mains dans les cheveux et les paupières baissées. Oui mais, ça n'allait pas être facile.