1996

Aaron naquit dans la "Sainte Russie" que prônaient les riches peuplant Moscou, auprès de frères et sœurs plus âgés, plus jeunes ou de son âge. Son frère aîné s'appelait Lim, c'était un garçon turbulent avec des cheveux noirs et des yeux bleus marine. Arkam et Caris étaient faux jumeaux, l'un blond et l'autre châtain, lui avait des yeux noisette tirant sur l'or et elle d'un gris presque argenté. Aaron portait une tignasse rousse et des yeux turquoise, et sa sœur Zala, dernière de la famille, arborait des cheveux blonds platine et un regard vert. Et en Russie, plus que tout autre chose, dominent les loups. Animaux comme humains, tous ne juraient que par ces bêtes. Les enfants, nobles, grandirent en entendant des histoires de mafias dangereuses, ou de meutes enragées qui parfois déboulaient en ville pour tout ravager sur leur passage. Au jour de leurs adolescences, les cinq enfants de la grande famille Martinovitch nourrissaient des buts bien différents et pourtant, tous étroitement liés. Lim rêvait de devenir agent secret, ce qu'il commença à faire. Arkam et Caris, timides, voulaient plutôt voyager et découvrir la faune des autres pays. Zala voulait servir une cause, défendre quelque chose. Et Aaron lui, Aaron rêvait... Il rêvait d'espace, de grand air et de violence. Silencieux, prostré, évitant soigneusement les contacts avec ses pairs. Mais sa vocation allait bientôt se montrer ,sous les traits d'un drame familial qui laisserait ses marques pour de longues années.

Daniil et Evgeny Martinovitch, peu aimés par leurs comparses nobles jugeant leurs opinions trop peu engagées, furent assassinés une nuit sombre de décembre. Aaron, emporté par son naturel brutal, vit rouge. Il resta pour les funérailles, tremblant de haine, à peine calmé par sa fratrie mais il mit les voiles le plus vite possible. Son but, trouver les assassins de ses parents, et les commanditaires. Et les tuer. Ensuite, fuir. C'est ainsi qu'à dix neuf ans, il prit un train pour l'est du pays, et apprit les techniques de combat inspirées de l'animal emblématique de sa nation pourrie jusqu'aux os. Le loup. Il s'était toujours trouvé félin, mais la puissance des félins et leur discrétion ne servirait à rien pour assouvir sa vengeance et faire éclater au grand jour la vérité de derrière ces meurtres. Et ses frères et sœurs, finalement, ressemblaient plus à une portée de loups qu'à des tigrons. Il y passa du temps, de l'argent, du sang et de la sueur mais pas une seule larme. Et quand il quitta l'est du pays, la chasse s'ouvrit. La chasse menée sans ruse, sans rien d'autre que la force brute et l'intelligence innée.

Lim révisait de la théorie dans le salon quand les sirènes se mirent à hurler dans le quartier riche de la capitale, et alors qu'il levait les yeux de ses cours, il vit débouler son frère cadet dans la rue principale, galopant comme un animal devant les voitures, le visage fermé par la haine qui brûlait dans ses yeux bleus. Dans sa main droite, un papier souffrait sa poigne et dans la gauche brillait une dague argentée. Il se jeta dans une plus petite rue, les voitures freinèrent de toutes leurs forces, et l'une alla s'écraser dans un torrent de crissements puis de flammes contre la façade d'une maison depuis longtemps vidée de ses occupants assassinés. Le shérif beugla quelque chose, et pendant ce temps, le brun se rua dehors pour essayer de rattraper le rouquin. Ce qu'il n'eut pas trop de mal à réussir grâce à ses propres entraînements militaires. Aaron filait comme une flèche, ses pas martelant le sol avec la force d'un cheval ou presque. Il se rendit compte qu'il était suivi, bondit sur une grille et se projeta dans le jardin de la famille Stredislava. Un chien de chasse roux et blanc voulu l'arrêter, et quitta ce monde sans même avoir eu le temps de comprendre, ou de voir l'humain qui le tuait.

UC, mam's screaming that i have to sleep --'