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 Where everything starts

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Mehdi T. Thompson
Mehdi T. Thompson
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MessageSujet: Where everything starts   Where everything starts Icon_minitimeMer 8 Avr - 21:59

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Juin  2005


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Le rouge faisait un son berçant sur le carrelage. Il fixait le plafond, plongé dans état second, sourd aux bruits de coups contre la porte. Il sentait son bras s'engourdir lentement, et ses paupières qui clignotaient. Son cœur lui faisait mal. Il n'aurait pas su dire si c'était psychologique ou non, mais la souffrance était insoutenable. Loin d'ici, seul dans une petite pièce blanche, il savait que son frère jumeau si longtemps haï pleurait aussi. Tarek, seul, pleurait en silence et lui il pensait à lui tandis que son sang écarlate teintait sa baignoire. Quand ses parents l'avaient emmené, il avait, pour la première fois, senti son être tout entier se déchirer en deux. Il se souvenait de la tempe de son frère appuyée contre la vitre de la voiture, son regard dans le vide comme si tout lui était indifférent, et sa poitrine lui faisait mal. Il n'avait pas vraiment d'amour pour son jumeau, mais pendant longtemps, il l'avait associé à une protection sûre. Tarek avait été sa sécurité. Et puis, tout avait changé. Son aîné était devenu un petite chose fragile dévorée par le chagrin et la terreur, s'était isolé, barricadé et il avait peur de ce que le traitement pouvait faire de lui. Il ne voulait pas du pantin fragile qu'était devenu sa moitié, mais il ne voulait pas non plus du monstre d'égoïsme d'avant et il sentait que c'était ce qui lui reviendrait. Et ça lui faisait peur.

La porte lâcha sous les coups, et Tan déboula dans la salle de bain, un peur panique inscrite sur ses traits encore un peu enfantins. Mehdi tenta un geste pour l'écarter, refusant que ce garçon abject s'approche de lui, mais il ne bougea pas. Son sang fuyait par l'entaille qu'il s'était infligée dans l'eau du bain, et ses muscles s'étaient engourdis trop fort. Il murmura un reproche inintelligible, et croisa le regard blessé de son frère. Et puis il se sentit soulevé du sol, et ferma ses paupières trop lourdes. Il ne comprenait pas pourquoi il vivait dans cette villa. Souvent, il rêvait d'une vie calme loin de tout cet argent, de cette hypocrisie qui l'entourait, ou bien il imaginait que son esprit avait, comme celui de Tarek, court circuité. Il devait être si bien, vidé de toute son essence humaine, coquille terne ballottée par les vagues que créaient les autres... Une chaleur inattendue se posa sur son front, et il entrouvrit ses yeux pour apercevoir sa mère, son visage angoissé et ses cheveux clairs qui encadraient ses joues pâles. Il savait qu'il n'irait pas à l'hôpital. Elle pouvait très bien le soigner seule. Elle ne se demanderait même pas pourquoi il faisait ça chaque semaine ou presque. Tout le monde s'en fichait. C'était Tarek. Tarek était traumatisé, Tarek avait besoin d'aide, Tarek, Tarek, Tarek.... Et le pire c'est que le principal concerné ne voulait plus de toute cette attention. Oh les heures qu'il avait passées à se cacher d'eux, à chercher la solitude et eux qui ne parlaient que de lui ! Idiots.

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Il rêvait. Il rêvait tout le temps. Ses deux mains posées contre une immense vitre, il faisait face à son jumeau. Celui ci avait les yeux gonflés, il parlait, mais la vitre coupait les sons. Il le voyait articuler des tas de choses, et ses larmes qui dégoulinaient de son œil vert vif, mais il ne pouvait pas l'entendre. Et puis un homme en blouse ouvrait une porte dans le néant blanc derrière son jumeau, qui se mettait à hurler pour qu'il ne l'emmène pas. Il se débattait contre lui, tendait ses mains blanches vers lui pour avoir de l'aide; mais il n'était pas capable de l'aider, cette maudite vitre ne voulait pas se briser ! Alors Tarek pleurait plus fort, bien qu'il ne puisse pas l'entendre, et ses cris se faisaient un peu plus hystériques. Cette image, terrifiante, restait gravée dans sa mémoire à son réveil. Son frère ruait de toutes ses forces dans les bras du médecin, griffait, mordait, s'arrachait presque les cheveux. Il avait réellement l'air d'être fou, ou possédé par un démon furieux. Et puis au bout d'un moment, le médecin ramenait son patient dans la cellule. Il le regardait s'asseoir loin de lui, en boule, sa tête entre ses genoux. Ses épaules remuaient, et il serrait son pantalon dans ses mains, jusqu'à ce que ses phalanges soient toutes blanches. Cette scène aussi le hantait, et il tapait contre la vitre à son tour pour tenter d'avoir l'attention tant désirée de ce frère qui avait perdu pied; sans succès. Ce n'était qu'un engrenage interminable, qui l'empoisonnait chaque jour un peu plus.

Il tira sur sa cigarette, passionnément, et fixa les étoiles. Il savait que s'il se faisait surprendre, il prendrait une raclée, mais c'était devenu égal. Il avait besoin de ça, d'un poison matériel et concret, pour avoir quelque chose à quoi reprocher son mal être et ses malaises à répétition. Il n'arrêtait pas de s'évanouir, parce que son corps criait famine au sang qu'il lui volait en ouvrant ses poignets trop souvent. Mais il voulait souffrir, mourir, s'enfuir d'une façon ou d'une autre. Il pouvait sentir la douleur et la solitude de son jumeau résonner dans son cœur. Depuis toujours, son aîné avait tenu bon, tenu son rôle de parfait garçon à bout de bras mais c'était sans compter sur la mort. Déjà tout petits, Tarek évitait la mort. Il ne pouvait pas supporter de voir des animaux morts, il en était malade des jours à vomir et être pris de fièvres violentes. Sa psychologie était bien plus précaire que celle de son frère, même si personne ne s'en était jamais rendu compte. Mehdi pleurait, criait, exprimait mais pas son frère. Non. Son frère lui, s'enfuyait pour être seul et se démenait contre ses hantises. Sauf qu'il n'avait pas pu gérer quand Ervan était mort. La vue de ce corps qui n'avait rien d'un corps l'avait brisé, déchiqueté avec une violence que seul Mehdi aurait pu prévoir. Il était fragile, mais face à la mort, pas autant que sa moitié.

Parfois, alors qu'il tirait sur les cigarettes qu'il enchaînait tard sur leur balcon, Mehdi repensait à ce jour là. Quand les policiers étaient arrivés, Tarek vomissait furieusement, tremblant de fièvre, les dents claquant à une vitesse hallucinante. Leur mère lui tenait le dos contre sa poitrine, une main appuyée sur son front pour l'empêcher de trop se pencher. Il était secoué de convulsions, et bavait comme s'il avait été en proie à une crise d'épilepsie, pourtant il n'était pas épileptique. Et puis il y avait sa respiration, cet espèce de sifflement mêlé d'un bruit de papier déchiré qui montait de ses poumons. Il transpirait, il hoquetait, et ses yeux émeraude pleuraient. Les policiers étaient venus vers lui, mais n'avaient rien pu en tirer. Si Mehdi avait été choqué par le carnage du parc, il l'avait été au moins autant par ce qui arrivait à son jumeau qu'il croyait si fort et si insensible. Ça avait duré des jours. Layla dormait avec son fils pour s'assurer qu'il n'avalait pas sa langue, le faisait boire et manger de force, observant la folie qui s'emparait de la petite âme. Et lui regardait de loin, timidement, caché derrière le montant de la porte. Il ne pouvait pas comprendre ce qui se passait. Et aujourd'hui, c'était toujours aussi incompréhensible. Tarek avait coulé à pic, sans prévenir, juste comme ça. C'était comme si on l'avait tué lui aussi. Son regard si expressif s'était vidé, son sourire effacé, et il pendant des semaines il s'était balancé d'avant en arrière à la façon d'un autiste. Personne ne s'était donné la peine de faire attention à Mehdi. Il n'avait rien demandé. Sa chute s'était amorcée bien plus lentement, sournoise, et puis il avait touché le point de non retour. Il avait commencé à haïr ses frères, ses sœurs, toute sa famille mais pas Tarek. Tarek était comme lui. Un paria. Un enfant que les adultes avaient massacré. Et quand on est le mouton noir du troupeau, ce qui nous pend au nez, c'est l'abat. Son frère était déjà en train d'être abattu, descendu, formaté. A quand son tour ? Et, surtout, se laisseraient ils, l'un, comme l'autre, faire ? Non... Jamais. Dussent ils y laisser leurs âmes. Après tout, ne les avaient ils pas déjà plus ?

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Mehdi T. Thompson
Mehdi T. Thompson
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MessageSujet: Re: Where everything starts   Where everything starts Icon_minitimeLun 1 Juin - 15:47

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Avril  2004


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Mehdi regardait son frère jumeau pleurer dans un coin du parc, choqué et fasciné à la fois. Tarek était assis sur le ponton de l'étang aux nénuphars, ses genoux repliés vers sa poitrine et il essuyait de ses petits poings fermés les larmes qui ne cessaient de couler entre ses sanglots. Un couinement inarticulé s'échappait de ses lèvres, et son genoux droit saignait un peu d'une chute dans le chemin. Avant, Tarek ne pleurait jamais. Et il ne tombait jamais, surtout. Mais Tarek n'était plus qu'une ombre. Il pleurait toujours, souvent sur les planches de ce pont, ou dans sa chambre et ne regardait plus autour de lui. Son regard était vide, indifférent, il vivait par l'opération miraculeuse de l'habitude. Sa voix morte était devenu un souvenir, puis s'était effacée aussi des mémoires. Et Mehdi, jour après jour, tentait de pénétrer dans son monde cassé sans succès. Son frère ne le regardait même pas, passait son chemin sans le voir, et ça chaque jour. Et lentement, subtilement, Mehdi se mourrait de cette attention cruelle qu'il avait un jour eue. Personne ne le voyait malgré ses efforts, on ne notait que Tarek, qui lui se débattait sauvagement pour être laissé en paix. C'était une torture, une lente torture. Il se décolla de l'arbre, et alla jouer avec les triplés, supportant tant bien que mal leurs insultes. Il n'était pas seul.

Il y avait dans le parc des cris, des cris fébriles et aigus qui résonnaient furieusement, et Mehdi suivait machinalement son beau père et son cousin Jim qui courraient vers la source des glapissements d'animal blessés. Krisna freina sans prévenir, et l'enfant risqua un oeil devant. Accroupi dans l'herbe, ses bras couverts de sang qui gouttait sur le vert tendre à ses pieds, Tarek fouillait un grillage de fil anti moineaux. Un jeune renard fou de rage se débattait dans les mailles, paniqué par le jeune être humain et son incapacité à fuir. Il plantait ses crocs à grands coups de mâchoire dans les bras pâles, griffait les mollets proches de ses pattes arrière en hurlant de terreur mais Tarek ne frémissait même pas. Il défaisait les mailles, imperturbable. Jim fit un pas en avant, mais son oncle leva sa main pour le stopper, les yeux écarquillés par le choc, curieux de voir la suite. Le renard extirpa enfin ses pattes du filet, mais l'enfant lui plaqua la nuque au sol, méticuleux. Il tâta ses pattes, son ventre, sa gorge, vérifia chaque recoin de son corps roux et noir pour être certain que la pauvre créature n'était pas blessée. Une fois satisfait, il desserra sa prise, caressa le dos de la bête, et laissa disparaître le canidé dans les fourrés. Le sang coulait à flots de ses plaies béantes. Il scrutait les fourrés, et Mehdi, les larmes aux yeux, regardait ce regard plein de non attention avec une douleur insoutenable dans le cœur. S'il avait été, lui, dans le filet, son frère ne l'aurait pas libéré. Il le savait. Tarek préférait les animaux...

Écoutes, Tarek.. Les renards sont des bêtes nuisibles, et dangereuses. Il ne faut pas les sauver, encore moins t'en approcher. Pourquoi tu as fait ça ? Il aurait pu te trancher la gorge ! Mehdi attendit que son frère réponde à leur beau père. Mais rien, toujours rien, jamais rien. Les yeux verts fixaient le ciel dehors. Il se leva sans aucune réaction, pas un regard, passa à côté de son jumeau. Cette fois, cependant, il hésita, et recula d'un pas. Il planta son regard vide dans celui de l'autre enfant, et tendit une main pleine de points de suture. Mehdi eu un hoquet de stupeur, et vit sa mère ouvrir des yeux immenses. Il y avait longtemps que Tarek n'avait pas fait un seul geste vers les autres. Et il attendait, sa main tendue, le visage fermé. Une réponse. Alors il lui sourit, prit sa main, et se laissa suivre les pas trébuchants de cet aîné qui, avant, faisait tout mieux que lui... Il marchait derrière lui, et il observait ses tocs, sa manie de se serrer tout seul dans ses petits bras, sa bouche tremblante et ses yeux pleins de larmes immobiles. Quelque part, ça lui faisait terriblement peur ce silence que personne ne parvenait à lui expliquer. Et puis, la crise. Un chat tenant dans sa gueule une souris, une nature normale et pourtant.. Tarek se figea, sa gorge fit un bruit de papier froissé, et ses muscles entrèrent dans une de série de convulsions violentes, sans un bruit. La mort. La souffrance n'était rien à Tarek, rien qui ne se sente, mais la mort créait une douleur bien réelle dans son corps qu'il ne pouvait pas gérer. Ses ongles se mirent à lacérer ses avants bras, Mehdi tendit une main, et son jumeau s'enfuit comme un oiseau, insaisissable. Il était détruit. Et pourtant, ce silence, cette absence, personne ne l'aurait crue, personne n'aurait pu la prévoir. Et Mehdi restait là, derrière, comme un fantôme. Sans rien pouvoir d'autre que d'apprendre à supporter. Invisible.

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