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 And they said...

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Jet E. Perkins
Jet E. Perkins
« Voleur »

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MessageSujet: And they said...   And they said... Icon_minitimeMar 5 Mai - 22:00

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Janvier  1997


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Il y avait des jours maintenant qu'il marchait avec sa sœur dans les bras, les pieds meurtris, les joues striées de poussière noire collée aux restes de ses larmes. Derrière, son frère de trois ans trottinait, sanglotant par moments. La petite s'affaiblissait, et les gens refusaient trop souvent de lui donner un peu de lait pour elle. Sur leurs rétines, gravées, les flammes de leur maison. Et dans leurs cœurs, une solitude et une terreur qui n'avait pas de nom. Ils avançaient, fatigués, sans but. Là bas, à des dizaines et des dizaines de kilomètres de là, des centaines même peut être, il y avait une ville. Alors peut être, il pourrait voler assez de choses pour nourrir sa petite sœur et son petit frère. Il avançait vers elle, pleurant, priant, trébuchant dans les chemins où personne ne s'arrêtait pour les aider. Et au fil des jours, des semaines, il commençait à haïr. Il serrait contre lui le petit corps de sa sœur, la main de Mitch, et il maudissait le ciel, la terre. Il maudissait Dieu qui n'existait pas, ceux qui le défendaient, et puis les conducteurs des Jeeps qui les dépassaient sans jamais un regard. Le voyage s'éternisait. Parfois il pensait à sa maison, à ses parents qui avaient péri dans les flammes gigantesques, à leurs grands parents venus déjeuner et à leur tante qui n'avait pas voulu d'eux, faute d'argent. Ils étaient bien trop jeunes pour déambuler ainsi sur les petites routes du pays, seuls, sans rien à manger. Mais ça ne semblait gêner personne.

La cinquième semaine, la petite commença à respire mal, et Jet se remit à pleurer. Il ne pouvait pas la sauver. Il en était incapable. Milwaukee était encore à cinquante kilomètres, et jamais ils n'arriveraient à temps. De toute façon, avec quoi aurait il payé le médecin ? Elle toussait, elle pleurait, elle maigrissait et les gens restaient sourds à ses supplications. La sixième semaine, tout était fini. Melissa était morte pendant la nuit, et il n'avait rien pu faire. Mitch se balançait par intermittences. Jet lui, arrachait des touffes d'herbe, enfonçait ses ongles dans la terre en mordant ses lèvres de rage, aveuglé par ses larmes qui lui brûlaient la peau. La poussière le piquait, le harcelait. Il creusa des heures et des heures, cassa des branches, gratta l'écorce, grava à coups de pierres et enfonça la croix dans le sol. Il ne croyait plus en Dieu, mais si il y en avait un, s'il avait encore une once de pitié, il voulait qu'il recueille sa sœur. Et il espérait que là haut, elle le pardonnerait de n'avoir pas réussi à sauver sa jeune vie. Il la mit en terre, tassa, et resta assis là à pleurer pendant presque trois jours. Puis ils reprirent leur marche, lui plus chargé de haine que jamais. Quand ils atteignirent la grande ville, les vêtements déchiquetés, la peau brunie et couturée, l'enfant qui jouait dans les cannes à sucre le jour de l'incendie s'était entièrement effacé. Il n'y avait plus rien de cette joie, plus rien d'autre  que le désir féroce de protéger son frère coûte que coûte. Le blond n'avait que trois ans. Et rien ni personne n’entacherait encore plus son innocence, son aîné se le jura. La vie qui débuta alors pour eux se construisit sur la violence.

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Six mois plus tard, Jet écumait la ville comme un chien victime de la rage. Gare à celui qui s'approcherait trop près de son frère, ou même de son petit coin de territoire dans son petit parc de quartier bas. Enfant plus âgé, adulte un peu trop alcoolisé ou riche pervers, ils étaient tous reçus à coups de morsures ou de branches souples transformées en fouets. Ses yeux s'étaient teintés de colère sombre, et ses muscles s'élançaient. A dix ans, il avait déjà la souplesse et la force de ses aînés. Flanqué d'un chien loup décharné trouvé sur un boulevard un soir de pluie torrentielle, il ne se laissait dominer par rien ni personne. La faim devenait supportable, pour ne pas dire inexistante. Mitch ne la connaissait plus. Quand il y avait peu, il mangeait tout. Son grand frère se contentait de galoper en ville, rapiner, se battre et fuir. Sa sensibilité s'écaillait. Jusqu'à ce jour de Juillet où un orage d'été s'était abattu sur la ville, et qu'il la rencontra.

C'était une petite fille très brune, avec de longs cheveux emmêlés et une robe rapiécée. Ses sandales étaient usées jusqu'à la corde. Elle avait l'air toute petite, et pourtant elle ne l'était pas. Et dans ses yeux, la vie était comme éteinte, inexistante. La dureté de la rue était en train de la vaincre. C'était une faible, un poids mort, alors pourquoi avait elle tellement attiré son attention ? Il rapinait dans les poubelles des magasins et des grands restaurant comme à son habitude, et l'image de cette petite fille assise sur les marches de la vieille chapelle restait incrustée dans sa tête. Il fit sa soirée sans broncher, mais récolta plus que d'habitude sans vraiment y faire attention. En retournant au parc, il passa devant elle. Il continua son chemin, hésita, s'arrêta et fit demi tour. Viens. Elle leva la tête, hagarde, et le dévisagea sans répondre. Normal, elle ne pouvait pas comprendre alors que lui même était surprit de son propre comportement. Il tendit sa main sale, et réitéra son invitation. Tremblante, elle la prit, se releva, et puis elle le suivi.

Dans le parc, le Chien leur fit une fête rapide, un peu méfiant envers la fille, et Mitch se jeta sur le pain humide. Elle aussi. Jet ne mangea qu'une pomme fripée, rêveur, laissant les autres se rassasier de tout ce qu'il avait trouvé. Le Chien rongeait un morceau de viande grasse qui sentait la charogne. C'était le nom tout simple qu'il lui avait donné, Le Chien. Ça lui allait bien, et il connaissait au moins. Même lui était protégé par le jeune garçon. Après avoir mangé, il se posta en garde en installa ses compagnons d'infortune sous les couvertures trouées dérobées dans des containers. Dans les branches, le soir, il tendait une vieille bâche qui les protégeait un peu des intempéries, mais si peu... Ici, la vie était rude, il fallait se battre chaque minute pour vivre mais au moins, il y avait à manger. S'il avait pu arriver à temps, Melissa serait en vie. Il secoua la tête, et croqua furieusement dans sa pomme. Rien ne servait de ressasser.

Au matin, il avait les yeux lourds. La petite fille fredonnait tristement dans un coin, et Mitch dormait toujours. Il avait faim. Hé, petite... Comment tu t'appelles ? Le silence répondit. T'as la voix d'un grand. Rauques, et sèche. Toi, tu t'appelles comment ? Il soupira, et continua de fixer les allées du parc toujours désert. Elle, elle avait une belle voix. Peut être que sa sœur en aurait eu une comme ça, en grandissant. Ou peut être que non. Jet. Avant, c'était plus long qu'ça mais c'est juste Jet, et mon p'tit frère c'est Mitch. -Oksana. J'ai huit ans et demi. D'où tu viens ? -Neuf ans. Un village, loin. Dans les plantations de sucre. -Ah. Moi, mes parents étaient Tchèques. Mais je ne sais pas ce que ça veut dire... -Ça veut dire que tu viens de l'autre côté de l'Océan. En Europe. -Oh... Elle se tut, et lui aussi. Ils en savaient un peu plus l'un sur l'autre, et curieusement, ni l'un ni l'autre ne se sentait menacé ou mal accepté. C'était comme s'il était entendu qu'ils resteraient ensembles.

Oksana était malade. Elle mit du temps à se remettre, mais grâce aux efforts de Jet, elle finit par ne plus tousser et reprendre du poids. Peu à peu, elle abandonna les robes usées pour des pantalons et des tee shirts plus faciles à porter pour rapiner. Son caractère de scandinave se réveillait, et son sang bouillonnant leur valu des fous rires et courses poursuites qui leur faisaient du bien. Au fil des jours, leur routine s'installa, et les mois passèrent de plus en plus vite. Ce n'est que l'année de leurs onze ans que quelque chose changea. Quelque chose qui allait changer leurs existences à tout jamais.

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Son poing parti directement dans la mâchoire du type qui l'avait saisi au poignet, et il récolta un bon coup de pied qui l'envoya valser sur le bitume. Il avait mal. Les lampadaires de la ruelle clignotaient faiblement, et sa haine pulsait dans ses veines comme un poison. Pourtant, il savait qu'il n'avait aucune chance. Cet homme en avait après lui, et cette fois, il ne s'en tirerait pas indemne. Les doigts puissants se fermèrent sur sa clavicule, et le froid de la nuit caressa sa peau alors que son tee shirt se déchirait brutalement. Même s'il avait compris ce qu'on lui voulait, le choc s'insinuait comme un serpent dans tous les pores de son épiderme. L'horreur anesthésia rapidement ses sens, et il entendit sa respiration ralentir alors que la boucle de la ceinture se défaisait. Et puis il se résigna. Beaucoup 'enfants en arrivaient là dans la rue, à quoi bon lutter de toutes ses forces ? Il n'avait pas la moindre chance de s'en tirer, autant céder. Il enroula ses bras derrière la nuque de l'inconnu, et ferma les yeux pour penser à d'autres choses. Il ne se rendit pas compte de la douleur, ni de quoi que ce soit d'autre. Ça lui était indifférent. Il n'était plus à ça près...

En rentrant ce soir là, il ne dit rien, et alla se blottir dans les branches noueuses du vieux chêne qui surplombait le squat. Le lendemain, il était à nouveau normal et personne ne lui posa de questions. C'est après, dans les semaines qui suivirent, qu'elles vinrent... Il ne rentrait plus avec des fruits sortis des poubelles, il avait "trouvé" un petit chalumeau de camping pour cuire des viandes, et souvent on le voyait manipuler des billets. Pourtant, il ne travaillait pas. Il passait tout son temps seul, dans la campagne ou les rues. Oksana comprit rapidement. Elle lui demanda de parler, l'isola, et au fur et à mesure qu'ils discutaient les autres enfants avaient vu Jet se décomposer. Oui, il avait choisi la voie de la prostitution, parce que c'était facile. Du moins, si on était assez fort, ça l'était. Ce dont la brune avait peur, c'est qu'il ne le soit pas. Elle se trompait.

Jet grandi vite, un peu trop, et atteignit sa dix neuvième année aux côtés d'un garçon bien plus jeune, douze ans tout juste, animé de la même haine que lui. Aèl était tout en muscles, furieux en permanence, prêt à en découdre et les deux bruns avaient vite noué une complicité malsaine. Entre sex et street friendship, ils restaient en équilibre. Rapidement, ils apprirent à se battre en duo et les autres durent apprendre à s'incliner. Même Mitch, qui pourrait avait le même âge qu'Aèl. Seulement, il n'avait pas cette fureur dans son cœur. Jet détestait tout le monde, et Aèl détestait ceux qui avaient de l'argent. A eux deux, ils pouvaient tout détruire. C'est ce qu'ils entreprirent de faire. Et, Jet l'espérait, ils ne s'arrêteraient pas en chemin. Pas même pour les beaux yeux d'une petite blonde. Pour personne. La haine engendre la haine, et la souffrance. Et la souffrance engendre la haine. Le serpent ne cesserai jamais de se mordre la queue. Et tant pis. En fait... Tant mieux.

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