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 Day, by day, and one other, life spreads its wings.

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Tarek S. Thompson
Tarek S. Thompson
« Equitation pro »

Avatar : Justin Bieber
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MessageSujet: Day, by day, and one other, life spreads its wings.   Day, by day, and one other, life spreads its wings. Icon_minitimeSam 6 Déc - 19:36

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Novembre 2003

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Il neigeait. Les flocons tourbillonnaient gracieusement dehors, depuis environ une heure du matin. Il les regardait à travers la fenêtre, une main soutenant sa tête et l'autre le rideaux. Le ballet lent et silencieux le fascinait. Une chaise racla le sol derrière lui, et il jeta un oeil au gens présents. Sa mère enfilait son écharpe et son manteau, et son beau père aidait sa sœur à faire de même. Ils l'appelèrent pour dire au revoir, et il vint s’exécuter sans un mot. Il savait où ils allaient maintenant. Ils allaient là où ils l'abandonneraient le temps que sa seule vision ne les rende plus aussi mal à l'aise. Il descendit les escaliers en silence, enfermé dans son calme mutisme, et alla se blottir contre la vitre arrière de la voiture, son œil vert enregistrant tout ce qu'il voyait avec joie. La neige l'avait toujours émerveillé.

Le voiture roulait au pas, sans accrocs. La route blanche étendait sa ligne pure devant eux, et aucun autre véhicule ne venait troubler leur avancée muette. Sous la neige, le monde nocturne s'était fait gris et blanc, çà et là parsemé de bleu profond. Les villages endormis avaient retrouvé toute leur innocence. Le blanc camouflait la laideur des bâtisses des hommes, chevauchait les clôtures de bois et de barbelés avec un légèreté insoupçonnable. Sur la route, on apercevait de temps à autre des traces d'animaux sauvages. La neige avait rhabillé les arbres nus, leur faisant cadeau de cheveux d'anges aussi fins que de la soie. Il avait la sensation de flotter, de voir bouger le paysage comme dans un rêve, emporté au loin dans le seul son de la douce musique que passaient ses parents. Sa sœur s'était profondément endormie. Il voulait sortir de cette voiture, se poster dehors sous ces milliards de petites plumes glacées et danser lentement, avalé par l'hiver. Mais elle roulait, inlassablement, tout comme la neige tombait.

Il posa un pied hésitant dans la neige, et releva la tête vers le ciel. Il n'en voyait qu'une moitié. Son œil s'était mêlé de rouge noirâtre, caché sous un pansement. Deux infirmières apparurent à la porte, et vinrent à leur rencontre, un doux sourire aux lèvres. Il trouva tout de suite formatées, identiques. Il serra contre lui sa peluche de renard, et se colla à sa mère. L'infirmière brune prit sa valise, et l'autre se pencha pour être à sa hauteur, ses mèches blond cendré glissant sur son épaule. Elle en replaça une derrière son oreille et sourit. Alors c'est toi, Tarek ? Quel âge tu as ? -Il a dix ans mademoiselle. -C'est à lui que j'ai.. -Il est mutique. Elle fit un petit 'oh' gêné et triste, et lui proposa sa main. En seule réponse, il se cramponna un peu plus fort à la jambe de sa mère, le visage caché dans les tissus. Awen émit un petit ronflement dédaigneux et agacé. Vous pourriez pas vous dépêcher un peu de le larguer, on s'ennuie là. Krisna la fusilla du regard.

Tarek, chéri. Je sais que ça ne va pas être simple pour toi. Si on avait le choix, on te garderait avec nous à la maison mais nous n'avons pas les compétences requises pour surmonter ton traumatisme. Tu vas beaucoup manquer à tout le monde, mais c'est comme ça, il faut que ces gens t'aident. Tu comprends, mon poussin ? Il regarda sa mère. Il voyait dans ses yeux beaucoup de peine et d'inquiétude. Il regarda son beau père. Il n'y avait là que soulagement. Awen ne le regardait même pas. Il sentit son cœur louper un battement, et retira doucement sa main de celle de Layla Thompson. Il lui la prit, posa la queue de sa peluche entre ses doigts et les lui replia. Elle attira le doudou vers elle, et fixa son fils, son œil insondable qui la passait au rayon x, sa bouille froide et inexpressive. Pourquoi n'avait rien vu avant ? Tarek était un enfant parfait, enfermé dans sa perfection, méprisant et presque méprisable. Il ne voyait en les autres que des concurrents, il se noyait dans l'apprentissage. Il voulait tout savoir, tout bien faire et il y arrivait sans avoir à forcer. Ils l'avaient aimé pour ça. Mais à présent, elle pouvait voir que toutes les certitudes de cet enfant s'étaient désagrégées. Il n'y avait plus de dureté dans son œil, pas plus que de tristesse. Il n'y avait plus rien. Rien qu'un vide sans fond, qu'il laissait le submerger. Il ne manquerait à personne à la maison. Ces trois années de silence profond avaient épuisé l'admiration qu'on avait pour lui. Il était toujours aussi doué en tout, mais il ne disait plus rien. Il n'avait jamais été très bavard, mais là... Enfin c'était mieux de le confier. Elle soupira, embrassa son front sans que le regard vert ne bouge et remonta dans la voiture. Personne ne se retourna en partant. L'enfant avait épuisé l'amour des veines de sa famille.

Il ne regarda pas partir la voiture non plus. Il se laissa simplement entraîné par les deux infirmières, l’œil fixe, la tête vide. Le choc était bien plus profond que ce que ses parents savaient. Ervan, trois ans plus tôt, en pleines fêtes de fin d'années. Amarok, au mois de février, qui s'était fait une place dans sa chair et l'avait ravagé bien des fois ensuite, lui apprenant bien malgré lui à aimer ce qu'il faisait subir, à le rechercher désespérément pour ne plus penser à son frère. Le plaisir anesthésiait la mort, mais ne déliait pas sa langue. Le brun en devenait fou de rage, mais il n'y pouvait rien, les silence avait prit possession de ses cellules comme un raz de marée. Et puis Amarok encore, trois semaines plus tôt, qui avait frappé sa tête brutalement et le noir qui avait envahi sa droite au même moment. Il avait assimilé le noir avant la douleur du choc. Il avait senti une chaleur sous son œil, posé la main dessus et l'avait amenée devant son autre œil. Elle était rouge. Mehdi s'était mit à hurler de terreur. Il n'avait pas bougé. Il avait mal, sa bouche s'était ouverte mais aucun son n'en était sorti. Il ne pouvait simplement pas faire bouger ses cordes vocales, elles avaient trop crié devant le corps démembré de son aîné.

L'hôpital était aussi blanc que l'hiver qui se profilait dehors. Il s'était fait à l'atmosphère étonnamment vite, à la grande surprise de l'équipe médicale. A qui d'ailleurs, il donnait bien du fil à retordre. Il s'enfuyait à travers les couloirs, refusait de manger autre chose que des pâtes ou de la salade, de boire autre chose que du jus de fruit et par dessus tout, de s'exprimer. Les médecins avaient tout essayé, même de lui parler de ses résultats d'analyse -autrement dit le harceler de questions pour savoir pourquoi il apparaissait clairement qu'il n'était pas vierge. Ou bien de lui répéter les rapports d'autopsie de son frère aîné. Bref, rien n'y faisait et le garçon se contentait de les abreuver de bêtises sans avancer d'un pouce dans sa rééducation. Son premier pas s'opéra en croisant un homme dont il connaissait bien le visage, ce visage qui hantait ses rêves, toujours les mêmes : Ervan courait, et cet homme le poursuivait en ricanant, un grand couteau à la main. Il le regarda passer en sens inverse, menotté et mené par quatre infirmiers en direction des sections les plus gardées. Il le va les yeux vers son infirmière. Charles Ensgrave ? Elle se figea brutalement. Ses yeux gris le dévisagèrent avec curiosité, et elle posa sa petite main sur son épaule. Pardon, tu as dit quelque chose chéri ? Il hésita. Il ne voulait pas leur parler, il ne voulait pas leur dévoiler ce qu'il y avait dans sa tête. Sa curiosité fut plus forte. Charles Ensgrave... répéta-t-il. Elle ouvrit la bouche, et une expression horrifiée se peignit sur ses traits. On ordonna que l'enfant ne croise plus cet homme.



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